À l'approche de la date fatidique du 24 novembre (dernier délai fixé pour les négociations entre la communauté internationale et l'Iran sur son dossier nucléaire), un vent d'espoir semble souffler sur la région. En Irak, en Syrie et même au Liban, les dossiers en suspens semblent soudain bouger dans le sens positif, même si personne au fond ne croit à des règlements rapides. Mais, comme le dit une source diplomatique arabe en poste à Beyrouth, au moins, les trains sont désormais sur les rails. Ils peuvent avancer, s'arrêter, être bloqués, tout est encore possible, mais le premier pas a été effectué.
De fait, depuis quelque temps, tant au Liban que dans la région, le discours confessionnel a baissé d'un cran et l'Arabie saoudite et l'Égypte sont les leaders de cette nouvelle vague d'apaisement et de modération. La source diplomatique arabe précitée estime que cette nouvelle tendance est due aux derniers développements en Irak, en Syrie et au Yémen, où la situation est devenue la suivante : soit la confrontation se généralise, soit les parties concernées se dirigent vers la conclusion de compromis. Or, si la première option devait être retenue, cela signifierait que les pays du Golfe et l'Iran devraient s'impliquer directement dans les conflits dans la région et au final, ce sont les régimes en place qui seraient ébranlés au profit des groupes takfiristes. Les Frères musulmans et leurs pendants Daech et ses semblables mettraient alors la main sur les pays du Golfe et sur l'Égypte, où le pouvoir en place a déjà beaucoup de mal à empêcher leur extension. En Irak, par exemple, si l'Arabie saoudite ne choisit pas d'appuyer réellement le processus étatique et les institutions publiques, c'est Daech qui grignotera le pouvoir, alors qu'il contrôle déjà une partie importante du territoire. Même chose en Syrie, d'autant que Daech a annulé les frontières et se taille un califat là où il peut s'étendre. Face à une telle perspective, l'Égypte et l'Arabie saoudite, qui ont déjà des problèmes internes avec la propagation de la pensée extrémiste, ont choisi de calmer le jeu et de lancer ce fameux appel à la modération, relayé aussi bien par le mufti d'Arabie que par le cheikh d'al-Azhar.
Le Liban a bénéficié aussi de ce nouveau climat puisque l'armée libanaise a enfin obtenu un feu vert à la fois interne et régional pour pourchasser les cellules terroristes et arrêter autant que possible les têtes. Ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. En dépit des lacunes et de la fuite de certaines figures, la bataille de Tripoli a été déterminante dans ce contexte. Pour la première fois depuis des années, la couverture sunnite donnée à l'armée est sans ambiguïté, de la part du courant du Futur et surtout de la part du nouveau mufti qui affiche et prône clairement la modération. Les députés qui critiquaient l'armée se sont brusquement tus et s'il y a encore des foyers de tension et ce qu'on appelle des cellules dormantes, ils ne sont pas aujourd'hui en mesure de provoquer une grande déstabilisation. Il est clair en tout cas que pour l'instant, ni les États-Unis, ni l'Europe, ni l'Arabie ne veulent que la situation sécuritaire au Liban se détériore. Mais cela ne signifie pas qu'un accord est sur le point d'être conclu au sujet notamment de la présidence. Car, dans la partie dramatique qui se joue actuellement dans le monde et en particulier dans la région, chaque camp négocie en étant au bord du gouffre. Tous sont coincés, mais certains le sont plus que d'autres. L'émergence de Daech et sa capacité à s'étendre en mobilisant les musulmans dans toute la région ont modifié les équilibres et les enjeux et poussé ceux qui pensaient pouvoir encore marquer des points à faire preuve de réalisme.
Selon la source diplomatique arabe en poste au Liban, la tendance générale, et en particulier dans la région, n'est donc pas à provoquer de nouveaux affrontements, mais à tenter de contenir ceux qui existent déjà. Toutefois, les conflits existants sont d'intensités différentes. En Irak, la tension est grande et la guerre contre Daech se poursuit, alors que l'État peine à se restructurer. En Syrie, la confrontation est encore ouverte, même si, aujourd'hui, de plus en plus de voix s'élèvent pour affirmer que seule une solution politique doit être envisagée. La proposition de pacifier Alep s'inscrit dans ce cadre. Mais si elle est appelée à se concrétiser, elle sera déterminante pour la suite des événements, sachant qu'Alep est à proximité de la frontière avec la Turquie et que ce pays peut difficilement accepter de perdre cette carte qu'il utilise depuis des années. Enfin, au Liban, la clé de voûte de toute solution repose sur un dialogue entre le Hezbollah et le courant du Futur... qui n'a pas encore commencé mais dont on parle de plus en plus. Le processus devrait donc prendre du temps, n'en déplaise à ceux qui croient qu'une élection présidentielle est possible dès la semaine prochaine. Mais, au moins, une issue devient possible...
Liban - Décryptage
Au Liban et dans la région, la tension baisse d’un cran...
OLJ / Par Scarlett HADDAD, le 14 novembre 2014 à 00h00
commentaires (5)
" Il est clair en tout cas que pour l'instant, ni les États-Unis, ni l'Europe, ni l'Arabie ne veulent que la situation sécuritaire au Liban" oui mais le régime de Bachar fait tout pour cela.... Enfin au Liban la clé de voûte est que Mr Geagea et Mr Aoun finissent par s'entendre sur un candidat qui a le soutien des deux ... Sinon ola resteront deux tâches noires ds l'histoire du Liban ... Surtout pour le plus aîné des deux qui s'obstinent à tracer un sillon sur des terrains infertiles ... La guerre entre chiites extrémistes et sunnites extrémistes n'est pas terminée ils ont trop de comptes à régler ... Il s'agit maintenant de pousser les chiites et les sunnites libanais comme les druzes l'ont fait à la modération ... Comment faire quand une grosse partie des chiites utilisent ses armes à une dizaine de km de la frontière contre des sunnites certes assoiffés de vengeance .... Le rôle du futur président est de trouver une porte sortie pour le Hezbollah en Syrie....qu'on le veuille ou pas le régime syrien le seul avenir qu'il lui reste c'est son présent
CBG
00 h 13, le 15 novembre 2014