Ce qui est bien, c'est qu'on n'attend plus les barbares. Ce qui est bien, c'est qu'ils ne sont plus à nos portes. Entrés en douce, en territoire propice même pas à conquérir, ces « visiteurs » sont parmi nous, ils sont des nôtres, que dis-je, ils sont nous. Voilà. L'autre bonne nouvelle c'est que nous n'attendons pas non plus les poseurs de bombes. Ils ont posé ce qu'ils ont posé, et puis ils ont posé l'idée de la bombe. Une bombe virtuelle plus dévastatrice que des millions de tonnes de C4. Sans bruit, sans fumée, sans cadavres. Propre. Silencieuse. Sournoise. Terrifiante. Les centres commerciaux sont déserts. Les hôtels sont vides. Les soldes, pour rien bien sûr, pour personne non plus. Les gens évitent de circuler. La ville retient son souffle. Demain ? Après-demain ? Jamais sans doute mais la psychose suffit. Les derniers hésitants font la queue, au petit matin, à la porte des consulats. Les entreprises déposent le bilan. Il n'y a pas de fumée mais on n'y voit rien. On ne voit plus demain.
Parfois on ne reconnaît même plus son propre quartier. On raconte que des voyous sortent des armes pour une place de parking. On ne comprend rien à ce que disent ces nouveaux épouvantails qui parlent de Croisés, de croisades, se réclament de « Abdallah Azzam » (qui est-ce ?), veulent établir un califat, forment des jeunes au martyre comme s'il s'agissait d'un diplôme. Le plus étrange est que ces « visiteurs » qui se gourent visiblement d'époque, disposent, semble-t-il, de moyens financiers et de technologies de science-fiction. Qui paye ? On se croirait dans une mauvaise BD de la Guerre froide.
Mais si ces gens ont trouvé au Liban un environnement favorable, c'est sans aucun doute en raison du recul du niveau d'éducation et d'alphabétisation et toute la paupérisation qui s'ensuit. Qu'ils prétendent se venger de l'intervention du Hezbollah en Syrie et qu'ils en soient convaincus, soit. Mais qu'ils trouvent sur place des éléments faciles à embrigader est une autre histoire. Pendant ce temps, alors que le pays est sans gouvernement depuis dix mois, il est choquant de voir les candidats s'étriper pour les portefeuilles dits « régaliens », l'Énergie, la Défense, l'Intérieur et les Affaires étrangères, et bouder la Culture et l'Éducation où réside notre seul espoir d'avenir.
Nous sommes des otages, tous, tant que nous sommes. Otages d'un gouvernement à naître qui prétend thésauriser sur sa base parlementaire – un indice de popularité périmé depuis que l'Assemblée s'est reconduite elle-même. Otages d'une ère avec laquelle notre culture est douloureusement incompatible. Et au fait, si par malchance nous mourons victimes du terrorisme, de grâce, que personne ne nous honore du doux nom de « martyrs ». Le temps des catacombes est révolu. Même Saladin ne reviendra plus. Que l'on nous dise simplement « morts » et nous aurons au moins la satisfaction d'avoir crevé en temps universel.
commentaires (5)
Si ces gens ont trouvé au Liban un environnement favorable,çà remonte à bien plus loin que çà...çà remonte à l'époque où les Tripolitains envoyaient une délégation à l'Assemblée syrienne pour réclamer le rattachement du Liban à la Syrie...çà remonte à 1958 quand des fous furieux,malades dans leur âme,réclamaient le rattachement du Liban à la RAU...çà remonte à la fin des années 1960 quand des libanais,traîtres à leur patrie,se sont alliés avec les palestiniens pour détruire le Liban...çà remonte à 1982 quand un salopard intégral a assassiné le président libanais avec l'appui de son parti nazi et de la Syrie...(oui,parce que à part Sabra et Chatila,figurez vous que Bachir Gemayel a été assassiné!)
GEDEON Christian
13 h 44, le 30 janvier 2014