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Moyen Orient et Monde - Ukraine

A Kiev, le bain de sang...

Médiation de l'Union européenne qui tente d'imposer un compromis ; Timochenko veut que Ianoukovitch soit jugé pour « meurtres massifs » ; au moins 60 manifestants tués hier.

Des manifestants qui combattaient derrière des barricades embrasées ont pris feu lorsqu’un coup de vent a soudainement modifié la trajectoire des flammes. Bulent Kilic/AFP

La violence s'est déchaînée hier à Kiev, capitale de l'Ukraine, où les forces de l'ordre ont ouvert le feu à balles réelles sur les manifestants. Des scènes de guérilla urbaine avaient lieu dans le centre de la ville, autour du Maïdan – la place de l'Indépendance occupée depuis maintenant trois mois par l'opposition –, d'une violence inédite depuis 20 ans aux portes de l'Union européenne.


« Plus de 60 manifestants ont été tués. Tous l'ont été par balle », a déclaré le responsable des services médicaux de l'opposition, Sviatoslav Khanenko. Ce bilan était impossible à vérifier, mais est néanmoins plausible compte tenu des tirs à balles réelles dans le centre de Kiev. « 67 cadavres se trouvent déjà au service de médecine judiciaire », a indiqué de son côté l'administration municipale, précisant qu'il s'agissait de manifestants tués depuis mardi. Le ministère de l'Intérieur a de son côté fait état de trois policiers tués hier, qui s'ajoutent aux 10 hommes tués les deux jours précédents. Le ministère a également indiqué que 67 de ses hommes avaient été faits prisonniers par les manifestants.


Armés de bâtons, boulons, pavés, mais aussi de cocktails Molotov, des centaines de manifestants radicaux, le plus souvent casqués et équipés de boucliers, ont affronté les forces antiémeute (les redoutables Berkout) qui ont répliqué avec des balles en caoutchouc, des grenades lacrymogènes, mais aussi au kalachnikov, selon des témoignages, les constatations des médecins et au moins une vidéo mise en ligne par un média.
Un journaliste a vu durant la journée huit cadavres gisant sur le sol devant la poste centrale sur le Maïdan et dix autres non loin de là, devant l'hôtel Kozatski. Un autre journaliste avait compté sept corps dans le hall de l'hôtel Ukraïna, de l'autre côté de la place. Les alentours du Maïdan étaient à de nombreux endroits couverts de flaques de sang. Le siège du gouvernement, non loin de là, a été entièrement évacué.

 

 

 

Des protestataires se faisant tirer dessus à Kiev. (Avertissement : les images sont choquantes)

 

Licence pour tuer...
« Les manifestants ont été tués de manière très professionnelle par des snipers qui ont visé au cœur, au cerveau ou à la carotide », a affirmé une médecin, Olga Bogomolets, interrogée sur la chaîne privée Kanal 5. Le ministère de l'Intérieur a confirmé avoir « décidé conformément à la législation le recours aux armes », mais a affirmé qu'il s'agissait d'assurer la « légitime défense » des policiers, affirmant à son tour que les tirs d'un sniper avaient blessé 20 de ses hommes hier matin.
Des manifestations et affrontements avaient également lieu en province, notamment dans l'Ouest nationaliste comme à Lviv.


En réaction à cette violence aveugle, le maire de Kiev, Volodimir Makiyenko, a annoncé qu'il quittait le parti au pouvoir (parti des Régions) pour protester contre le « bain de sang ». Des analystes et des diplomates indiquent ainsi que d'autres membres du parti des Régions sont en train de prendre leurs distances avec le président Viktor Ianoukovitch, à la lumière des critiques émanant de Moscou lui reprochant son manque de fermeté. « La mise à l'écart immédiate de Ianoukovitch et les poursuites contre lui pour meurtres massifs de civils doivent être la seule exigence du peuple, de l'opposition et de la communauté internationale », a déclaré pour sa part l'ex-Premier ministre et opposante emprisonnée Ioulia Timochenko. La présidence américaine s'est, elle, dit « scandalisée » par les images de policiers tirant sur des manifestants.

 

(Voir notre diaporama ici)

 

Sanctions à effet immédiat
Parallèlement aux violents événements, sur le plan diplomatique, dépêchés d'urgence hier à Kiev, les ministres des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, français, Laurent Fabius, et polonais, Radoslaw Sikorski, ont eu des pourparlers de plusieurs heures avec M. Ianoukovitch et les leaders de l'opposition. Aucun accord sur une sortie de crise n'a été trouvé « pour l'instant » et les négociations sont « très difficiles », a déclaré M. Fabius à l'issue de la rencontre avec l'opposition. L'entourage de M. Fabius a précisé que les trois ministres de l'UE sont retournés voir le chef de l'État ukrainien dans la nuit. « Pour l'instant, il n'y a aucun résultat », a confirmé l'un des leaders de l'opposition, Vitali Klitschko. Toutefois, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a assuré que les trois ministres avaient obtenu de M. Ianoukovitch son accord pour des élections présidentielle et parlementaires anticipées en 2014. Les ministres de l'UE restent jusqu'à aujourd'hui à Kiev.


