Pour aider leur armée, les Ukrainiens se mobilisent sur Facebook

La patrie est en péril et son armée faible, mal équipée et corrompue. Face à ces maux, révélés par la rébellion persistante dans l'Est, des Ukrainiens ont eu recours à une solution du 21e siècle : la mobilisation de bénévoles sur Facebook.

Sur les étagères d'un entrepôt dans le centre de Kiev s'entassent céréales et boîtes de conserve en tout genre. A l'étage, des bouteilles de plastique sont remplies d'huile de tournesol. Partout s'empilent à même le sol cartons de biscuits ou paquets de bonbons.

C'est dans ce local étroit que les bénévoles se sont installés pour recueillir les dons destinés aux soldats partis combattre l'insurrection prorusse qui a éclaté dans l'Est du pays il y a de cela plus de trois mois. "Au début, nous étions une petite vingtaine. Nous nous sommes réunis grâce à Facebook, nous voulions simplement aider les soldats", explique Alexeï Savchenko, 34 ans, un homme d'affaires qui se charge désormais également de tenir les stocks et d'enregistrer les dons.

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Le groupe des bénévoles sur les réseaux sociaux, SOS Armée, compte aujourd'hui plus de 6.600 abonnés et tente d'organiser la distribution de l'aide pour les combattants loyalistes. "Les gens apportent ce qu'ils peuvent: nourriture, vêtements ou même sous-vêtements", indique un bénévole, montrant un sac rempli de grosses chaussettes de laine.

Même s'il est loin le temps des premiers jours de l'"opération antiterroriste" de Kiev dans l'Est, lorsque des groupes de soldats démotivés juchés sur des blindés à moitié rouillés se faisaient stopper par une foule de civils, de nombreux soldats de l'armée régulière se plaignent encore d'un équipement obsolète, voire d'un sous-équipement chronique.

Selon le ministère de la Défense, le budget de l'armée a été augmenté de près d'un quart en avril pour faire face aux besoins de l'offensive contre les rebelles prorusses. Les dons, qu'ils viennent d'Ukraine ou de l'étranger, se montent pour leur part à un total de 130 millions de hryvnias (8 millions d'euros). Les soldats qui reviennent des zones de combat disent pourtant manquer de produits de première nécessité, quand ce n'est pas de gilets pare-balles ou de casques.

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'Le pouvoir impuissant'
"Le système bureaucratique du ministère de la Défense est corrompu. Il fonctionne de sorte que l'argent est volé et ne parvient jamais aux soldats qui en ont besoin", assure Alexeï Savchenko. "Si le pouvoir est impuissant, alors les gens vont aider l'armée par eux-mêmes", ajoute-t-il.

Dans un pays gangréné par la corruption, les bénévoles craignent que l'argent ne soit détourné par les responsables militaires. C'est pourquoi ils préfèrent recueillir les dons en personne et les transmettre directement aux soldats sur le terrain. Si les unités spéciales de l'armée ukrainienne demeurent convenablement équipées en armes, véhicules ou engins d'artillerie, les unités régulières et les engagés volontaires de la Garde nationale ne sont pas toujours logés à la même enseigne.

Alors que le conflit a fait plus de 200 morts parmi l'armée régulière, selon les chiffres du ministère de la Défense, les volontaires qui s'engagent sont souvent obligés d'acheter à leurs frais leur propre uniforme ou même des pièces pour leur arme. "Ces temps-ci, les militaires sont invités à se procurer par leurs propres moyens radios, casques et gilets pare-balles", déclare M. Savchenko. "Même le matériel pour le campement s'épuise rapidement", abonde Gleb, un bénévole qui est venu déposer sacs de couchage et matelas.

Les bénévoles se réjouissent que les dons ne viennent pas seulement d'Ukraine, mais également de pays étrangers, où est présente une forte diaspora. "On reçoit diverses choses en provenance des États-Unis, d'Allemagne et d'Angleterre", explique Alexeï Savchenko en désignant un lot de casques de l'armée britannique. "Grâce à nous, notre armée peut devenir une véritable armée", s'avance-t-il, optimiste.

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