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Culture - Liban

« Znoud el-Sitt », ou la voix polyphonique de la femme

 « Znoud el-Sitt », une comédie à la fois drôle et grave, légère mais non superficielle, qui se joue encore sur les planches du Monnot* et qui raconte en musique le quotidien de la « parfaite » ménagère.

Marwa Khalil, Wafa’ Halawi et Patricia Nammour, un trio de tonnerre. Photo Marwan Assaf

Elles sont trois sur scène à danser, virevolter dans une robe rouge modèle années 50. Mais ces trois comédiennes ne font en fait qu'une seule et unique femme. En polyphonie et reprenant en écho les paroles chacune l'une de l'autre, elles représentent également toutes ces femmes qui pensent avoir fait un «bon» mariage et qui affichent leur bonheur «souriez Gibbs» comme une publicité bien clean et glacée.
Telle cette pâtisserie orientale justement prénommée «znoud el-sitt», la femme libanaise est savoureuse et tendre comme la «achta» à l'intérieur, mais croquante sous la dent à l'extérieur. Ce portrait tout en craquelures, on l'a vu précédemment sur l'autre scène du Monnot avec Mara la wahda, d'après un texte des dramaturges italiens De Fo et Rame. C'est dire comme le sexe faible s'affiche ces derniers temps. Avec ses tourments et ses blessures. Mais contrairement à cette femme seule, sujet traité avec une écriture dramatique et sombre, Znoud el-Sitt est abordée d'une manière plus drôle et plus sarcastique.

 

Entre rires et larmes
Sous la cendre couve pourtant le feu. Les textes écrits par le duo de comédiennes et productrices de la comédie, Marwa Khalil et Wafa' Halawi, sont teintés de réalisme à l'humour bien relevé. Avec Patricia Nammour (véritable toupie débordant d'énergie), le trio (bien rodé au milieu de la communication, du cinéma et du théâtre) va s'adresser tout au long de la pièce à une voisine fictive et déballer son linge, d'apparence propre, mais qui apparaîtra de plus en plus souillé de meurtrissures. Chantant, glissant, courant et houspillant sur la scène, la dynamique joyeuse de ces actrices bien confirmées est contagieuse. Peu à peu, sous leurs confessions, les masques tombent laissant place à une grande et étrange solitude. Plus de klaxons, sonneries de téléphone ou bousculades, cette znoud el-sitt (à comprendre femme pilier de la maison) tombe sous le fardeau des déceptions et des faux-semblants et baisse les bras.
Rires et dérisions, gaieté mais aussi tristesse se mêlent dans cette comédie chantante, dansante et animée. Si le concept de cette «hydre» à trois têtes est intéressant et nouveau, le surplus de bruit et la mise en scène boulimique, jusqu'au vertige, signée Chadi Zein, tendent à couvrir     par instants le dialogue des actrices. Quoique cela n'enlève rien au divertissement de la pièce, un peu plus de dépouillement aurait davantage mis en évidence le bon jeu des comédiennes.

*Au théâtre Monnot, les 22, 23, 24, 25, 29, 30 et 31 mai, ainsi que le dimanche 1er juin.

 

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