Cent morts sur les routes au cours des deux derniers mois. Le bilan est lourd. Trop lourd pour un petit pays comme le Liban. Plus lourd que les victimes de l'insécurité chronique qui sévit sur l'ensemble du territoire. À qui la faute ? À l'État bien sûr, qui se contente de constater d'un laconique « cela ne surprend pas », tout en faisant le décompte des morts et des blessés. Mais qui ne fait absolument rien pour réduire le chiffre, ne serait-ce que d'un iota.
Pas la moindre politique de sécurité routière, avec stratégie, objectifs, prévisions. Car l'État n'a jamais pris l'affaire au sérieux, bien trop empêtré dans ses querelles intestines pour se pencher sur le sort de ses citoyens. « Le conducteur est le premier responsable d'un accident », estime-t-il hâtivement, assurant que la vitesse est la première cause des accidents de la route. Il lance alors à cor et à cri des campagnes de sécurité routières vides de substance, qui n'ont de campagnes que le nom. Juste pour la galerie.
Pas non plus le moindre effort de sensibilisation, ne serait-ce que dans les écoles et les universités, viviers de la jeunesse libanaise, sur la conduite sûre, le code de la route, le port de la ceinture de sécurité, les dangers de la vitesse, de la conduite en état d'ébriété, du téléphone portable au volant... Et j'en passe ! Rien non plus sur la courtoisie du conducteur, qui se fait si rare au pays du Cèdre, ou même sur le respect du piéton. La prévention routière enseignée aux enfants a pourtant fait ses preuves à l'étranger, sous forme de jeux principalement. Mais l'État a semble-t-il d'autres chats à fouetter plutôt que d'informer et de prévenir ses jeunes générations.
Même constatation au niveau de l'application du code de la route. Consternante ! Alors que se généralise le chaos sur les routes et que règne désormais la loi de la jungle. Sans compter l'inefficacité patente des agents de la circulation, incapables de régler le trafic ou de sanctionner les contrevenants. Le citoyen n'a qu'à se débrouiller comme il peut, soucieux de sauver sa peau et d'arriver à bon port, pris en tenailles entre les motards indisciplinés sans foi ni loi et les fous du volant qui prennent la chaussée pour un circuit de formule un.
Dans cet état dramatique d'impunité et de corruption, rien à espérer du nouveau code de la route, à l'heure où les autorités continuent de fermer les yeux sur le scandale de l'obtention des permis de conduire et jettent sur les routes des tueurs en puissance. Rien à espérer non plus côté infrastructures, avec leurs innombrables points noirs routiers qui mettent en péril la vie des automobilistes, des passagers et des piétons.
Tout cela réuni, les chiffres viennent nous rappeler que chaque année, les routes libanaises font environ un millier de morts. À titre de comparaison, la France a réussi le pari de réduire le nombre de décès sur ses routes. De 1990 à 2013, ce chiffre est passé de 11 215 à 3 250 morts.
Qu'attend donc le pays du Cèdre pour réagir ?
Liban - Citoyen grognon
La mort sur les routes
OLJ / Par Anne-Marie El-HAGE, le 18 octobre 2014 à 00h00
commentaires (3)
"Le-Liban-est-un pays-failli".
Remy Martin
16 h 17, le 18 octobre 2014