Agissant dans l'ombre, Abou Bakr al-Baghdadi, le leader du groupe jihadiste ultraradical Daech (État islamique en Irak et au Levant-EIIL), très actif en Irak et en Syrie, connaît une ascension fulgurante.
En effet, son groupe, connu pour ses méthodes brutales, est sans conteste la force combattante la plus efficace contre le régime du président Bachar el-Assad en Syrie tandis qu'en Irak il contrôle depuis cinq mois avec d'autres groupes insurgés une importante ville à l'ouest de Bagdad, Fallouja. Daech inquiète les gouvernements occidentaux qui craignent le retour au pays de jihadistes partis combattre dans ses rangs, comme le Français Mehdi Nemmouche, auteur présumé de l'attaque meurtrière menée le 24 mai contre le musée juif à Bruxelles qui avait passé un an avec le groupe en Syrie. Ces combattants sont attirés notamment par la personnalité de Baghdadi, réputé comme commandant et tacticien présent sur le champ de bataille, contrairement à Ayman al-Zawahiri, chef d'el-Qaëda. « Depuis au moins 10 ans, Zawahiri se cache dans la région frontalière Afghanistan-Pakistan sans faire grand-chose en réalité, à part publier quelques communiqués et vidéos », note Richard Barrett, ancien chef du contre-terrorisme des services des renseignements britanniques MI6.
En revanche, « Baghdadi a capturé des villes et mobilisé un nombre énorme de gens. Il tue sans merci en Irak et en Syrie », souligne-t-il. « Quelqu'un qui aime l'action ira rejoindre Baghdadi », ajoute-t-il. Dans une étude pour The Soufan Group, basé à New York, M. Barrett fait état de quelque 12 000 combattants étrangers qui se sont rendus en Syrie, dont 3 000 venant de pays occidentaux. Environ 80 % des combattants de pays occidentaux ont rejoint Daech en Syrie, où ils entendent lutter pour une « idéologie transnationale », selon le professeur Peter Neumann du King's College London.
(Lire aussi: Daech a exécuté le père Paolo Dall'Oglio, selon un dissident du groupe)
La Syrie, possible berceau d'un État islamique
De ce fait, ils perçoivent la Syrie comme « le centre de gravité ou le possible lieu de naissance de cet État islamique » qu'ils appellent de leurs vœux, estime le professeur Neumann. Daech est perçu par les extrémistes comme étant une organisation luttant pour un État islamique idéal. Il se montre également moins exigeant pour intégrer des recrues par rapport par exemple au front al-Nosra, branche d'el-Qaëda en Syrie. L'organisation a récemment publié deux magazines en anglais, outre de nombreuses vidéos en anglais ou sous-titrées. Elle dit avoir compté dans ses rangs des combattants venus des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France, d'Allemagne notamment outre de pays arabes et du Caucase.
Lire aussi
Le Front al-Nosra tue un Syrien à Ersal
Un combattant du Hezbollah tué en Syrie
Pour mémoire
Syrie : Daech hausse le ton face à el-Qaëda
Syrie : Al-Nosra pose des conditions à l'arrêt des combats contre Daech
Daech déterminé à établir un État islamique entre la Syrie et l'Irak
commentaires (2)
Daech sans le monde occidental n’aurait pas pu voir le Jour . Voyons si le terrorisme s’étendra en Europe que ce que les autorités pourront faire alors .
Sabbagha Antoine
12 h 43, le 06 juin 2014