Une violente polémique a éclaté entre le député aouniste Ziad Assouad et le mufti de Tripoli, cheikh Malek Chaar, à la suite de l'appel lancé par ce dernier aux députés chrétiens afin qu'ils élisent un président de la République.
Comme un seul homme, les dignitaires religieux sunnites, chiites et druzes ont axé leurs prêches respectifs à l'occasion de la fête du Fitr, à la vacance présidentielle au Liban, ainsi qu'aux événements de Mossoul, en Irak, et à Gaza. Ils ont ainsi appelé les responsables politiques à faire prévaloir l'intérêt national et à élire un président, de même qu'ils ont stigmatisé les agissements de l'État islamique contre les chrétiens de Mossoul, en Irak, en insistant sur la coexistence islamo-chrétienne en Orient et ont dénoncé les agressions israéliennes contre les Palestiniens de Gaza.
Des prêches somme toute attendus, étant donné la conjoncture locale et régionale, mais qui ont quand même généré une polémique politique. Et pour cause : le député Ziad Assouad, membre du bloc aouniste de la Réforme et du Changement, n'a pas apprécié l'appel lancé par le mufti de Tripoli et du Liban-Nord aux « députés, en général, et aux leaders chrétiens, en particulier, les invitant à prouver leur allégeance au Liban et à s'entendre sur un président ». Des propos que M. Assouad a jugé « inacceptables » et qui l'ont poussé à répondre par des contre-accusations.
« Il ne faut pas que ce pays reste sans tête, a déclaré le mufti Chaar à la mosquée Mansouri de Tripoli. Il n'est pas permis que les députés continuent de boycotter les réunions électorales et qu'un responsable renonce à ses obligations en faisant le malin. Les députés, en général, et les leaders chrétiens, en particulier, sont appelés à prouver leur allégeance au pays et à s'entendre sur un président capable de préserver la souveraineté, l'indépendance, le territoire, l'unité du peuple et la Constitution du pays. »
Cheikh Chaar a exprimé l'espoir que ses propos « seront entendus par ces derniers pour qu'ils accordent la priorité à l'intérêt national et que la vie politique puisse de nouveau démarrer ». Le député Assouad s'est empressé de répondre dans un communiqué au ton acerbe, publié par son bureau de presse : « Les députés chrétiens n'ont pas à prouver leur allégeance à leur patrie. Ce n'est pas nous qui avons collaboré avec l'ennemi, falsifié des lois, volé des fonds, spolié des terrains, manipulé la Constitution, trouvé refuge dans l'intégrisme et financé celui-ci », a-t-il souligné avant d'ajouter : « Nous n'acceptons pas ce genre de propos accusateurs émanant du mufti Chaar ou de n'importe quelle autre autorité religieuse, même chrétienne. »
Il a poursuivi en estimant qu'il appartient au mufti de Tripoli, au patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, « ainsi qu'aux musulmans avant les chrétiens de prouver que le chef de l'État n'est pas un pantin aux mains de qui que ce soit ou le serviteur de qui que ce soit, ni même une personne faible, stipendiée, avide ou un tueur à gages ». « Il faut être fou pour commettre la même erreur deux fois », a-t-il ajouté.
C'est le directeur du bureau du mufti, cheikh Majed Darwiche, qui devait répondre au parlementaire en exprimant sa surprise devant la réaction de ce dernier qu'il a jugée « inopportune ». « Cette réponse injustifiée ne correspond pas à ce que le mufti a dit ni avec ce que le général (Michel Aoun) avance », a indiqué cheikh Darwiche qui a poursuivi : « Les musulmans vous ont demandé de vous entendre sur un président et ils sont prêts à accepter votre choix, mais le problème chez vous est que certains ne voient le salut du Liban qu'à travers leur propre accession au pouvoir. »
Cheikh Darwiche a accusé M. Assouad, en substance, de « populisme » avant de s'interroger : « Je ne sais pas de quelle occupation vous nous accusez. De l'occupation juive que vous aviez tolérée pour vous débarrasser des Palestiniens ou de l'occupation syrienne avec laquelle vous vous êtes alliés et que vous continuez de soutenir ? Vous savez plus que quiconque que ce sont les sunnites qui ont le plus souffert à cause du régime syrien. »
Liban
Assouad fustige l’appel lancé par Chaar aux députés de faire preuve de patriotisme et d’élire un président
OLJ / le 31 juillet 2014 à 00h00
commentaires (5)
Assouad aurait mieux fait de se taire ! Ils n'ont pas hontes ces chrétiens de laisser le pays sans un président. Malheur à eux !
Hind Faddoul FAUCON
19 h 45, le 31 juillet 2014