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À La Une - Portrait

Ioulia Timochenko, la dame de fer ukrainienne, retrouve la liberté

Même en prison, l'ex-Premier ministre n'avait jamais perdu sa combativité.

Ioulia Timochenko, emprisonnée en 2011, date à laquelle cette photo a été prise, a retrouvé la liberté le 22 février 2014. AFP / SERGEI SUPINSKY

L'opposante ukrainienne Ioulia Timochenko, emprisonnée depuis 2011 a été libérée samedi.

 

Une fois sortie de prison, elle s'est mise en route pour le Maïdan, haut lieu de la contestation dans le centre de Kiev, a constaté une journaliste de l'AFP. Dans une voiture, Mme Timochenko coiffée de sa tresse emblématique a fait un signe de la main aux journalistes et à ses partisans qui l'attendaient devant l'hôpital carcéral où elle était soignée pour hernies discales à Kharkiv (est). Elle va prendre un avion et se rendre à Kiev sur le Maïdan, a indiqué son allié Arseni Iatseniouk.

 

 

Ioulia Timochenko sortant de prison en chaise roulante.

 

Cette femme à la réputation d'une dame de fer, est passée en quelques années du poste de Premier ministre à la prison, où elle n'a rien perdu de sa combativité.

 

Dans la crise actuelle, l'ex-Premier ministre libérée suite à des amendements et résolutions votés vendredi et samedi au Parlement, s'est illustrée comme l'opposante la plus radicale au régime de Viktor Ianoukovitch, élu en 2010. Elle l'a accusé de transformer l'Ukraine en Corée du Nord et jugé inutile toute négociation avec lui.

"La mise à l'écart immédiat de Ianoukovitch et les poursuites contre lui pour meurtres massifs de civils doivent être la seule exigence du peuple, de l'opposition et de la communauté internationale", a-t-elle lancé jeudi après des tirs à balles réelles en plein centre de Kiev qui ont fait des dizaines de morts. Le lendemain, le président donnait son accord pour une présidentielle anticipée et le Parlement votait une loi permettant la libération de Mme Timochenko, ennemi juré du président depuis dix ans.

Son portrait orne toujours le Maïdan, haut lieu de la contestation depuis trois mois et certains manifestants regrettaient l'absence d'un leader de son ampleur pour renverser le régime dès le début de la contestation fin novembre.

 

Tresse traditionnelle

Agée de 53 ans, cette femme élégante et rompue aux techniques de communication s'est faite connaître du monde entier en 2004. Reconnaissable à sa tresse traditionnelle, elle s'était faite l'égérie de la Révolution orange pro-occidentale qui secouait le pays. Elle haranguait les foules à Kiev contre le Premier ministre de l'époque, également candidat à la présidentielle soutenu par Moscou. Viktor Ianoukovitch échouera mais gardera une rancune tenace à son encontre.

 

La coalition "orange" qu'elle formait avec Viktor Iouchtchenko l'emporte, soutenue par les Occidentaux, et au grand dam de la Russie de Vladimir Poutine. Les années de pouvoir ont ensuite défait cette alliance -Timochenko quitte le gouvernement, puis en reprend la tête en 2007- jusqu'à la présidentielle de 2010, qui marque le retour victorieux de Viktor Ianoukovitch.

 

Les ennuis judiciaires commencent alors pour Mme Timochenko. Elle est condamnée en 2011 à sept ans de prison pour avoir signé en sa qualité de chef du gouvernement un accord gazier avec la Russie à des conditions dépeintes comme préjudiciables à son pays. Elle est également soupçonnée de complicité dans le meurtre commandité d'un député, des accusations qu'elle rejette et dans lesquelles elle dénonce une vengeance du pouvoir visant à l'écarter de la scène politique.

 

Son incarcération et sa condamnation deviennent très rapidement un écueil majeur dans les relations entre l'Ukraine et les Occidentaux, qui demandent sa libération.

 

Ses références : Jeanne d'Arc et Thatcher

Mais même derrière les barreaux, cette politique aux nerfs solides continue de combattre le pouvoir de M. Ianoukovitch. Elle observe une grève de la faim de trois semaines pour protester contre des violences dont elle affirme avoir été victime.

Transférée en mai 2012 à l'hôpital de Kharkiv (est) pour y être soignée de hernies discales, elle accuse le président de l'y soumettre à une vidéosurveillance jusque dans les toilettes.

 

Des tribunes de la Révolution orange aux rencontres avec l'homme fort de la Russie, l'ex-agent du KGB Vladimir Poutine, cette femme menue avait acquis bien avant son incarcération sa réputation de "dame de fer". Dans le bureau qu'elle occupait à Kiev avant la prison, une statuette de Jeanne d'Arc, les mémoires de l'ex-Première ministre britannique Margaret Thatcher et un livre sur l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright montraient mieux qu'un long discours ses références politiques et la hauteur de ses ambitions.

 

Ses adversaires politiques la considèrent en revanche comme une pure opportuniste et une manipulatrice et s'appliquent à souligner les zones d'ombre de son parcours.

 

Née le 27 novembre 1960, ingénieur-économiste à l'époque de l'URSS, elle avait dirigé une importante compagnie énergétique, bénéficiant du monopole de l'importation de gaz russe en Ukraine après l'indépendance du pays en 1991. Selon ses détracteurs, elle coopérait alors très étroitement avec Pavlo Lazarenko, ex-Premier ministre aujourd'hui incarcéré aux Etats-Unis pour escroquerie et blanchiment d'argent, ce qui lui a valu d'être visée par des enquêtes en Russie et en Ukraine.

Son mari Olexandre a obtenu l'asile politique en République tchèque après son emprisonnement. Leur fille unique, Evguenia lutte sans relâche pour sa libération en multipliant les rencontres en Occident.

 

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