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Moyen Orient et Monde - Syrie

« Les gens ont tellement faim qu’ils n’attendent même pas de rentrer chez eux pour manger »

Selon un militant damascène, les habitants de zones assiégées, comme ici à Yarmouk, mangent debout dans la rue pendant les distributions d’aides... Unrwa/HO/AFP

Dans les cités rebelles assiégées par l'armée syrienne, les rues sont peuplées de « fantômes » en quête vaine de nourriture ou de médicaments malgré l'appel lancé en février par l'ONU à autoriser l'entrée d'aides sans entraves qui est resté lettre morte.


Des civils, des militants et des humanitaires assurent que la situation n'a pas réellement changé et ils en font porter la responsabilité au régime qu'ils accusent d'entraver l'aide de l'ONU passant par les postes-frontières tenus par les insurgés et de poursuivre le siège de zones rebelles. « Le gouvernement syrien est en train de faire une sorte de chantage pour empêcher les agences de l'ONU de fournir l'aide nécessaire dans les territoires tenus par l'opposition », affirme ainsi Lama Fakih, chercheuse à Human Rights Watch (HRW). Les agences de l'ONU ne peuvent opérer qu'avec l'autorisation du gouvernement et savent qu'elles peuvent être interdites d'accès aux zones tenues par le régime si elles font entrer de l'aide aux secteurs rebelles sans le consentement de Damas, précise-t-elle.


La résolution 2139 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU, avec le soutien de la Russie et de la Chine, alliées du régime, demandent à toutes les parties, y compris aux autorités syriennes, de permettre un accès humanitaire rapide, sécurisé et sans entrave aux agences humanitaires de l'ONU et à leurs partenaires. Elle réclame aussi un accès à travers les fronts et les frontières afin que l'aide humanitaire parvienne à la population par les routes les plus directes. Depuis, l'ONU a livré de l'aide à une zone rebelle à Alep, mais en empruntant une route dangereuse à partir de Damas au lieu d'un poste-frontière rebelle avec la Turquie. Le gouvernement a également autorisé l'ONU à distribuer de l'aide à travers un autre poste-frontière avec la Turquie tenu par le régime, et ce dans une ville où l'armée est présente.

 

« Les gens meurent »
Une poignée seulement des 242 000 Syriens qui vivent, selon l'ONU, en état de siège de l'armée ou des rebelles ont reçu une aide. D'après l'organisation, 197 000 d'entre eux sont soumis au blocus de l'armée. À Yarmouk, le camp palestinien du sud de Damas, plus de 100 habitants sont morts ces derniers mois par manque de nourriture ou de médicaments, selon des ONG. L'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) y distribue de l'aide quand elle parvient à obtenir l'autorisation du gouvernement, mais elle n'a pas eu d'accès pendant deux semaines en avril. « Du point de vue d'une organisation humanitaire qui tente de travailler à Yarmouk, il est clair que la résolution 2139 n'est pas appliquée », affirme Chris Gunness, porte-parole de l'Unrwa. Dans un rapport portant sur l'application de la résolution, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon affirmait mercredi dernier « qu'aucune des parties au conflit n'a respecté les exigences du Conseil ». « Les gens meurent chaque jour », a-t-il affirmé. La résolution ne prévoit pas de sanction automatique en cas de non-respect de ses dispositions, mais elle laisse ouverte la possibilité d'agir ultérieurement contre les récalcitrants. Il faudra cependant pour cela une nouvelle résolution du Conseil, à laquelle la Russie pourrait mettre son veto.


Sur le terrain, le désespoir grandit de jour en jour. Dans le sud de Damas, les gens ont le visage noirci par la saleté, car il n'y a pas d'eau. « Quand il y a une distribution de nourriture, les gens ont tellement faim qu'ils n'attendent même pas de rentrer chez eux pour manger », affirme Mohammad, un militant. « Vous voyez des gens âgés faire la queue et manger dans la rue », ajoute-t-il. Dans la province méridionale de Deraa, un militant évoque une augmentation des besoins alors que le conflit est entré dans sa quatrième année. « Au début de la révolution, les gens avaient assez d'épargnes pour aider les autres. Ce n'est plus le cas, d'autant plus que la livre syrienne a chuté », affirme Abou Anas.


Dans certaines zones rebelles, des habitants et des rebelles épuisés ont conclu des trêves avec le régime pour obtenir nourriture et médicaments. Pour les militants, c'est la preuve que le régime se sert de l'aide comme arme. « C'est une carte que le régime utilise pour forcer les gens à se soumettre » et pour les monter contre les rebelles, indique Mohammad, le militant à Damas. « Les gens demandent aux rebelles "Que pouvez-vous faire pour nous? Pouvez-vous nous chercher de la nourriture ?". »

 

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commentaires (3)

les images font mal. jusqu'à où l'humanité va se dégrader?

Bahijeh Akoury

11 h 44, le 29 avril 2014

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Commentaires (3)

  • les images font mal. jusqu'à où l'humanité va se dégrader?

    Bahijeh Akoury

    11 h 44, le 29 avril 2014

  • Comment, en ce temps Printanier du Mars 011 syrianisé, ne pas prendre les désirs de ses Sains pour des réalités ? Ne pas exiger que ce soit l'imagination, et elle seule, qui prenne le pouvoir ? Et comment imaginer ces Sains Syriens ne pas prendre leurs jambes à leurs cous, et courir pour distancer ce vieux monde Malsain bää bää bääSSyrien derrière eux à jamais ? Certes, ce ne fut jamais qu'un moment de grâce ! Mais on ne l'arrachera pas à tous ces Sains qui l'ont vécu ensemble. En revanche, il faut s'en accommoder. Ceux qui, machinalement, ont repris le tempo archaïque ces jours-ci, ne peuvent pas avoir en tête la même folle idée de la liberté du vivre ensemble ! Et moins encore la sorte d'allégresse ravageuse, qui faisait sauter sans complexe les verrous de cette sœur-syrie aux rétrogrades parapets. Car les temps ne sont plus libertaires et donc déraisonnables du vivre ensemble ; ils sont anxiogènes ! Le mot-clef, c'est précaire. Ce qui donc ne s'exerce que grâce à 1 autorisation révocable. C'est tellement vrai, qu’on dit à présent un précaire pour désigner ce Syrien qui n'est plus "qu'autorisé" à vivre recroquevillé dans son pays. Et de façon irrévocablement révocable ! Comment ne pas craindre que, depuis la fin de ce temps Printanier syrianisé, les générations montantes Saines syriennes vivront moins bien ensemble que celles qui les ont précédées du temps des Mandataires Français ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 34, le 29 avril 2014

  • Des centaines de Syriens meurent de faim ? Qu'importe. Le petit Hitler et sa famille mangent très bien. C'est ce qui importe.

    Halim Abou Chacra

    04 h 48, le 29 avril 2014

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