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Liban - Cybercrimes

Quand des sites web visités par un pédophile sont automatiquement bannis par les autorités libanaises...

À l'affût d'un pédophile libanais ayant harcelé des enfants britanniques en ligne, Interpol a sollicité la coopération des autorités libanaises.

Le Liban est activement engagé dans la lutte antipédophilie. Signataire de la convention des droits de l'enfant, le pays s'engage notamment à lutter contre la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Dans ce contexte, le bureau de lutte contre la cybercriminalité et le parquet général près la Cour de cassation ont requis, il y a quelques jours, le bannissement de six sites pornographiques, dans le cadre d'une affaire de pédophilie.


Dès qu'a été rendu public le décret du ministère des Télécoms à ce sujet, le bannissement de ces sites a vite fait de susciter une vive polémique sur les réseaux sociaux, de nombreux Libanais s'interrogeant si l'État n'a d'autre priorité que de traquer les sites pornographiques répandus par centaines sur la toile. Pourtant, il semblerait qu'il s'agisse effectivement d'une affaire de lutte antipédophilie. C'est d'ailleurs ce qu'a affirmé hier Assaad Béchara, conseiller du ministre de la Justice Achraf Rifi, à L'Orient-Le Jour, assurant qu'« Interpol est derrière le bannissement de ces sites, étant à l'affût d'un pédophile libanais ».
Toutefois, qu'il s'agisse d'une affaire de pédophilie n'empêche pas que le bannissement de ces sites web suscite plus d'une interrogation. En effet, et dans les détails, l'Interpol britannique aurait alerté l'Interpol international sur la nécessité d'arrêter un pédophile libanais qui serait entré en contact avec des mineurs britanniques par le biais d'Internet. Prévenu, le bureau libanais de lutte contre les cybercrimes a alors pu mettre la main sur le pédophile en question. Sur l'historique de son ordinateur, les six sites pornographiques ont été retrouvés. L'homme a alors avoué lors de son interrogatoire que « surfer ces sites-là éveillait en lui des sentiments sexuels envers des mineurs », et ces sites web ont été aussitôt bannis.

 

Quel est le lien ?
« Il y a quelque chose d'incompréhensible et de flou dans cette affaire, confie Ayman Mhanna, directeur du centre SKeyes, à L'Orient-Le Jour. Quel est le lien entre le pédophile et ces sites-là ? Si ces sites web sont présents sur l'historique de son ordinateur, ou s'ils l'incitent à commettre des actes de pédophilie, cela ne signifie pas que ce sont des sites qui présentent des matières sexuelles comprenant des mineurs et qu'ils doivent être bannis. Cela signifierait dangereusement que toute personne qui serait dérangée par un site pourrait causer son bannissement. Si ces sites encouragent vraiment la pédophilie, nous comprendrions alors la décision du bureau de lutte contre les cybercrimes et du parquet car nous sommes pour la prise de mesures contre les pédophiles. Mais nous n'en sommes pas sûrs jusque-là. Et quand nous avons essayé de collecter plus d'informations à ce sujet auprès du bureau, nous n'avons pu obtenir des réponses claires. » Et d'ajouter : « Nous ne comprenons pas le manque de communication au sein du bureau de lutte qui est réticent à nous fournir des réponses. »


Sur les six sites web, jusqu'à hier toujours accessibles au Liban, les vidéos montrent des hommes et des femmes apparemment majeurs. Une notice, en bas de page, affirme que tous les acteurs et actrices de ces films pornos étaient majeurs au moment du tournage, et aucune allusion à la pédophilie n'y est faite. Ces sites, en outre, sont toujours fonctionnels à l'étranger. Tout cela laisserait donc croire que l'interdiction de ces sites est uniquement due aux propos de l'homme arrêté, qui a avoué que ces sites créaient chez lui « des sentiments pédophiles ».
Si le bureau de lutte fait par ailleurs état d'un téléchargement de vidéos de ces sites-là par le détenu, Ayman Mhanna affirme toutefois que « nous n'avons même pas pu savoir auprès du bureau si l'homme téléchargeait des vidéos de ces sites-là ou s'il mettait des vidéos en ligne, et si ces derniers sont à caractère pédophile ». « Jusque-là, nous nous interrogeons sur le lien direct entre l'arrestation du pédophile et l'interdiction de ces sites, et toujours pas de réponse claire », déplore l'activiste.
Pour rappel, et selon les chiffres de l'Onu, 1 enfant sur 5 dans le monde est sollicité sexuellement sur Internet.

 

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commentaires (3)

BIEN FAIT !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 43, le 03 septembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • BIEN FAIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 43, le 03 septembre 2014

  • on peut lire le respect de la convention des droits de l'enfant, dans les coins des rues de Beirut, Tripoli, saida sur le visage des mendiants de 4 ans... et dans la pédophilie et la violence contre les enfants qui culminent dans les écoles et les institutions...

    Bahijeh Akoury

    08 h 41, le 03 septembre 2014

  • Je ne comprends pas la réaction des gens... Si le gouvernement prend des mesures visant à protéger des enfants contre des abus et des dangers graves, on trouve à redire... Et lorsqu'il ne réagit pas, on se plaint... Pourquoi critiquer une initiative pareille? Au lieu de le féliciter d'avoir pris les devants en bloquant ces sites??? Si tous les pays faisaient de même, on arriverait sans doute mieux à protéger les enfants, au lieu de les exposer au pire et pleurer ensuite sur les malheurs qui leur arrivent...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 51, le 03 septembre 2014

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