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Liban - Mémoire collective

Guerre du Liban : revisiter l’histoire en comptant les victimes

Une étude unique en son genre, réalisée par la Lebanese Renaissance Foundation, recense les victimes de la guerre du Liban et les incidents politiques qui l'ont suivie jusqu'à 2006.

Selon l’étude, l’année 1976 serait la plus sanglante avec 34 200 morts et 20 400 blessés.

Les victimes de la guerre libanaise sont nombreuses, cela est certain, mais que leur nombre ait été 70 000, 100 000 ou 150 000, la guerre civile, souvent décrite comme « la guerre des autres au Liban », a occasionné certainement de nombreuses pertes humaines, matérielles et historiques, et il serait bon de s'adonner, de temps en temps, à cet exercice de mémoire toujours reporté, au risque de n'avoir rien appris de ces années de sang.
C'est dans cet esprit que la Lebanon Renaissance Foundation (Fondation de la renaissance libanaise – LRF) a récemment conduit une étude visant à décompter le nombre de morts tombés au Liban entre le 13 avril 1975 et le 31 décembre 2006 en raison d'incidents à caractère politique, selon les archives du quotidien an-Nahar et les incidents qui y ont été rapportés. Pendant plus de neuf mois, jour pour jour, Pierre Akiki, journaliste chercheur, a en effet méticuleusement relu l'intégralité des archives du quotidien entre ces deux dates, pour finalement réaliser un fichier Excel révélant le nombre de morts et de blessés tombés chaque jour au cours de 13 302 incidents répartis sur 11 585 jours.
« Le but de cette étude n'est pas de compter les victimes, explique Fadi Bustros de la LRF à L'Orient-Le Jour, ni de corriger les chiffres qui font état de quelque 150 000 morts en 15 ans. Il s'agit en effet de jeter un nouveau regard sur la guerre, de révéler au grand jour des vérités que tous ceux qui sont sortis de la guerre se plaisent à oublier et de tenter de comprendre la nature des événements qui ont fait tant de morts, puisque l'étude révèle dans quel genre d'incident ces morts sont tombés. » Et d'ajouter : « C'est une étude qui s'adresse aux Libanais de moins de 30 ans qui n'ont pas connu la guerre et qui peut servir de base à n'importe quel travail de recherche future à propos de la guerre, à ceux qui souhaitent aller dans le microdétail. Le travail sera également utile pour les facultés des sciences politiques et d'histoire, vu l'absence de données statistiques et d'archives concernant cette guerre, dont l'absurdité se reflète dans les chiffres. »

Des limites et des réponses
Lors d'une conférence tenue la semaine dernière à l'hôtel Monroe, l'équipe responsable de l'étude au sein de la fondation, dont le comité exécutif inclut des noms comme Charles el-Hage, Malek Mroué, Jihad Azour, Hayat Arslane et Tarek Mitri, a expliqué la méthodologie adoptée pour la réalisation de la recherche et les différents moyens d'utiliser les informations compilées, qui permettent de répondre à de nombreuses questions. Classifiant les victimes entre celles tombées lors d'incidents où les protagonistes étaient exclusivement libanais, avec ou sans soutien étranger, celles tombées lors d'incidents où des Libanais s'entretuaient avec des étrangers, et celles liées à des combats entre étrangers seulement, l'étude n'inclut pas les disparus de la guerre et les otages, et définit l'appartenance politique et confessionnelle des victimes seulement quand elle est citée dans les archives d'an-Nahar.
Compte tenu de l'absence de données dans les hôpitaux majeurs du Liban qu'elle a consultés, la LRF n'a pas pu déterminer, par ailleurs, le nombre de blessés qui sont finalement décédés, les répertoriant dans la catégorie « blessés ». « Pour la première fois, nous avons des chiffres provenant d'une seule source, même si l'étude a ses limites. Nous aurions voulu comparer les résultats obtenus, 48 094 morts en 31 ans, à ceux publiés par le quotidien as-Safir, mais à défaut de temps et de moyens, nous avons juste effectué la comparaison pour les 663 jours où plus de 15 personnes étaient décédées, selon an-Nahar. Pour ces 663 jours, le quotidien notait la mort de 34 293 contre 23 188 selon as-Safir », a indiqué Fadi Bustros.
Sur un autre plan, le comité responsable a tenté de répondre à certaines questions tests afin de donner un exemple des différentes façons possibles d'utiliser cette étude. L'on découvre, ainsi, que les Forces libanaises et le Hezbollah se sont entre-tués une fois durant la guerre, en septembre 1989, que les 147 accrochages entre le mouvement Amal et le Hezbollah ont fait 635 morts et 2 450 blessés en 6 ans, que les années 1990, 2000 et 2001 sont les uniques années où il n'y a pas eu de voitures piégées et que le Liban n'a connu que 3 035 jours sans la moindre victime en 31 ans.
« Notre recherche est non analytique, a enfin affirmé M. Bustros. Ce sont des informations à l'état brut. Nous laissons les conclusions aux autres, à qui voudrait. » Un appel à satisfaire d'urgence, en effet, vu la nécessité de donner un sens à tous ces chiffres et à ce travail monstrueux, à en tirer les leçons du passé et à répondre à moult questions. La guerre civile était-elle vraiment la guerre des autres au Liban ?

Les victimes de la guerre libanaise sont nombreuses, cela est certain, mais que leur nombre ait été 70 000, 100 000 ou 150 000, la guerre civile, souvent décrite comme « la guerre des autres au Liban », a occasionné certainement de nombreuses pertes humaines, matérielles et historiques, et il serait bon de s'adonner, de temps en temps, à cet exercice de mémoire toujours reporté, au...

commentaires (2)

Bonjour M. Kettaneh, Vous trouverez l'étude à l'adresse suivante: http://www.lebanonrenaissance.org/assets/Uploads/Casualties-of-Wars-Presentation2.pdf Cordialement,

L'Orient-Le Jour

10 h 07, le 30 juin 2014

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Commentaires (2)

  • Bonjour M. Kettaneh, Vous trouverez l'étude à l'adresse suivante: http://www.lebanonrenaissance.org/assets/Uploads/Casualties-of-Wars-Presentation2.pdf Cordialement,

    L'Orient-Le Jour

    10 h 07, le 30 juin 2014

  • Ou peut-on se procurer cette etude qui semble tres interessante ?

    Nabil KETTANEH

    09 h 22, le 30 juin 2014

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