Rechercher
Rechercher

Cherchons sage-femme

Naîtra, naîtra pas ?


Ce nouveau gouvernement dont on nous assure tous les jours qu'il est sur le point de venir au monde, vous en connaissez déjà le portrait-robot, grâce aux fuites colportées par les médias sur la foire d'empoigne à laquelle a donné lieu la répartition des portefeuilles. Or ce qu'a montré hélas l'échographie, au terme d'une grossesse record de plus de dix mois, n'est franchement pas très joli à voir.


On n'échappe pas aux lois de la génétique. Dès lors, et même s'il devait inclure des personnalités tout à fait respectables, le gouvernement attendu souffrirait de plus d'une tare originelle. Il serait, pour commencer, le fidèle reflet de forces politiques soucieuses surtout de préserver leurs acquis : de faire main basse sur les ministères les plus sensibles, et de garder en selle leurs pâles champions, qui auraient plutôt mérité la trappe, au vu de leurs tristes performances passées. Sauf miracle, il serait ensuite voué à l'inaction, à la paralysie sinon à l'éclatement, à l'image de ceux du même type qui l'ont précédé ; formés sous le signe d'une trompeuse unité, ceux-ci n'ont jamais pu réaliser le mariage de l'eau et du feu.


Un aussi décevant résultat pouvait-il être évité, peut-il l'être encore si la naissance annoncée se soldait en dernière minute, et pour ne pas changer, par de fausses couches ? Comme on sait, le président de la République et le Premier ministre désigné n'ont cessé d'avertir qu'ils seraient bien contraints de se rabattre sur une équipe neutre, si devait persister la valse des exigences contradictoires et des accords dénoncés, à peine conclus : leur motivation étant la nécessité impérieuse d'éviter tout vide constitutionnel si l'élection d'un nouveau chef de l'État s'avérait impossible. Or cette appréhension est pleinement justifiée. Cela fait des années en effet que le Hezbollah et ses amis s'ingénient à pratiquer la politique du vide, et la milice l'a démontré une nouvelle fois hier en s'opposant in extremis à l'attribution du ministère de l'Intérieur à un officier retraité aussi qualifié pour la tâche – aujourd'hui vitale – que le général Achraf Rifi.


Le plus préoccupant, cependant, est que même si un gouvernement de prétendue unité finissait par être formé, on ne serait toujours pas totalement à l'abri des mauvaises surprises. Car à deux reprises déjà dans le passé, et parfois en violation des engagements solennels contractés au sommet de Doha, ont été opérés des retraits de ministres aussi intempestifs que massifs. Quoi qu'il en soit, il est clair que les incertitudes pesant sur l'échéance présidentielle ne sont guère étrangères au singulier rapprochement intervenu durant les dernières heures entre le Futur et le Courant patriotique libre.


Après tout, c'est de bonne guerre : le général Michel Aoun a de bonnes raisons d'en vouloir à ses alliés de l'avoir court-circuité en plus d'une occasion, ce qui le pousse soudain à diversifier ses contacts. Et pour sa part, Saad Hariri n'est sans doute que trop heureux d'enfoncer le coin. Gouvernement ou pas, les grandes manœuvres viennent tout juste de commencer.

Issa GORAIEB

igor@lorient-lejour.com.lb

Naîtra, naîtra pas ?
Ce nouveau gouvernement dont on nous assure tous les jours qu'il est sur le point de venir au monde, vous en connaissez déjà le portrait-robot, grâce aux fuites colportées par les médias sur la foire d'empoigne à laquelle a donné lieu la répartition des portefeuilles. Or ce qu'a montré hélas l'échographie, au terme d'une grossesse record de plus de dix mois,...