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Culture - Que me chantez-vous là ?

Étiez-vous invité au bal des Laze ?

Quel est ce monde imaginaire que s'est inventé le chanteur Michel Polnareff dans « Le Bal des Laze »? Écrit par son parolier Pierre Delanoë – qui signe là l'un de ses textes les plus noirs – ce titre est l'un des plus aboutis de celui qu'on a surnommé l'Amiral.


Cette chanson macabre raconte une histoire universelle. Un homme qui aime une femme d'un autre milieu social. Ce roturier amoureux donc d'une aristocrate anglaise, Jane de Laze, avec laquelle il aurait eu (ou non?) une liaison secrète, a, par jalousie, assassiné le fiancé de la jeune fille et, à la veille d'être châtié pour son crime, exprime son regret d'être empêché de supprimer le fiancé suivant. Atmosphère néogothique mi Brontë, mi-Lawrence sur fond de dialogue entre orgue classique et basse électrique pour ce Bal des Laze qui évoque tous les pendus et les révolutions antérieures, tout en annonçant les bals sombres à venir, tant ceux des vampires de Roman Polanski, du conte Dracula de Coppola ou celui de Kubrick dans Eyes Wide Shut.
Car avant d'être un exilé fiscal, de faire la une des journaux pour son appui à Sarkozy ou son scandale de paternité, il faut rappeler que Polnareff est avant tout un grand musicien inventif, novateur, lorgnant toujours vers la musique outre-Atlantique. Le chanteur a donné à la scène française des petits bijoux de musique comme elle en a rarement eu. Polnareff a toujours été un précurseur. Avant-gardiste beatnik, il annonce le mouvement hippie avec On ira tous au paradis qui évoque le pardon et l'amour de tous les êtres humains. Allure ambiguë à la David Bowie, il rivalise avec les hard rockers britanniques et américains et joue le jeu du show. Provocateur, il fait tomber le bas sur une affiche qui sera longtemps une traînée de poudre sulfureuse. Internaute même avant son époque dans Goodbye Marylou: «Quand l'écran s'allume, je tape sur mon clavier/Tous les mots sans voix qu'on se dit avec les doigts... Quand j'ai caressé son nom sur mon écran/Je tape Marylou sur mon clavier/Quand elle se déshabille/Je lui mets avec les doigts/Message reçu, OK code Marylou...»
Enregistré, selon Polnareff et Pierre Delanoë (coauteur des paroles), dans une ambiance mystique, avec des centaines de bougies dans le studio et aucune autre source d'éclairage, ce morceau est inoubliable, envoûtant et considéré comme le sommet, non pas uniquement de l'album, mais de l'artiste. Mais bourde de l'histoire de la musique (il y en a toujours), ce morceau avait été interdit des ondes à l'époque de sa sortie, car il abordait le thème de la mort, au profit de la chanson Y a qu'un ch'veu. Gageons que personne ne se souvient de ce dernier titre alors que Le Bal des Laze demeure inoubliable. Intemporel.

Cette chanson macabre raconte une histoire universelle. Un homme qui aime une femme d'un autre milieu social. Ce roturier amoureux donc d'une aristocrate anglaise, Jane de Laze, avec laquelle il aurait eu (ou non?) une liaison secrète, a, par jalousie, assassiné le fiancé de la jeune fille et, à la veille d'être châtié pour son crime, exprime son regret d'être empêché de supprimer le...

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