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Économie - Aéronautique

La grève des pilotes d’Air France complique la tâche face aux low cost

Au premier jour d'une grève qui pourrait durer, au moins la moitié des avions d'Air France ont été cloués au sol hier, une situation qui risque d'empirer aujourd'hui, faute de pilotes, massivement hostiles au projet de développement de la filiale low cost du groupe « Transavia ».

La grève des pilotes d’Air France illustre la difficulté de la compagnie historique française à s’adapter face aux « low cost » devenues incontournables dans le paysage aérien européen. AFP/Archives

Aujourd'hui, la direction a prévu d'assurer 40 % des vols (contre 48 % hier), car certains pilotes appelés en renfort hier devront être mis au repos. Cela pourrait même aller jusqu'à la paralysie mercredi, préviennent les syndicats, rapporte l'AFP.
La grève des pilotes d'Air France illustre la difficulté de la compagnie historique française à s'adapter face aux « low cost » devenues incontournables dans le paysage aérien européen.
Air France, dont les coûts d'exploitation restent élevés malgré des économies drastiques depuis 2012, subit sur son réseau moyen-courrier la concurrence toujours plus vive de transporteurs à bas coûts tels qu'Easy Jet, Ryanair ou Vueling.
Les low cost se sont même attaquées ces dernières années à la clientèle affaires, jusqu'alors chasse gardée des compagnies traditionnelles.
En présentant jeudi dernier son nouveau plan stratégique, Air France a prévenu que l'augmentation de la productivité des personnels devait se poursuivre. Elle a aussi détaillé ses ambitions de développement de sa filiale à bas coûts Transavia, avec la création de bases en Europe dotées de pilotes sous contrat local pour diminuer les charges salariales.
« J'ai un plan formidable de croissance, urgent parce que l'offensive low cost est là tous les jours, sur tous les aéroports français », argue Alexandre de Juniac, PDG du groupe Air France-KLM. « On n'a pas le temps d'attendre. »
Le Syndicat national des pilotes (SNPL majoritaire), le Spaf, deuxième syndicat, et Alter (non représentatif) réfutent cette stratégie.
« Il s'agit en fait d'un projet de délocalisation », estime Jean-Louis Barber, président du SNPL AF Alpa, qui redoute, à terme, le transfert d'activité d'Air France vers Transavia.
Selon lui, « le système de rémunération des pilotes en France n'est pas en cause et permet totalement le développement de Transavia ».
« Les commandants de bord d'Air France, en fin de carrière, gagnent des salaires du même ordre de grandeur que ceux de Lufthansa, British Airways et même Easy Jet, explique Guy Tardieu, délégué général de la FNAM, Fédération nationale de l'aviation marchande. Mais ils travaillent beaucoup moins en vertu du code de l'aviation civile et d'accords d'entreprise (...) »
En moyenne, les pilotes en Europe font près de 800 heures de vol par an. Chez Air France, rarement plus de 600 heures « en vertu de ces accords », détaille le responsable.
Selon une source interne d'Air France, le coût horaire des pilotes est 40 % plus élevé chez Air France que chez Transavia, en raison, principalement, de la différence du système de rémunération.
Le salaire brut annuel des pilotes oscille entre 75 000 et 250 000 euros selon son grade (copilote ou commandant de bord), son ancienneté et son affectation (moyen-courrier ou long-courrier). Chez Transavia, le salaire varie entre 87 000 et 180 000 euros, selon la même source.

« Mouvement défensif »
Yan Derocles, spécialiste du transport aérien chez Oddo Securities, souligne qu'Air France n'a pourtant pas d'autre alternative que de prendre le virage low cost comme l'a fait le numéro un européen Lufthansa avec Wings et British Airways avec sa filiale Vueling.
« Développer Transavia, c'est un mouvement défensif pour endiguer les prises de parts de marché en Europe des Easy Jet, Ryanair et autres low cost, dit-il. Le changement est inéluctable même s'il est difficile de changer les cultures. »
Chez Corsair International comme chez Air Caraïbes, les pilotes ont, eux, déjà accepté de revoir leurs accords.
Mais « il y a à l'évidence une barrière psychologique : les pilotes d'Air France ne veulent pas qu'on touche à leur statut. Ils protègent leurs acquis et une forme de privilège. La grève leur en donne les moyens », commente un dirigeant du groupe Air France-KLM, sous couvert d'anonymat.
Le conflit social est en effet un outil particulièrement redoutable « puisqu'une catégorie représentant moins de 9 % des effectifs peut immobiliser l'entreprise, note Yan Derocles. On estime la perte d'une journée de grève particulièrement bien suivie à environ 20 millions d'euros ».
De quoi compromettre le retour aux bénéfices d'Air France cette année, a prévenu Alexandre de Juniac, appelant « à la raison ». Selon lui, ce conflit est « inexplicable » et ne fait que renforcer la concurrence.

Aujourd'hui, la direction a prévu d'assurer 40 % des vols (contre 48 % hier), car certains pilotes appelés en renfort hier devront être mis au repos. Cela pourrait même aller jusqu'à la paralysie mercredi, préviennent les syndicats, rapporte l'AFP.La grève des pilotes d'Air France illustre la difficulté de la compagnie historique française à s'adapter face aux « low cost »...

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