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Moyen Orient et Monde - Crise

Face aux violences en Egypte, le Vatican est (très) gêné...

L'église évangélique de Mallawi, dans le gouvernorat de Minya, à plus de 200 kilomètres au sud du Caire, a été complètement brûlée. Dans le cadre de la crise sanglante qui oppose Frères musulmans et pouvoir militaire, la communauté copte a été prise à partie par les islamistes. Photo prise le 17 août 2013. REUTERS/Stringer

Les violences en Égypte mettent le pape et le Vatican dans une position inconfortable : ils ne cessent d’appeler au dialogue et à la réconciliation dans ce pays où les coptes sont la cible traditionnelle des islamistes.
Le constat est amer : le dossier égyptien met en lumière la marge de manœuvre étroite du nouveau pape argentin, comme la crise syrienne pour Benoît XVI. En jeu, la situation de plus en plus difficile de millions de chrétiens du Moyen-Orient face à un islamisme minoritaire mais en expansion. Dans les deux cas, le Vatican a dénoncé la répression armée, mais sur le terrain, un bon nombre de chrétiens opposés aux islamistes se rangent du côté des pouvoirs en place (les militaires en Égypte, Bachar el-Assad en Syrie...).


Bien accueilli à son élection par les musulmans après un froid entre le Vatican et l’islam sous Benoît XVI, François n’est pas resté inactif : il a lancé un appel chaleureux au respect mutuel entre chrétiens et musulmans début août, et plusieurs suppliques pour la réconciliation en Égypte et le refus de toute violence au nom de la religion. Certains mots rappellent ceux contenus dans les appels de Benoît XVI pour la Syrie.

Protection
Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, a résumé lundi à Radio-Vatican la position délicate du Saint-Siège : « La renaissance de l’Égypte se fera dans le respect réciproque de toutes les religions. On ne peut en aucun cas faire usage de la force, de la violence, du terrorisme ou du pouvoir militaire pour résoudre des questions concernant la foi. » Ce renvoi dos à dos dans une même phrase du « terrorisme » islamiste et du « pouvoir militaire » n’est pas pour satisfaire les chrétiens d’Égypte qui voient les militaires comme leurs protecteurs. L’importante Église copte-orthodoxe et la petite Église copte-catholique ont pris clairement position contre la menace « terroriste » des Frères musulmans, alors qu’au moins 58 églises et institutions chrétiennes auraient été attaquées selon elles.


Dans une interview à l’agence d’informations sur le Vatican I.Media, le père Rafic Greiche, porte-parole des évêques catholiques égyptiens, s’est certes félicité des appels du pape en faveur de la pacification de l’Égypte. Mais, a-t-il ajouté, « nous souhaiterions que le Vatican dialogue avec l’Europe et les États-Unis pour leur montrer qu’il s’agit d’une guerre contre la terreur, et pour que les Nations unies et le Conseil de l’Europe ne prennent pas de mesures contre le nouveau gouvernement et coupent les aides ». « En tant que chrétiens, nous préférons que l’Occident n’intervienne pas car les Frères musulmans ont tout intérêt à ce qu’il y ait une intervention étrangère pour restaurer le régime de Morsi », a ajouté le père Greiche.


Quant au patriarche copte-catholique, Ibrahim Isaac Sidrak, il a exprimé le soutien « ferme, conscient et libre » de sa communauté à « la police égyptienne et aux forces armées pour tous les efforts qu’elles accomplissent pour protéger le pays ». Pour le Vatican, c’est comme un refrain déjà entendu. En Syrie, déjà, certains évêques demandaient au Vatican de comprendre mieux l’ampleur du danger islamiste, argument principal du président Assad pour justifier sa répression. Même si les catholiques sont peu nombreux en Égypte, le maintien de l’Église sœur du pape copte Tawadros, que François avait reçu chaleureusement au Vatican, est essentiel pour le Saint-Siège, après les exodes subis par les chrétiens d’Irak et de Syrie. À noter que les coptes-catholiques égyptiens sont évalués à quelque 250 000 fidèles, alors que l’Eglise copte-orthodoxe en compte entre 6 et 7 millions.

 

 

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