L'Égypte connaît un niveau de violence d'une « ampleur sans précédent » depuis que l'armée a écarté du pouvoir le président islamiste Mohammad Morsi démocratiquement élu, dénonce Amnesty International dans un rapport publié hier. Les autorités égyptiennes « écrasent les dissidents et foulent aux pieds les droits de l'homme », estime l'ONG qui fait état d'arrestations de masse, de pressions sur la liberté d'expression et de limites au droit de manifester. « Les forces de sécurité sont totalement libres d'agir au-dessus de la loi et sans risque d'être tenues responsables de leurs abus », ajoute Amnesty. Selon l'ONG, les autorités égyptiennes font tout ce qui est en leur pouvoir pour réduire la présence d'observateurs indépendants, militants humanitaires, journalistes ou ONG, sur le territoire.
À Davos, en Suisse, où il participe au Forum économique mondial, le Premier ministre par intérim, Hazem el-Beblaoui, a réagi en dénonçant une « image déformée » de la réalité. « Il y a une fixation sur l'emprisonnement d'activistes », a-t-il dit sur CNN, ajoutant : « Des policiers sont assassinés. Personne n'en parle. La représentation de la réalité n'est pas équilibrée. » Le gouvernement de transition affirme de son côté son attachement aux droits de l'homme et à la démocratie, et accuse les Frères musulmans d'être une menace pour la sécurité nationale.
Parallèlement, l'Égypte célébrera demain le troisième anniversaire de la révolte ayant entraîné la chute de Hosni Moubarak, mais la répression sanglante des manifestations n'est pas sans rappeler les méthodes de l'ancien régime. Dans ce contexte, la journée de demain, au cours de laquelle le gouvernement intérimaire prévoit plusieurs cérémonies pour
commémorer la « Révolution du 25 janvier », s'annonce lourde de périls.
L'alliance pro-Morsi, emmenée par les Frères musulmans, appelle à 18 jours de manifestations pacifiques pour commémorer les 18 jours de révolte qui ont poussé M. Moubarak à quitter le pouvoir. Mais le gouvernement menace, le ministre de l'Intérieur promettant que la police « ripostera avec fermeté et force à toute tentative des Frères musulmans de saboter les cérémonies ». Et il a pressé lui-même les partisans du pouvoir à manifester en masse demain pour contrer « le plan des Frères musulmans de semer le chaos ».
Par ailleurs, des responsables du gouvernement, et même de l'armée, annoncent à demi-mot depuis plusieurs jours que les manifestations prorégime de demain serviront aussi à légitimer encore un peu plus la très probable candidature du général Sissi à l'élection présidentielle promise pour 2014.
(Sources : agences)
Moyen Orient et Monde - Anniversaire
Niveau de violence sans précédent en Égypte, accuse Amnesty
Une journée lourde de périls demain pour la troisième commémoration de la chute de Moubarak.
OLJ / le 24 janvier 2014 à 00h00
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