Berlin, de son côté, a annoncé que la chancelière Angela Merkel, le président américain Barack Obama et le président russe Vladimir Poutine ont jugé nécessaire de « trouver une solution politique à la crise en Ukraine le plus rapidement possible ». Mme Merkel s'est entretenue en soirée au téléphone avec MM. Obama et Poutine.


En outre, les Européens, qui ont brandi ces derniers jours la menace de sanctions ciblées contre des responsables ukrainiens, ont décidé hier de les mettre en œuvre immédiatement pour sanctionner le bain de sang. « Nous avons pris la décision (...) de procéder très rapidement, dans les prochaines heures, pour priver de visas et geler les avoirs de ceux dont les mains sont tachées de sang », a dit la chef de la diplomatie italienne, Emma Bonino, à l'issue d'une réunion de crise à Bruxelles. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a aussitôt dénoncé un « chantage » européen.

 

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commentaires (5)

Je suis pour...je suis contre...Ianoukovitch est un assassin......les manifestants sont des terroristes...une fois de plus,les parti-pris à l'emporte-pièces...atterrant. A ceux qui défendent bec et ongles Ianoukovitch,faut il rappeler que ce type est un dictateur violent sous la présidence duquel la corruption a atteint des niveaux vertigineux? Et à ceux qui font des manifestants des angelots sans défense, faut il rappeler que figurent dans leurs rangs des néonazis de la pire espèce, armés et prêts à tout pour plonger le pays dans un bain de sang? le simple fait que BHL les soutienne devrait donner à réfléchir..

GEDEON Christian

16 h 27, le 21 février 2014

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Commentaires (5)

  • Je suis pour...je suis contre...Ianoukovitch est un assassin......les manifestants sont des terroristes...une fois de plus,les parti-pris à l'emporte-pièces...atterrant. A ceux qui défendent bec et ongles Ianoukovitch,faut il rappeler que ce type est un dictateur violent sous la présidence duquel la corruption a atteint des niveaux vertigineux? Et à ceux qui font des manifestants des angelots sans défense, faut il rappeler que figurent dans leurs rangs des néonazis de la pire espèce, armés et prêts à tout pour plonger le pays dans un bain de sang? le simple fait que BHL les soutienne devrait donner à réfléchir..

    GEDEON Christian

    16 h 27, le 21 février 2014

  • Toute cette violence fut, en réalité, exacerbée par ces russophiles au pouvoir à Kiev ! Oligarques mentors presque, par leurs Sales méthodes, des aSSadiots bääSSdiots de sœur-syrie.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 59, le 21 février 2014

  • Lire plutôt "J'invite d'ailleurs les simples d'esprit, qui crient victoire à chaque goutte de sang innocent versé, à aller prêter main forte à ces armées endoctrinées...".

    Robert Malek

    11 h 04, le 21 février 2014

  • MARCHANDAGES ET LÂCHAGES EN VUE... QUOI QU'EN DISE LE MINI-TSAR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 53, le 21 février 2014

  • Quelle ressemblance y a-t-il entre le boucher Assad et le boucher Ianoukovitch ? La réponse est dans la question. De plus, ils ont le même maître à penser : l'ordure Poutine qui fait lui aussi partie de ces présidents qui n'hésitent pas à tuer leurs propres peuples. Que les gens aient raison ou pas de faire la révolution, là n'est pas la question, il est seulement complètement anormal, sauf pour les simples d'esprit, qu'un président demande a son armée de tirer sur sa population. J'invite d'ailleurs les simples d'esprit qui crient victoire à chaque goutte de sang innocent versé d'aller prêter main forte à ces armées endoctrinées par leurs dictateurs pour tirer dans la foule et tuer au lieu de se prélasser tranquillement dans les plus beaux endroits du monde libre en soutenant de toutes leurs forces, par écran interposé, tous les dirigeants despotes et criminels du monde sans exception. Et quelle différence y a-t-il entre Kiev et la Syrie ? Une centaine de morts civils à Kiev a suffi pour inciter la communauté internationale à réagir alors que le nazi de Damas continue d'assassiner à tour de bras dans la plus grande indifférence.

    Robert Malek

    03 h 00, le 21 février 2014

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