À Bkerké, Geagea dénonce « une guerre d’élimination contre la présidence de la République »

Le président des Forces libanaises, Samir Geagea, a dénoncé hier, de Bkerké, « une guerre d'élimination contre la présidence de la République », estimant que « l'échéance présidentielle est plongée dans un tunnel sombre sans la moindre source de lumière, un tunnel que nous avons façonné de nos propres mains ».
M. Geagea a été reçu hier par le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qu'il a remercié de s'être associé à son deuil après le décès de son père Farid.
Au terme de son entretien, qui a duré une demi-heure, M. Geagea a d'abord condamné l'attentat qui s'est produit aux abords de la banlieue sud, dans la nuit de lundi à mardi.
« L'explosion n'a pas visé la banlieue sud seulement, mais toutes les régions. Je pense que les institutions de l'État, notamment militaires et sécuritaires, font de grands efforts », a indiqué M. Geagea.
« Mais ces efforts ne peuvent être suffisants que si elles se retrouvent politiquement avec deux dimensions. D'abord, la mise en application de la déclaration de Baabda. Ainsi, toute partie libanaise ne devrait pas s'ingérer dans des événements qui se produisent dans la région, et nous appelons les institutions sécuritaires libanaises à se prémunir » contre toute dégradation, a-t-il noté.
« Ensuite, il faut parachever l'élection présidentielle. Près de 99 % de la discussion avec le patriarche a porté sur ce point. Sincèrement, ce qui se produit actuellement est fait de nos
propres mains et non par des parties étrangères ou malveillantes, a poursuivi le président des FL. Hier, j'ai entendu une formule du président Sleiman qui m'a beaucoup plu. Il a dit que "plus important que la menace de Daech au plan militaire et sécuritaire est le daechisme politique". Or, actuellement, nous sommes sous l'influence du daechisme politique, à travers le blocage qui se produit par le biais de la présidentielle », a-t-il souligné.
« Pourquoi bloquent-ils l'élection ? Je n'ai pas de réponse. Tous les prétextes qui sont donnés ne sont pas acceptables ou raisonnables. Nul d'entre nous n'a le droit de paralyser le pays et d'instaurer une vacance au palais de Baabda afin d'améliorer ses chances d'accéder à la présidence », a ajouté M. Geagea.
« La semaine prochaine, il y a une séance électorale. Je souhaite que le Hezbollah et le bloc du Changement et de la Réforme changent de stratégie et se présentent à la séance pour voter en faveur du candidat qu'ils souhaitent. Celui qui sera élu sera le président de la République et nous aurons mis fin à la situation que nous vivons », a-t-il dit.

Raï n'a pas convaincu Aoun
En réponse à une question, Samir Geagea a indiqué que le patriarche l'avait bien tenu au courant du climat de sa dernière rencontre avec le chef du CPL, Michel Aoun. « Pour l'instant, nos efforts sont
dirigés sur ce que nous pouvons faire pour convaincre ceux qui boycottent la séance », a-t-il indiqué.
Le patriarche n'a-t-il pas convaincu le chef du CPL de ne pas boycotter la séance ? « Il semble que non », a répondu Samir Geagea. « Jusqu'à présent, le bloc du Changement et de la Réforme n'est pas convaincu du fait de se rendre à la séance avant de parvenir à une entente sur un nom, a déclaré M. Geagea. Tout le reste est de l'ordre des détails. Si le bloc est convaincu et participe à la séance, ce qui se produira sera acceptable. Si le général Aoun doit être élu président, qu'il en soit ainsi, lui ou un autre. C'est le jeu démocratique. Mais, malheureusement, nous n'en sommes pas encore là. »
Et de souligner : « Jusqu'à présent, il y a une guerre d'élimination contre la présidence de la République. La seule chose qui a été éliminée depuis un mois et une semaine, c'est la présidence. Nous n'avons pas de président. Or rien ne justifie cela. »
Samir Geagea a par ailleurs indiqué que « la question présidentielle est l'angoisse du patriarche ». « Il tente par tous les moyens, que ce soit les contacts directs ou indirects, ainsi qu'à travers des médiateurs et des contacts diplomatiques, de faire tout ce qu'il peut afin qu'il y ait une élection, a indiqué le leader des FL. Cependant, jusqu'à présent, il n'y a pas les résultats que nous escomptions tous. Mais le patriarche poursuit néanmoins ses efforts, et nous avec lui », a-t-il dit.
En réponse à une question, M. Geagea n'a pas rejeté la possibilité d'une rencontre avec Aoun à Bkerké. « Mais là n'est pas le problème, a-t-il relevé. Une réunion ne résoudra pas la question. Mes propositions sont claires en ce sens. Si le général souhaite se rendre à la séance, ce serait la meilleure solution à mon avis. S'il ne veut pas le faire, que nous nous entendions sur d'autres noms, afin de nous rendre ensuite à la Chambre. S'il ne veut ni l'un ni l'autre de ces cas de figure et qu'il a une troisième proposition, je suis prêt », a souligné le leader des FL.
« Nous en sommes encore au point de départ et il n'y a pas de lumière dans le tunnel dans lequel nous nous trouvons, a ajouté M. Geagea. Mais ce tunnel, c'est nous qui l'avons façonné de nos propres mains », a-t-il déploré.
Le patriarche Raï a par ailleurs reçu l'ancien ministre Jean Obeid et l'ambassadeur de Turquie dans le cadre de ses audiences.

Nadim Gemayel et Nayla Tuéni
De son côté, Samir Geagea a reçu à Maarab dans l'après-midi le député Nadim Gemayel à la tête d'une délégation comprenant notamment MM. Georges Chaanine et Joe Toutounji, ainsi que la députée Nayla Tuéni, à la tête d'une délégation du quotidien an-Nahar.