L’Europe « mécontente » du manque de coopération du Hezbollah à la stabilité du Liban

C'est la première fois qu'un responsable occidental critique si ouvertement et sans détour le Hezbollah lors d'une visite au Liban. Elmar Brok, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, s'est dit samedi « mécontent » après le discours prononcé la veille par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah concernant la formation du gouvernement.
« J'ai entendu hier le secrétaire général du Hezbollah affirmer qu'il n'était pas prêt à discuter de la formation d'un gouvernement neutre, alors que cette affaire est indispensable au pays, a-t-il déclaré. Je suis mécontent de voir qu'une partie ne désire pas coopérer ni garantir les conditions adéquates pour maintenir la stabilité au Liban, alors qu'elle est ouvertement active en Syrie. Le Hezbollah assume une grande responsabilité dans l'avenir de ce pays. »
M. Brok s'exprimait à l'issue d'une réunion qu'il a tenue avec le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati, samedi au Grand Sérail, en présence de l'ambassadrice de l'Union européenne (UE) à Beyrouth, Angelina Eichhorst, et de deux députés allemands Frank Heinrich et Tobias Zech. Il a été reçu après cet entretien par le président de la République Michel Sleiman à Baabda. Il a également eu un entretien avec le président du Parlement Nabih Berry.

La présidentielle et les législatives
Le député a réitéré l'intérêt de l'Europe dans la stabilité du Liban. « Nous espérons que la situation ne se dégradera pas et que le Liban pourra passer avec succès l'étape de l'échéance présidentielle, dans les délais constitutionnels, a-t-il dit. Nous espérons également qu'un gouvernement sera formé dans le but d'organiser des élections législatives en fin d'année prochaine. Il est très évident pour moi que toutes les parties devront contribuer à cette évolution. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont appelé cette semaine toutes les parties, dont le Hezbollah, à s'engager totalement dans la politique de distanciation adoptée par le Liban à l'encontre du conflit en Syrie et à soutenir les efforts du président Michel Sleiman par l'application des articles de la déclaration de Baabda. »
M. Brok a espéré que « la conférence de Genève 2, qui se tiendra le 22 janvier prochain, sera couronnée de succès, même si nous savons que les chances sont minimes et que cette conférence n'apportera pas de solutions radicales à la crise de Syrie ». « Mais du fait même que ces négociations seront en cours, elles représenteront une chance pour le Liban et la Syrie qui souffrent du conflit entre l'Arabie saoudite et l'Iran sur un plan politique, a-t-il ajouté. Nous espérons que la situation s'améliorera à partir de là. »
Le député a rappelé que l'UE est un partenaire dans ces négociations et qu'elle débloquera la somme de deux millions d'euros pour des aides internationales. La plupart de ces aides sont versées directement aux communautés par le biais des Nations unies, dans l'objectif d'aider le peuple syrien et les réfugiés syriens, « afin d'alléger le fardeau qu'ils représentent et de réduire les risques de déstabilisation autant au Liban qu'en Jordanie et en Turquie ».
Les députés européens ont par ailleurs été reçus par l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, chef du bloc parlementaire du Futur. La discussion a porté sur la situation au Liban et dans la région.
Les députés se sont ensuite rendus à Meerab où ils ont eu un entretien avec Samir Geagea, chef des Forces libanaises (FL). Cet entretien a duré deux heures selon un communiqué du bureau de communication de M. Geagea. À l'issue de l'entretien, M. Brok a souligné l'importance du congrès pour les chrétiens du Liban et du Moyen-Orient, qui s'est tenu depuis peu à Meerab. Il a souhaité « un avenir brillant » aux chrétiens de ce pays, dans l'espoir que leur situation déteindra sur les chrétiens des autres pays arabes comme la Syrie et l'Irak, afin qu'ils restent dans leurs pays. « Il est de notre devoir, en tant que peuples et que Parlement européens, de nous assurer de cela », a-t-il poursuivi.
À Meerab, M. Brok est revenu à la charge en soulignant l'importance de tenir une élection présidentielle dans les délais constitutionnels, « afin que le président élu puisse former un gouvernment qui, après avoir obtenu la confiance du Parlement, aura la capacité de demander à toutes les organisations terroristes de livrer leurs armes ».