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Liban

Séminaire à Istanbul sur le thème « Religion et État au Moyen-Orient » : établir des ponts entre les cultures

Les participants à la conférence, réunis à Istanbul.

Un séminaire ayant pour thème « Religion et État » s'est tenu il y a quelques jours à Istanbul, à l'initiative de Diyar Consortium. Un groupe de penseurs, de théologiens et de sociologues – dont plusieurs universitaires libanais – a planché sur la question, plus que jamais d'actualité, de la relation qu'entretient la religion avec l'État dans la région du Moyen-Orient. Ce séminaire s'est inscrit dans le prolongement du
projet « Religion et État » qui avait été lancé à Amman en mai dernier. Diyar Consortium est un groupe œcuménique présent à Bethléem dont le but est de privilégier la polis/cité, alors que les tensions politiques battent leur plein, de manière à établir des ponts entre les différentes cultures en créant un espace de dialogue et d'espoir.
Les ateliers de réflexion, qui se sont étalés sur deux jours, ainsi que les interventions de la rencontre d'Istanbul ont eu lieu à l'hôtel Sheraton. Les professeurs et chercheurs de la bande de Gaza n'ont pu participer au séminaire, ayant été bloqués dans leur zone en raison de la situation sécuritaire.
Le révérend Mitri Raheb, président de Diyar Consortium, ambitionne de forger un réseau de jeunes universitaires et intellectuels actifs dans cinq pays du Moyen-Orient : le Liban, l'Égypte, les territoires palestiniens occupés, la Syrie et la Jordanie. À ces pays, qui tombent à l'heure actuelle de Charybde en Scylla, l'Irak pourrait s'ajouter suite à la suggestion du professeur à l'université de Jérusalem, Bernard Sabella.
À l'ordre du jour de la conférence d'Istanbul, le débat sur la coexistence entre les différentes religions au Moyen-Orient du fait que le vecteur de tout conflit dans cette partie du monde est le clivage entre les religions. Dr Pamela Chrabieh, de l'Université Saint-Esprit de Kaslik, a axé son intervention sur la construction du processus de paix au Moyen-Orient en passant par un travail de mémoire collectif. « Les jeunes Libanais devraient se libérer de toute allégeance à des partis politiques pour avancer ensemble vers un avenir plus prometteur pour le Liban », a-t-elle souligné. Idée largement reprise par le professeur Paul Haigopian, théologien à l'Université Haigazian de Beyrouth. « La mémoire collective devrait être épurée de tous les relents de la guerre », a-t-il affirmé.
Johnny Mansour, docteur en histoire à l'Université de Haïfa, a de son côté évoqué les derniers rapports de l'Onu concernant la région du Moyen-Orient. Le chômage, la question des réfugiés ainsi que celle de l'analphabétisme ont ainsi été passés au crible. « Dans le monde arabe, a-t-il indiqué, la moyenne de pages lues par année est d'un quart de page ! Un Arabe lirait 6 minutes par an alors qu'un Européen consacrerait 200 heures par an à la lecture. Notons aussi que 45 % des Arabes qui étudient à l'étranger ne rentrent plus. De ce fait, nos pays tombent dans la conséquence imparable des guerres générées par le fanatisme et le manque de culture », constate le Dr Mansour.
Professeur à l'université de Balamand, Nicolas Abou Mrad a proposé de son côté une feuille de route pour que les peuples arabes avancent vers le progrès et la stabilité. Le grand titre de cette feuille de route est la mise en œuvre d'une communication entre les différentes tranches de la jeunesse arabe à travers un forum interactif non politisé.

Des solutions pragmatiques
Le souci de cette assemblée d'intellectuels étant de contribuer à la formation d'une jeunesse arabe cultivée, active et consciente des dilemmes qui secouent la région, la parole a été accordée précisément à des jeunes en provenance de Palestine, d'Égypte et du Liban.
Mina Mikhael, jeune chercheur en sciences politiques, a ainsi souligné l'importance du principe de la citoyenneté loin de toute appartenance confessionnelle et sectaire. Rania el-Gayed, productrice de télévision égyptienne, a de son côté mis l'accent sur le rôle crucial que jouent les médias sociaux dans le lancement d'une série de débats constructifs entre les jeunes Arabes. Élie Badran, informaticien palestinien, a appuyé ce que Rania a avancé. « Le long chemin de la réforme commence par la réduction des heures passées par nos jeunes à surfer sur Facebook dans le but de "liker'' des photos et des publications insignifiantes, a-t-il souligné. Ainisi, changeront-ils de cap et s'orienteront-ils vers l'activisme virtuel pacifique. »
Au terme de ces deux jours de débats, décision a été prise de tenir le prochain séminaire dans le courant du mois de juillet à Istanbul également, en l'absence d'un pays arabe qui puisse accueillir tous les participants, notamment ceux qui vivent dans les territoires palestiniens occupés.
Enfin, tant que des associations comme Diyar Consortium resteront convaincues par la teneur du proverbe qui dit « Mieux vaut allumer une bougie que maudire l'obscurité », un lueur d'espoir pourra, malgré tout, briller dans un Moyen-Orient meurtri par les hégémonies des néo-islamistes et les alliances douteuses des minorités paranoïaques.

Un séminaire ayant pour thème « Religion et État » s'est tenu il y a quelques jours à Istanbul, à l'initiative de Diyar Consortium. Un groupe de penseurs, de théologiens et de sociologues – dont plusieurs universitaires libanais – a planché sur la question, plus que jamais d'actualité, de la relation qu'entretient la religion avec l'État dans la région du Moyen-Orient. Ce...

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