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Culture - Concert

Viva Verdi pour un message d’amour et de joie de vivre

Cela aurait pu être un V pour la victoire. Victoire contre le temps, la médiocrité, l'asservissement au pouvoir et à l'argent. Mais c'est surtout un V pour Viva Verdi avec un message d'amour et de paix. Trois chanteurs (Sonya Yoncheva, Vittorio Vitelli et Massimo Giordano) pour traduire, avec éclat mais aussi un peu inégalement, l'univers du génie de Roncole.

Le ténor Massimo Giordano et le baryton Vittorio Vittelli donnant tour à tour la réplique à la soprane Sonya Yoncheva. Photos Michel Sayegh

Verdi, sous les auspices conjugués des Jeunesses musicales du Liban et des Chorégies d'Orange, au théâtre du Casino du Liban. Verdi, le plus méditerranéen des musiciens, face à la mer de Maameltein.
Avec trois chanteurs, un soprano, un ténor et un baryton, tous stars de l'art lyrique, invités des feux de la rampe et des levers de rideaux de la « Scala de Milan » où Verdi fut l'un des hôtes les plus éminemment géniaux et prestigieux. Pour les accompagner et leur donner la réplique, l'Orchestre philharmonique libanais placé sous la direction de Roberto Rizzi Brignoli.


Menu, guère pointu mais pour tout public, concis, avec de larges extraits de la Traviata (avec un doublon de bis pour Libiamo) et quelques incursions du côté de Rigoletto, Simon Boccanegra et des Lombard.
Une salle comble, avec un évident manque de jeunesse, pour un début royalement ponctuel. Ouverture en tons légèrement traînards du Prélude (de l'acte I) de la « déchue » qu'on a craint d'être plus crépusculaire qu'il ne fallait, mais la barre s'est progressivement dressée et c'est à reculons qu'on s'est introduit dans le monde entaché de péchés chez Violetta, une demi-mondaine rachetée par l'amour.... Comme un film d'Alain Resnais dont on voit les dernières images avant de remonter vers le début.


Robe longue en mousseline rouge, dos et épaules nus, bustier orné de paillettes argentées, cheveux noir de geai, visage de madone du quatrocento, Sonya Yoncheva a conquis d'emblée le public. En face d'elle, pour la redoutable confrontation d'un bonheur menacé, le baryton Vittorio Vitelli, en costume sombre. Voilà par conséquent le duel de l'amoureuse avec le père de son amant guère consentant à cette relation. Roucoulades de rossignol désemparé et timbres caverneux pour une péremptoire sommation de respectabilité. Rencontre-déchirure où le vieil homme exige un sacrifice à l'autel des convenances, celui de la rupture.


Retour vers le rayonnement de l'amour. Violetta et Alefredo (campé par le ténor Massimo Giordano) pour un duo sensuel où, pour un échange de baiser fougueux, la diva accorde un bisou bien léger à son partenaire.
Attendue cette superbe aria de la fin du premier acte où la « dévoyée » se laisse tenter par ses délires et ses illusions. Avec la crainte d'un éveil douloureux. La cantatrice donne ici cet air loin de toute considération de tragédienne et maintient un jeu en solo tissé de charme, d'ondulation et de beauté lisse. Avec une technique et une puissance vocales irréprochables.


Entracte d'une demie-heure pour un vin d'honneur au hall de l'entrée de la salle entre retrouvailles amicales et commentaires sur le récital. Et ce sont les accents de Simon Boccanegra, à travers la voix du ténor campant Gabriele Adorno, un gentilhomme génois, qui reprennent le fil de la narration belcantiste pour dénoncer les guerres fratricides.


Pas de changement de garde-robe pour la diva qui revient au-devant de la scène avec une étole en fourrure noire sur fond de jupe rouge vif. La « Gilda » de Rigoletto, douce comme une colombe, est parfaitement dans le sillage d'une ligne mélodique au lyrisme vaporeux incarnant pureté et piété des jeunes filles de bonne famille bernées par les riches libertins. Suppression d'une aria du baryton de Rigoletto (fatigue des voyages pour des dates de concerts trop proches des portes de l'avion....) et slalom dans la programmation, pour un détour vers Jérusalem et les croisés, pour un air des Lombards par le ténor.


Pour conclure, le touchant duo de père et fille de Rigoletto. Des pianissimos à couper le souffle (le nôtre, pas celui des chanteurs !) et une palette de couleurs variées, comme un peintre alterne les clairs et les obscurs.
Plus vive, festive et joyeuse est la note finale du bis. Le Brindisi de la Traviata avec flûte de champagne et champagne débouché à gros « pop » et flots... Triumvirat de voix chantant la vie. Un air certes jamais usé jusqu'à la corde, mais sans doute jetant facilement du baume sur le cœur des auditeurs. On aurait quand même, en bon mélomane, pour un concert promu de qualité, souhaité, des innombrables mélodies de Verdi, applaudir un air moins « populaire » au sens de surexploité. Sans doute le temps des répétitions difficiles. Peu importe, allons pour cette valse invitant aux libations et à l'amour, buvons. Buvons, malgré tout, pour la paix et la joie de vivre.

 

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commentaires (1)

Quelle excellente initiative des Jeunesses Musicales! Quelle belle soirée remarquable par la qualité de tous les interprètes et la qualité de l'acoustique. Ces moments agréables passés loin de la pourriture politique et la corruption prévalant dans notre cher Liban nous incitent à réclamer, dans la mesure du possible, la venue d'autres interprètes virtuoses tels que Lang Lang ou Hélène Grimaud. Un Grand Merci à tous. Raja Saikali

Saikali Raja

11 h 05, le 18 décembre 2013

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Commentaires (1)

  • Quelle excellente initiative des Jeunesses Musicales! Quelle belle soirée remarquable par la qualité de tous les interprètes et la qualité de l'acoustique. Ces moments agréables passés loin de la pourriture politique et la corruption prévalant dans notre cher Liban nous incitent à réclamer, dans la mesure du possible, la venue d'autres interprètes virtuoses tels que Lang Lang ou Hélène Grimaud. Un Grand Merci à tous. Raja Saikali

    Saikali Raja

    11 h 05, le 18 décembre 2013

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