Le ministre des Affaires étrangères et des Émigrés, Gebran Bassil, a lancé une initiative, celle du « diplomate de l'année », dans le cadre du « renforcement » de la diplomatie libanaise à trois niveaux : politique, diaspora et économie, le tout dans la foulée de la conférence sur « la diplomatie efficace » tenue en avril 2014. Cette réunion visait à « encourager » les diplomates à décupler d'efforts, à s'intéresser bien plus aux questions de la diaspora, à participer au boom des échanges commerciaux et culturels via les émigrés libanais, mais aussi commerciaux et touristiques.
Sauf que cette trouvaille de Gebran Bassil a pour le moins stupéfait les diplomates libanais, toutes catégories confondues, qui ont reconnu que « c'est bien la première fois » qu'un ministre des AE « accouche d'un projet pareil ». Et ils se sont posé un tas de questions : le travail diplomatique sera-t-il jugé à l'aune de ce projet ? Qui ne sait pas à quel point les Libanais de l'étranger, dans un même pays, sont ultradivisés, entre Kataëb, FL, Hezbollah, Amal, PSNS, Futur, etc. ? Et un haut diplomate en poste dans une grande capitale de se demander si lui et ses collègues sont désormais réduits au rang d'élèves et le palais Bustros transformé en une université où des tests viendraient aiguiser la concurrence entre les diplomates... « Supposons que le comité d'évaluation formé par M. Bassil choisisse un fonctionnaire de deuxième catégorie comme diplomate de l'année. Quel impact cela aura-t-il sur l'ambassadeur, sur les autres délégations ou les consulats généraux ? » se demande ce diplomate chevronné.
Toutes les personnes interrogées n'ont rien contre le fait que le ministre encourage les diplomates à davantage de productivité, « sauf que cette façon de faire aura un impact très négatif et entraînera des polémiques à la pelle sur le point de savoir si ce fameux diplomate de l'année mérite ou pas son titre, surtout s'il est proche de tel ou tel parti ». Pire encore : le distinguo entre diplomate chargé de politique, diplomate chargé de l'émigration et diplomate chargé de l'économie les a « abasourdis », alors que le travail diplomatique est absolument indivisible.
Surtout que qui s'y connaît un tantinet en diplomatie libanaise se souvient que le génie d'un ambassadeur se mesure à l'aune de la qualité de l'information qu'il relaie au palais Bustros : Ghassan Tuéni et la 425, Fouad Turk et la chute du chah d'Iran, Abdel Rahman el-Solh et la guerre du Liban (il était en poste en Jordanie à l'époque), Tarek Mitri et la 1701, Nawaf Salam et la distanciation, etc.
Liban - Dans les coulisses de la diplomatie
Cette initiative Bassil qui a abasourdi les diplomates...
OLJ / Par Khalil FLEYHANE, le 19 novembre 2014 à 00h00
commentaires (3)
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LA LIBRE EXPRESSION
18 h 38, le 19 novembre 2014