Modiano a été récompensé pour son œuvre axée sur le roman familial et « l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation », a indiqué l'académie suédoise dans un communiqué. Dont le jury a créé la surprise en élisant le romancier français, pourtant pronostiqué parmi les grands favoris cette édition 2014, avec le Japonais Haruki Murakami, le Kenyan Ngugi wa Thiong'o, sans oublier l'éternel « nobélisable » Adonis, également sur la liste des bookmakers...
« Son univers est fantastique, ses livres se répondent les uns aux autres », a expliqué le secrétaire perpétuel de l'académie suédoise Peter Englund à la télévision publique suédoise SVT, qualifiant l'auteur de « Marcel Proust de notre temps ».
Né en 1945, Modiano a publié son premier roman La place de l'étoile en 1968. Dix ans plus tard, il décroche le prix Goncourt pour Rue des boutiques obscures. Auparavant, il avait obtenu en 1972 le Grand Prix de l'Académie française avec Les Boulevards de ceinture. Puis en 1996, le Grand Prix national des Lettres pour l'ensemble de son œuvre. Son palmarès comprend également le prix Prince Pierre de Monaco en 1984, le Grand Prix Paul-Morand en 2000 et le prix mondial Cino Del Duca en 2010... Le Nobel vient ainsi définitivement consacrer une carrière littéraire d'une trentaine de romans. Qui, en un peu plus de quarante ans, ont affirmé « une voix absolument unique, obsédée par la topographie parisienne et les souvenirs, souvent sombres, qu'elle charrie depuis l'Occupation ».
Son dernier livre, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, est sorti en librairie au début du mois d'octobre. Un roman de 160 pages qui emporte le lecteur dans l'univers de l'écrivain, détective du passé, voguant dans ses souvenirs. Ceux d'un enfant perdu des années 1950 environné de personnages louches. L'auteur y vogue de nouveau dans ses souvenirs. Une citation de Stendhal, en exergue, donne le ton de cette balade dans le passé sur laquelle planent abandon, secrets et menace diffuse : « Je ne puis donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre. » Tout Modiano s'y retrouve...
commentaires (2)
Ce qui est ironique, c'est que le "vrai" Proust n'a pas obtenu le Prix Nobel, alors qu'il le méritait largement...Je ne suis certainement pas qualifié pour donner des jugements de valeur littéraires, mais je pense que Proust vaut bien Romain Rolland(1915) ou Anatole France(1921)...
Georges MELKI
10 h 56, le 10 octobre 2014