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Culture - Photomed 1

La dolce vita de Nino Migliori

Le sémillant octogénaire Nino Migliori raconte, à travers une centaine de clichés, son Italie des années cinquante. Dans toute sa dolce vita...

Le photographe italien Nino Migliori a présenté son «Plongeur» à Beyrouth.

Une centaine de photographies tapissent les murs de la salle d'exposition du siège social de la Byblos Bank à Achrafieh. La plupart sont en noir et blanc. Quelques-unes sont colorées. L'ensemble constitue une belle galerie de photos invitant à un voyage dans le temps. À un retour rafraîchissant vers les années cinquante. Vers l'Italie des enfants en culottes courtes à la sortie de l'école ; des hommes en chemises blanches aux terrasses des cafés, des portraits de famille, d'un jeune plongeur piquant une tête dans la Méditerranée (photo prise à Rimini en 1952), d'un cycliste traversant la chaussée, de linge qui sèche dans la rue ...


Dans son apologie du quotidien, Nino Migliori met en scène la vie, illustrant parfaitement le «neorealismo», ce mouvement néoréaliste italien apparu au milieu de la Seconde Guerre mondiale. Fortement inspiré par le photojournalisme, son but était d'éveiller la conscience sociale des citoyens face à une situation de conflit. Une photographie qui a replacé l'homme au centre du regard et privilégié les scènes de la vie de tous les jours. Des scènes qui ne sont pas sans rappeler les images de Rossellini, les villages de Visconti... et nombre d'autres cinéastes de l'époque à la recherche d'ambiances et de décors à inventer.


Venu à Beyrouth pour accompagner ses œuvres, Nino Migliori est tout de suite tombé amoureux de la ville. L'artiste avait exposé en mai dernier une sélection de ses travaux à la troisième édition du festival Photomed qui se tenait à Sanary-sur-Mer, en France. «Cette expérience s'est révélée très prenante aussi bien sur le plan culturel qu'humain, se souvient-il. Le Liban était invité d'honneur, cela m'a donné la possibilité de connaître de plus près et en détail non seulement l'œuvre de photographes affirmés et connus, mais aussi le travail riche et diversifié, sensible et plein d'invention de la jeune génération de photographes libanais. J'ai eu l'opportunité et le plaisir d'échanger avec ces artistes libanais des idées et des émotions de manière spontanée et ressentie», ajoute-t-il. Et de poursuivre: «C'est pour cette raison que j'ai été très heureux et enthousiaste quand j'ai été invité à participer à Photomed Beyrouth. Je suis heureux également de pouvoir rencontrer des personnes avec lesquelles je partage des idées communes et d'entrer en contact direct, pour la première fois, avec une réalité tellement riche d'histoire.»


Migliori a commencé à faire de la photographie en 1948 en fixant les moments de la vie de tous les jours dans un style purement documentaire. Parmi ses principales œuvres figure la série des «Murs». «J'ai fait les "Murs" parce que je m'intéressais à l'homme. Ce sont les seuls documents du passé de l'homme depuis les grottes d'Altamira jusqu'aux graffitis ou les peintures murales de Pompéi.»


«À cette époque, dans une petite pièce chez moi, j'ai bricolé moi-même, faute de moyens, une "camera obscura", et j'ai développé et imprimé la nuit avec la soif de voir apparaître les résultats. Et c'est là que je suis tombé sur un phénomène étrange. Un écoulement de révélateur mal fixé sur un papier sensible m'a ouvert tout un nouveau monde, non seulement une représentation "réelle", mais la possibilité de concevoir une image avec fantaisie et mouvement. De là est née une expérimentation continuelle, soit avec des inventions techniques comme l'oxydation, les pyrogrammes et les hydrogrammes, soit avec des techniques plus anciennes comme les clichés-verre ou les photogrammes.»


Inventeur et bricoleur, Migliori est aussi à l'affût des nouvelles technologies, des dernières découvertes. Il évoque ainsi les recherches scientifiques entreprises dans le domaine de l'étude du cerveau et qui pourraient bien aboutir un jour à ce que l'être humain puisse prendre des photos grâce à sa rétine et son cerveau. En attendant ce jour, l'artiste italien ne tarit pas d'éloges pour les téléphones portables qui ont fait de tout un chacun un photographe à l'affût de l'instant à figer.

 

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