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Culture - Scène

Sawsan Bou Khaled réveille en nous l’« Alice » endormie

Du lit de Sawsan Bou Khaled surgissent des êtres fantastiques, des rêves et des cauchemars. C'est « Alice », une performance qu'elle interprète ce soir, ainsi que les vendredi, samedi, dimanche au théâtre Tournesol à 20h30.

Sawsan Bou Khaled dans un espace aux limites restreintes.

C'est son troisième spectacle qu'elle réalise seule avec son compagnon de route, Hussein Baydoun. Auparavant, elle jouait ou était costumière pour les pièces de son frère Issam Bou Khaled mais, depuis 2006, l'artiste avoue accomplir des réalisations plus personnelles en compagnie de Baydoun qui lui assure la scénographie. «Hussein et moi sommes complémentaires, dit-elle. Nous travaillons au même diapason.»
Se mettre dans des états extrêmes et aller jusqu'au bout (de ses rêves, dirions nous, dans le cas d'Alice) tout en s'exposant devant un public très proche – puisqu'il entoure l'acteur sur scène –, ce sont des choses qui n'effrayent pas Sawsan Bou Khaled qui aime prendre des risques en se réinventant. Improvisations, accélération ou ralentissement du rythme selon l'interaction de l'audience, autant de rajouts qui rendent la performance différente. Chaque jour est un jour nouveau pour la jeune comédienne qui dit ne pas aimer les répétitions. «Ce qui a nécessité du travail dans cette performance ce sont les objets que je couds. Ils sont "faits main".» Sortis tout droit de l'intimité de Sawsan Bou Khaled, ces photos, objets, impressions ou parfois images vidéo se transforment à loisir en êtres fantasmagoriques qui interpellent le spectateur en l'invitant à rejoindre cet univers presque lynchéen. «Mon travail est très visuel, basé sur la scénographie et le costume.»
En effet, Sawsan Bou Khaled ne donne aucun indice d'explication. « Il n'y a pas de repères, car je voudrai que ce soit perçu par les sens. Même si la composition est très nette dans mon esprit, cette création sensorielle doit renvoyer des images à chacun qui les percevrait comme son vécu personnel. Le texte n'est pas l'essentiel, mais il ponctue le visuel en lui donnant une couche de poésie. »
Pourquoi avoir choisi le lit? lui demande-t-on. «Parce que j'aime dormir, dit-elle en rigolant. C'est là où tout grouille, où tout s'articule dans un chaos sans limites.» «C'est là également où je rentre dans mes pensées et je peux voyager. Le lit est aussi un défi artistique car il représente une frustration de l'espace qui se restreint, à tous les niveaux» poursuit-elle.
Avant de la quitter (à regret) on a envie de savoir pourquoi Sawsan Bou Khaled a-t-elle choisi ce chemin si difficile et plein de contraintes qui est la scène? Pourquoi est-elle revenue au Liban après avoir vécu une dizaine d'années à Paris ? «Le théâtre est un besoin pour moi, répond-elle, ma seule manière de m'exprimer mais, au fil du temps, la parole est devenue tellement mensongère (et je hais le mensonge) alors j'ai opté pour l'image qui témoigne d'une plus grande authenticité. En quittant le Liban en 1999, il me fallait quitter cet enfer. J'ai réalisé par la suite que l'enfer était partout et qu'il suffisait simplement de retrouver sa liberté pour émerger de son enfer. »
Cette comédienne libre et exigeante offre en toute pudeur son Alice au Tournesol, une reprise qui a été présentée il y a près d'un an et dont nous avions rendu compte dans ces mêmes colonnes (voir la livraison du 28/9/2013, l'article de Edgar Davidian).

C'est son troisième spectacle qu'elle réalise seule avec son compagnon de route, Hussein Baydoun. Auparavant, elle jouait ou était costumière pour les pièces de son frère Issam Bou Khaled mais, depuis 2006, l'artiste avoue accomplir des réalisations plus personnelles en compagnie de Baydoun qui lui assure la scénographie. «Hussein et moi sommes complémentaires, dit-elle. Nous...

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