Rechercher
Rechercher

Liban - Météo

Au Liban, la sécheresse n’augure rien de bon... Faut-il prier pour la pluie ?

La deuxième partie du mois de janvier est déjà entamée, mais toujours pas de pluie à l'horizon. Si le pays a déjà vu des saisons hivernales sèches, il redoute les conséquences néfastes de cette sécheresse sur l'agriculture, les réserves en eau et le tourisme d'hiver.

Les pistes de ski Baby et Jonction de la station Mzaar, le 15 janvier 2014. Dans l’attente de la neige. Photos tirées du site Ski Lebanon Mzaar (www.skileb.com)

Quelques gouttes de pluie par-ci, quelques flocons de neige par-là. L'hiver que certains annonçaient rigoureux au passage de la tempête Alexa ne semble pas vouloir s'installer. Du moins, pas pour le moment. Les torrents sont toujours asséchés faute de pluie et les pistes de ski désespérément fermées faute d'enneigement suffisant. Le premier week-end de la nouvelle année, c'est plutôt à la mer que nombre de Libanais se sont rendus, profitant des rayons du soleil de janvier.
Cette image est-elle le mauvais présage d'un hiver trop clément, voire trop sec ?
Est-elle une manifestation du changement climatique tel qu'annoncé à cor et à cri par les scientifiques ? Deux experts se penchent sur la situation météorologique du pays, Marc Wheibé, ingénieur en météorologie et chef du service météorologique à la direction de l'Aviation civile, et Michel Afram, PDG de l'Institut libanais de recherche agricole (LARI).

 

Des précipitations en chute libre
Une seule chose est certaine : la situation commence à devenir alarmante pour la saison d'hiver 2013-2014, car les précipitations sont nettement moins importantes que l'année dernière, presque trois fois moindres. Au 15 janvier 2014, il n'avait plu que 237,8 mm, contre 699,2 mm l'année 2012-2013. La quantité de pluies est également bien moins importante que la moyenne des précipitations sur 30 ans qui s'élève pour la même période à 399 mm. C'est dire les conséquences néfastes sur l'agriculture, sur les nappes phréatiques du pays et sur le tourisme hivernal.
« Il est grand temps qu'il pleuve ! » lance Marc Wheibé. « Malheureusement, on ne s'attend à rien pour le mois de janvier, à part quelques épisodes pluvieux sans grand intérêt. Car la saison d'hiver est déjà bien avancée. Il ne reste plus que deux mois et demi », observe-t-il. S'il ne pleut toujours pas, le pays risque d'être confronté à une pénurie d'eau.


Mais qu'est-ce qui empêche l'arrivée des pluies ? Durant la première moitié du mois de janvier, « l'absence de précipitations était due au déplacement des dépressions et des masses d'air froid vers le sud, vers l'Égypte plus particulièrement ». « Au lieu de s'arrêter en Méditerranée, elles se sont dirigées vers l'Égypte », explique-t-il. Actuellement, il n'y a plus de dépressions ni de masses d'air en déplacement, constate le météorologue. Il y a juste des températures basses, assez stables. « Un phénomène que nous cherchons à analyser et à comparer avec les années précédentes », indique-t-il.
Mais l'expert refuse de conclure à la désertification et au changement climatique. « La seule constatation que nous pouvons lier au réchauffement climatique concerne l'augmentation du nombre de jours de grosse chaleur en été, observe-t-il. Quant au manque de précipitations en hiver, il n'est pas exceptionnel. » Le Liban a déjà eu des années très pauvres en précipitation, avec un maximum de 400 mm de pluies, comme les années 1986 et 1996.

 

Ni pluie ni neige
Michel Afram, lui, est catégorique. « Le pays est touché par le changement climatique, assure-t-il. Comme l'ensemble de l'est de la Méditerranée, il est menacé de sécheresse et de désertification. » « Les écarts importants de températures entre le jour et la nuit en sont la preuve », estime-t-il. Des écarts qui peuvent atteindre plus de 20 degrés. Ces affirmations sont basées sur les résultats de recherches réalisées avec la Banque mondiale, comme l'affirme le spécialiste agricole.
M. Afram constate aussi la prédominance durant les deux derniers mois, de masses d'air sec du nord et de l'est. Ces masses d'air ont poussé les dépressions vers l'Égypte et la Libye. C'est la raison pour laquelle il n'y a eu ni pluie ni neige sur le Liban. « Un phénomène exceptionnel », note-t-il. Même sécheresse en Syrie qui s'adapte mieux à ce phénomène que le pays du Cèdre, car il est habituel. « Le Liban, lui, est un pays riche en pluie, note-t-il. Il est normal qu'il souffre lorsque les précipitations sont aussi pauvres. » Le scientifique tire la sonnette d'alarme : « Si les vraies dépressions n'arrivent pas, la situation risque d'être critique, voire catastrophique. » Une catastrophe pour l'agriculture, pour les stations de ski et le tourisme d'hiver. « Nous risquons aussi d'être confrontés à une pénurie en eau potable », note-t-il.


La saison hivernale sera-t-elle à l'image du mois de janvier ? Les deux experts refusent de se prononcer, même si, pour le moment, seules des pluies faibles sont attendues dans les dix jours à venir. Les Libanais n'ont plus qu'à prendre leur mal en patience et à prier pour la pluie et la neige. Sauront-ils veiller à ne pas gaspiller cet or blanc qui fait la richesse du pays ?

 

Lire aussi

Une sécheresse a mis fin à des civilisations méditerranéennes il y a 3.200 ans
Les forêts, un élément-clé de l’adaptation au changement climatique
Des rapports alarmants précèdent le sommet de Doha sur les changements climatiques

Quelques gouttes de pluie par-ci, quelques flocons de neige par-là. L'hiver que certains annonçaient rigoureux au passage de la tempête Alexa ne semble pas vouloir s'installer. Du moins, pas pour le moment. Les torrents sont toujours asséchés faute de pluie et les pistes de ski désespérément fermées faute d'enneigement suffisant. Le premier week-end de la nouvelle année, c'est plutôt...

commentaires (1)

Une pénurie en eau potable sera la plus catastrophique dans un pays qui souffre déjà et depuis plusieurs années de manque d'eau.

Sabbagha Antoine

08 h 19, le 16 janvier 2014

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Une pénurie en eau potable sera la plus catastrophique dans un pays qui souffre déjà et depuis plusieurs années de manque d'eau.

    Sabbagha Antoine

    08 h 19, le 16 janvier 2014

Retour en haut