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Culture - Festival international de Baalbeck - Jazz brésilien

Eliane Elias, un peu de soleil du Brésil...

L’ancienne Magnanerie de Sed el-Baouchrieh, restaurée et aménagée avec goût, dégage une impression d’îlot préservé de la laideur et des turbulences ambiantes. Il en émane une atmosphère sereine. Ce dont avait grand besoin le public en ce funeste vendredi, venu respirer, le temps de quelques notes jazzy accompagnées d’une voix suave, un air moins chargé de menaces...

En fond de scène les colonnes des temples d’Héliopolis...

Agréablement vivifiant et exotique, le concert d’Eliane Elias, en ouverture du Festival de Baalbeck vendredi soir, aura finalement réussi à réchauffer de quelques notes ensoleillées le cœur d’un public qui voit son quotidien s’assombrir de jour en jour !


L’espace d’une soirée de 90 minutes – qui a débuté par une minute de silence, souhaitée par la présidente du comité du Festival de Baalbeck, Nayla de Freige, en témoignage de solidarité avec les victimes des explosions meurtrières qui ont secoué Tripoli et l’ensemble du pays ces dernières semaines –, la talentueuse pianiste, compositrice et interprète de jazz aura réussi à transporter son auditoire de l’accablement où l’avaient plongé les événements de la journée vers les rivages plus réjouissants de son Brésil natal. L’entraînant, à travers son interprétation d’une succession d’airs fameux de la bossa nova, dans les faubourgs de Bahia et les quartiers d’Ipanema et de Copacabana à Rio, où cette musique, mélange de samba au rythme lent et de jazz, fut inventée vers la fin des années 50 par un groupe de musiciens et poètes. C’est d’ailleurs grâce à sa rencontre – à 17 ans et sa collaboration de trois ans – avec les deux plus fameux d’entre eux, Vinicius de Moraes et Antonio Carlos Jobim, qu’Eliane Elias, formée au piano classique, se découvrira une vocation de musicienne et vocaliste d’un jazz aux rythmes métissés, romantiques et sensuels.
Mais plutôt que ses propres compositions ou ses reprises jazzy de tubes pop et rock, la glamoureuse artiste (longs cheveux blonds, petite robe noire et escarpins à talons rouges) a choisi de privilégier, ce soir-là, un répertoire proposant quelques-uns des morceaux les plus emblématiques de la bossa. Revisités, bien entendu, à sa sauce : un mélange de voix suave et claire, de piano d’une brillante vélocité et d’une fluide et plaisante harmonie entre les différents instruments de son quartette.


Accompagnée de Marc Johnson à la contrebasse, de Rubens de La Corte à la guitare et de l’enthousiasmant Rafael Barata à la batterie –avec lequel elle fera en final un éblouissant duel improvisé de piano-batterie –, elle reprendra ainsi, à sa manière, Chega de Saudade, Rosa morena, Só danço samba, ou encore les célébrissimes Desafinado et A garota de Ipanema (plus connue en tant que Girl from Ipanema). Elle n’oubliera pas, non plus, de rendre hommage à Bill Evans puis à Chet Baker et George Gershwin dans une reprise d’Embraceable You...

 


Le charme de la dame conjugué à celui du lieu...
Une belle prestation musico-vocale qu’Eliane Elias, simple, souriante et prévenante, aura accompagnée de petites histoires introduisant chaque morceau. Et dont la plus loufoque est, sans nul doute, celle de la création de Bananeira (« Bananier » en portugais), l’un des tubes du célèbre Gilberto Gil – avec qui elle a souvent chanté – et qui, dévoile-t-elle, « se résume à répéter en boucle, et en portugais, bananier oui, bananier non ! »
Vous l’aurez deviné, la dame maîtrise parfaitement les codes du bon concert de jazz intimiste. Et en ce sens, on peut se demander si finalement sa performance n’aurait pas été écrasée par la magnificence des temples d’Héliopolis. Alors que dans le cadre charmant de la Magnanerie, sur une scène adossée à la façade de pierres anciennes agréablement éclairées et dans la brise légère qui traversait l’enceinte d’arbres entourant le lieu, sa performance prenait toute son ampleur.


Standing ovation en final avec un seul petit regret formulé par des auditeurs des rangées arrière à propos de l’absence d’installation d’écrans qui leur auraient permis de mieux voir la scène et les expressions des artistes. Sinon, il faudrait saluer le travail impeccable à tous les niveaux du comité du festival qui, du plan de route distribué avec chaque billet à l’aménagement du lieu, signé Jean-Louis Mainguy (notamment le fond de scène aux images des colonnes du temple de Jupiter et le couloir de bannières reprenant les artistes phares qui se sont produits à Baalbeck faisant une très belle entrée), en passant par le parcours émaillé de flèches indicatives et les parkings disponibles à proximité, était véritablement pensé pour assurer le maximum de bien-être aux festivaliers.

 

Reportage vidéo

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