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Liban - Le commentaire

À défaut d’unité interne, toutes les crises resteront sans solution

Un homme politique chevronné, dont la carrière est contemporaine de nombreux mandats présidentiels, souligne que le vrai problème au Liban est celui de l'unité nationale, et non pas un problème de lois, de système politique ni même de Constitution.
Lorsque cette unité nationale existe, les lois sont mises en œuvre, les dispositions de la Constitution sont respectées et les décisions prises ne restent pas lettre morte. Et quand elle fait défaut, les législations ne sont plus appliquées, la Constitution est bafouée et même les verdicts de la justice ne sont guère exécutés.
Ainsi, poursuit cet homme politique, c'est l'unité interne qui a permis au Liban d'accéder à l'indépendance et c'est elle qui a préservé cette indépendance. Sans elle, le Liban serait soit resté sous mandat français, soit devenu partie intégrante de l'État syrien.
Voilà pourquoi à chaque fois que l'unité nationale connaît des difficultés, aucun président de la République et aucun gouvernement ne parviennent à prendre des mesures importantes, notamment dans les dossiers vitaux. Par exemple, si l'unité nationale avait été réelle à la fin des années soixante, il n'aurait pas été difficile de prendre la décision de sortir les Palestiniens armés de la région du Arqoub lorsque celle-ci est devenue connue sous le nom de « Fathland ». Au lieu de cela, l'absence d'accord sur cette question a conduit à la démission du gouvernement puis à la multiplication du nombre des Palestiniens armés dans le pays. Ces derniers sont devenus un État dans l'État, de sorte qu'on ne pouvait plus les contrôler. On sait où cette situation allait conduire.
Avant cela, les événements de 1958 ne se seraient pas produits non plus si l'union nationale ne s'était pas d'abord brisée sur la ligne de clivage séparant les partisans du nassérisme de ses adversaires.
Et des décennies plus tard, les Libanais allaient à nouveau se diviser autour de l'opportunité du maintien ou pas de la tutelle syrienne sur le pays du Cèdre. L'accord de Taëf avait beau fixer la durée de cette tutelle à deux ans, l'absence d'unité nationale a fait en sorte qu'elle dure bien plus longtemps.
De même, l'unité nationale a continué à faire défaut lorsque les Libanais se sont divisés en deux camps, l'un, le 8 Mars, désireux de maintenir à tout prix une tutelle masquée du régime syrien sur le Liban et l'autre, le 14 Mars, refusant catégoriquement cela.
Le problème, c'est que les clivages ne sont pas que politiques, ils suivent une ligne de partage confessionnelle et sectaire, un état de fait qui est exacerbé par l'armement massif de l'un des protagonistes, en l'occurrence le Hezbollah.
Il convient toutefois de souligner que l'unité nationale a bien résisté pendant la guerre de l'été 2006, et cela en dépit du fait que la guerre avait été déclenchée unilatéralement par un protagoniste libanais qui n'avait pas daigné en informer ses partenaires. Sans cela, on aurait pu s'attendre à ce que les retombées de cette guerre soient bien pires pour le Liban.
À nouveau, l'unité nationale a buté sur le désaccord autour du Tribunal spécial pour le Liban, en charge du procès Hariri. Le refus de livrer les prévenus à la justice dans cette affaire n'a fait qu'élargir le fossé. De même, c'est l'absence d'unité interne qui a fait échec à la mise en œuvre des résolutions adoptées pourtant à l'unanimité lors des séances du dialogue national. Et c'est aussi ce défaut d'unité qui a interdit à tout gouvernement libanais une application intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, l'une des dispositions de ce texte prévoyant d'empêcher l'entrée au Liban d'armes non destinées aux forces régulières de l'État.
Un minimum d'unité nationale dans ce domaine aurait épargné au Liban ce qu'il subit à l'heure actuelle dans la zone frontalière avec la Syrie car aucun camp politique, au contraire de ce que fait le 8 Mars aujourd'hui, ne se serait opposé à ce que l'armée libanaise étende son contrôle sur la frontière avec l'aide des forces de l'Onu.
Au lieu de cela, le Liban paie avec le sang de ses soldats le prix de cette désunion, alors même que la frontière avec Israël est calme du fait que tout le monde est d'accord sur la pacification de cette frontière-là par le biais de l'armée et des Casques bleus.
Le chapitre de la désunion ne s'arrête pas là. Le non-respect de la politique de « distanciation », la participation du Hezbollah à la guerre en Syrie, les désaccords sur la gestion du dossier des réfugiés syriens et sur celui de la situation explosive à Ersal et dans la Békaa : tout cela a amené l'ancien président Amine Gemayel à souligner récemment, lors d'un dîner du régional Kataëb du Koura, combien les Libanais ont actuellement besoin d'unité. À bon entendeur, salut.

Un homme politique chevronné, dont la carrière est contemporaine de nombreux mandats présidentiels, souligne que le vrai problème au Liban est celui de l'unité nationale, et non pas un problème de lois, de système politique ni même de Constitution.Lorsque cette unité nationale existe, les lois sont mises en œuvre, les dispositions de la Constitution sont respectées et les décisions...

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