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Culture - Exposition

« The Cut-Outs » à la Tate, ou la seconde vie d’Henri Matisse

La Tate Modern (Londres) s'habille de couleurs et de lumière. Plus de cent vingt œuvres de découpage signées Henri Matisse – qui a su dessiner avec des ciseaux – y sont exposées jusqu'au 7 septembre. À ne pas rater si vous faites un tour par la capitale anglaise.

« Le Perroquet et la sirène », un univers d’algues et de fleurs.

C'est certainement la grande exposition Matisse de 2014. Une rétrospective unique de l'ultime période créatrice du peintre qui a su rendre Picasso jaloux de son travail. Opéré avec succès d'un cancer en 1941, l'artiste avait retrouvé toute son énergie créatrice, entamant ce qu'il a appelé lui-même « une seconde vie » qui va durer quatorze ans alors que les médecins ne lui donnaient que quelques mois à vivre.

 

De la couleur, de la couleur...
Ayant réussi à développer la technique de découpage, alors qu'il était en chaise roulante et diminué par la maladie vers la fin de sa vie, le peintre témoigne cependant d'une vigueur et d'une jeunesse inégalées. Comme s'il luttait contre le temps qui fuit. Cette exposition qui ira ensuite à New York en octobre est, selon Nicholas Serota, l'organisateur ,« la plus belle que Londres ait jamais vue ».
Le commissaire de l'exposition, Nicholas Cullinan, a mis cinq ans à rassembler les découpages de Matisse. On y retrouve notamment les Quatre nus bleus, « clou de la visite » qui se termine par Nuit de Noël, la maquette en vitrail pour la chapelle du Rosaire de Vence, mais aussi une vidéo montrant l'artiste dans son atelier, découpant les papiers colorés à la gouache et se faisant aider par des assistantes lors de la composition d'immenses œuvres quasi murales. La Tate expose également les maquettes de Jazz, à côté du livre en édition limitée écrit par Matisse et composé de vingt planches conçues comme des « improvisations chromatiques et rythmées », selon les mots de l'artiste. Elle réunit pour la première fois depuis cinquante ans L'Escargot de la Tate, Souvenir d'Océanie (Memory of Oceania) du MoMA de New York et la Grande composition aux masques de la National Gallery of Art de Washington, trois œuvres de grande dimension créées en 1953 et dont une photo de l'atelier de Matisse montre qu'elles ont initialement été conçues comme un ensemble.


Les couleurs sont d'abord choisies parmi sa palette habituelle avec du noir, du blanc, du rouge, du bleu de cobalt très profond, légèrement violacé, et du jaune de cadmium. Le maître sélectionne alors les teintes qui l'intéressent et les taille avec de grands ciseaux, sans s'aider de dessin préalable. De ses ciseaux surgissent des feuilles, des palmes, des algues, des fleurs, des étoiles, des oiseaux et des coraux qu'il assemble, les épinglant sur les murs de son atelier jusqu'à trouver l'agencement parfait. Il les colle alors sur un support de papier, de toile. Les ciseaux remplaçaient ainsi définitivement les pinceaux.

 

...Et de la lumière partout
Par cette technique, Matisse parvenait à réconcilier enfin la forme et la couleur et pouvait réaliser de nombreuses variations sur un même sujet. Comme la série Jazz. Certes, formes et couleurs ne sont pas les mêmes. « Mais les deux compositions reposent sur un équilibre fragile et harmonieux entre formes et "contreformes" : les pleins (en noir et jaune) sont aussi importants que les creux (en bleu). » On retrouvera donc, dans nombreuses de ses œuvres, des éléments similaires, les algues se transformant à loisir en oiseaux ou fleurs. Ces différentes œuvres ont été inspirées par un voyage à Tahiti, où Matisse se rend en 1930. Émerveillé par les lagons et les couleurs vives de l'Océanie, il réalise plusieurs photos et dessins. Jusqu'à la fin de sa vie, il exploitera ces formes ambiguës. C'est donc une exposition joyeuse, pleine de vie, qui entraîne le regard dans un monde merveilleux, plein d'espoir.


Matisse avait-il la foi ? Une question à laquelle il répond ainsi : « Si je crois en Dieu ? ! Oui, quand je travaille, quand je suis soumis à mes sentiments, je me sens tellement aidé par quelqu'un qui me fait faire des choses qui me surpassent ; pourtant je ne sens envers lui aucune reconnaissance car je suis devant un prestidigitateur dont je ne puis percer les tours... » Néanmoins, à 78 ans, l'artiste se lance dans le vitrail et travaille encore plus la lumière. Cette lumière même qu'on aime à retrouver dans ses couleurs. À l'origine de ce travail, une requête de son ancienne infirmière qui l'a accompagné durant sa maladie. Entrée dans les ordres, elle le sollicitera pour décorer l'oratoire du couvent des dominicaines de Vence (Alpes-Maritimes). Mais Matisse voit plus grand : il créera la chapelle du Rosaire. À 78 ans, l'artiste se lance donc dans le vitrail et, entre 1948 et 1951, conçoit les plans et toute la décoration de la chapelle. Pour réaliser ces gigantesques vitraux, il se fera aider par des assistants tout en utilisant la technique de papiers découpés utilisés comme brouillons pour l'œuvre définitive. Résultat : des couleurs et de la lumière à profusion. Et pour reprendre un écrit de l'artiste : « Dans la vie, il y a des fleurs partout, il suffit de les voir. »
Ce grand artiste les a vues et a eu la générosité de les reproduire.

C'est certainement la grande exposition Matisse de 2014. Une rétrospective unique de l'ultime période créatrice du peintre qui a su rendre Picasso jaloux de son travail. Opéré avec succès d'un cancer en 1941, l'artiste avait retrouvé toute son énergie créatrice, entamant ce qu'il a appelé lui-même « une seconde vie » qui va durer quatorze ans alors que les médecins ne lui...

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