Le 7e art, miroir de l’histoire

Au Métropolis Empire Sofil

« Letter to a Refusing Pilot »,

d'Akram Zaatari

L'Association Métropolis présente, pour une soirée unique, une projection spéciale du dernier court-métrage (34 minutes) d'Akram Zaatari, Letter to a Refusing Pilot, produit avec le soutien d'Apeal pour le pavillon libanais à la Biennale de Venise. Cette projection spéciale aura lieu ce soir à 20 heures dans la salle Métropolis Empire Sofil
Durant l'été 1982, une rumeur a circulé dans une petite ville du Liban-Sud encore sous occupation israélienne. Il a été dit qu'un pilote de l'armée israélienne avait reçu l'ordre de bombarder les alentours de Saïda, mais qu'il avait refusé d'exécuter cette mission sachant bien que la cible visée serait une école. Comment le savait-il ? Ce soldat juif avait longtemps vécu à Saïda, disait-on, et aurait donc fait ses études primaires dans cette école.
Tout jeune, Akram Zaatari avait entendu cette rumeur en plusieurs versions, parce que son père était directeur de cette école. Il a donc transformé cette histoire à sa manière (d'artiste) et l'a publiée dans un livre. Comme une fable et peut-être une fiction réelle. Après que le livre ait été publié, Zaatari apprit que ce n'était pas une rumeur et que le pilote avait bien existé. Il n'avait pas vécu au Liban, mais avait fait des études d'architecture et savait donc bien distinguer quand il s'agissait d'un simple bâtiment, une école ou un hôpital. Cette histoire était demeurée secrète et le pilote n'avait rien divulgué durant vingt ans. Aujourd'hui, à travers ce film et ce travail artistique, Akram Zaatari a établi une passerelle avec une correspondance rendue impossible par l'état de guerre.
« Letter to a Refusing Pilot est un film et une installation vidéo qui font écho à Lettres à un ami allemand d'Albert Camus, affirme Kaelen Wilson-Goldie. Ce travail reflète les complexités et ambiguïtés, ainsi que les conséquences d'un refus comme acte générateur. Il soulève par ailleurs un tas de questionnements remettant à l'ordre du jour le souhait de Camus : "J'aimerais bien être capable d'aimer mon pays tout en aimant la justice". »