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Lifestyle - Pendant ce temps, ailleurs...

Green Bank, paradis des « malades » des ondes

Silence radio dans ce petit village de 143 habitants, depuis l'installation en 1958 du BBT : le Green Bank Telescope. On n'y trouve ni téléphone mobile, ni micro-ondes, ni WiFi, ni télécommande. Une « quiet zone » hors du monde.

Fabienne Faur/AFP

Les vaches broutent, un pick-up passe, le silence retombe. Aucune sonnerie intempestive ne vient troubler la quiétude des rues de Green Bank (Virginie-Occidentale). Téléphone portable et WiFi y sont interdits, pour le bonheur des «malades» des ondes.
«Si on perd le radiotélescope, on est fichu», indique à Fabienne Faur de l'AFP Charles Meckna, 53 ans, alors qu'il construit un abri de jardin pour sa petite maison, au milieu des bois de ce hameau à 350 kilomètres à l'est de Washington.
Ce quinquagénaire originaire du Nebraska (centre) s'est installé là en juillet dernier pour s'éloigner des ondes électromagnétiques qui, dit-il, l'ont rendu gravement malade, et il n'en finit plus de remercier le télescope.
Car Green Bank – 143 habitants – et ses environs du comté de Pocahontas, dans les Appalaches, est au cœur d'une «Quiet Zone», une zone de silence radio décrétée officiellement en 1958 pour protéger les installations du «GBT», le «Green Bank Telescope».
Ce radiotélescope de 150 mètres de haut traque jour et nuit les signaux venus de l'espace. «On y étudie le cycle de vie des étoiles, les quelques secondes après le big bang, les ondes gravitationnelles», explique le responsable des installations du National Radio Astronomy Observatory (NRAO).
«C'est le radiotélescope le plus sensible du monde. Il peut recevoir un signal équivalent à l'énergie d'un flocon de neige touchant le sol, poursuit-il, mais pour cela, l'environnement radio tout autour doit être extrêmement silencieux.»
Aussi, une «National Radio Quiet Zone», unique en son genre, a été décrétée par le gouvernement américain sur un territoire de 33000 km2. Tout ce qui peut provoquer une éventuelle interférence électrique y est banni ou sévèrement limité comme le WiFi, les téléphones sans fil, les télécommandes ou les micro-ondes.

Une maladie constatée, pas reconnue
Plusieurs dizaines de victimes d'hypersensibilité électromagnétique (EHS) sont ainsi venues dans cette région rurale profiter d'une vie sans ondes, comme Charles Meckna qui habite avec son épouse à quelques kilomètres du télescope. Malade depuis la fin des années 1990, il a mis, raconte-t-il, beaucoup de temps avant d'attribuer ses malaises aux ondes de son téléphone portable. «Je n'avais pas fait le rapprochement. Au début, mon médecin m'a donné des antidépresseurs», explique le quinquagénaire qui souffrait de vomissements, migraines et arythmie cardiaque dès qu'il s'approchait de bornes WiFi. «Ici, je peux avoir à nouveau une vie», souligne-t-il. Diane Schou, elle aussi électrosensible, habite également Green Bank depuis 2007 à cause de ses douleurs, devenues beaucoup trop violentes. Les douleurs étaient si fortes qu'elle a dû vivre un temps dans un espace bricolé par son mari et transformé en «cage de Faraday», couvert d'aluminium étanche aux ondes. «Ici, je peux avoir une vie, je peux inviter des amis, alors qu'avant, je vivais dans une petite cabane recouverte d'aluminium pour me protéger des ondes.» Elle a quand même un ordinateur, relié au téléphone et «très lent», qu'elle ouvre quelques dizaines de minutes par jour.
L'hypersensibilité électromagnétique, qui suscite une inquiétude grandissante dans un monde de plus en plus connecté, est constatée mais pas reconnue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a annoncé sur son site Internet qu'elle «procédera en 2016 à une évaluation formelle» des risques des téléphones portables, dont les abonnés sont estimés à 6,9 milliards dans le monde.
Chez Trent's, une épicerie/station-service à moins d'un kilomètre du télescope, l'absence de téléphone portable gêne peu. «On n'en a jamais eu, alors ils ne nous ont jamais manqué», s'exclame en riant la caissière, Betty Mullenax.

Les vaches broutent, un pick-up passe, le silence retombe. Aucune sonnerie intempestive ne vient troubler la quiétude des rues de Green Bank (Virginie-Occidentale). Téléphone portable et WiFi y sont interdits, pour le bonheur des «malades» des ondes.«Si on perd le radiotélescope, on est fichu», indique à Fabienne Faur de l'AFP Charles Meckna, 53 ans, alors qu'il construit un abri de...

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