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Moyen Orient et Monde - Crise

L’Égypte dans l’engrenage de la violence

Au moins 25 policiers ont été tués hier dans une attaque au Sinaï.

Le président égyptien par intérim, Adly Mansour, était réuni hier avec le commandant de l’armée, Abdel Fattah al-Sissi, et le ministre de l’Intérieur, Mohammad Ibrahim. Photo AFP

La spirale des violences s’est accélérée ces dernières 24 heures en Égypte, où les forces de l’ordre répriment dans le sang les partisans du président destitué Mohammad Morsi, les qualifiant de « terroristes ».


Dans la péninsule désertique du Sinaï, base arrière de nombreux groupes islamistes armés, des assaillants ont attaqué hier à la roquette deux minibus de la police, tuant au moins 25 policiers qui se rendaient à Rafah. Cette attaque, la plus meurtrière visant les forces de l’ordre depuis des années, porte à 102 le nombre de policiers tués en cinq jours. Dimanche soir, dans des circonstances encore troubles, 37 détenus issus de la confrérie de M. Morsi, les Frères musulmans, ont péri asphyxiés dans un fourgon qui les transportait vers une prison du Caire, la police évoquant une tentative d’évasion. Le camp de M. Morsi a dénoncé un « assassinat ». Les autorités annoncent régulièrement depuis le début des manifestations pro-Morsi l’arrestation de centaines d’islamistes. Elles retiennent depuis le 3 juillet au secret M. Morsi, sous le coup hier d’un nouveau chef d’accusation : celui de « complicité de meurtre et de torture » contre des manifestants. Le procureur général a ainsi ordonné quinze jours de détention supplémentaires pour le président déchu.
Près de 900 personnes, des manifestants pro-Morsi pour la très grande majorité, ont été tuées en six jours dans tout le pays, dont près de 600 mercredi quand les forces de l’ordre ont lancé le premier assaut contre les rassemblements des Frères musulmans au Caire. Près de 200 ont ensuite péri lors d’une journée de manifestations vendredi.

 

 

(Pour mémoire : Le fondateur de Tamarrod veut libérer l’Égypte de « l’organisation fasciste des Frères musulmans »)

 



Nouvelles manifestations
Ces violences sans précédent dans l’histoire récente de l’Égypte pourraient s’aggraver tant les deux parties campent sur leurs positions. Les pro-Morsi ont appelé à de nouvelles manifestations au Caire et le commandant de l’armée, Abdel Fattah al-Sissi, a promis une réponse « des plus énergiques » aux islamistes ayant fait le choix de la « violence ». « Notre principale priorité est la sécurité nationale », a de son côté souligné le ministre des Affaires étrangères Nabil Fahmy, admettant « qu’il y a une crise » dans le pays. « L’Égypte est sur la bonne voie », a-t-il toutefois estimé, assurant que « le futur système politique de l’Égypte sera un régime démocratique, ouvert à tous, selon des règles constitutionnelles qui seront écrites bientôt ». Quiconque aura recours à la violence devra répondre de ses actes « en vertu de la loi » et ne participera pas à l’avenir de l’Égypte, a-t-il souligné.


Dans le pays, les médias unanimes et une grande partie de la population qui considèrent désormais les Frères musulmans comme des « terroristes » soutiennent la méthode forte de l’armée, qui a suscité à l’étranger une vague de critiques de plus en plus virulentes. Des responsables de la petite communauté catholique copte égyptienne ont estimé qu’une attaque « terroriste » était menée contre le peuple égyptien, récusant toute fracture entre chrétiens et musulmans. Amnesty International a dénoncé pour sa part un « carnage total » et déploré la « faiblesse » des réactions internationales.

 

 

(Pour mémoire : « Les monarchies du Golfe craignaient l’exportation de la révolution des Ikhwane chez eux »)


Dimanche, les pro-Morsi avaient annulé des cortèges au Caire, invoquant des raisons de sécurité. Les manifestants islamistes redoutent à la fois d’être la cible des forces de l’ordre, désormais autorisées à tirer sur les manifestants hostiles, et des groupes d’autodéfense de résidents qui s’en prennent depuis plusieurs jours à leurs partisans et aux journalistes étrangers accusés d’avoir pris leur parti. Dans un apparent geste d’apaisement, le gouvernement a annoncé dimanche l’interdiction de ces « comités populaires ».


Même si l’état d’urgence et le couvre-feu nocturne restaient en vigueur, le trafic a repris hier matin au Caire, qui a retrouvé ses habituels embouteillages. Les habitants reprenaient le chemin du travail, tandis que des magasins étaient ouverts. Des axes de la capitale restaient contrôlés par des chars de l’armée, et le gouvernement a annoncé que les mosquées seraient désormais fermées en dehors des heures de prière, pour tenter d’éviter les rassemblements pro-Morsi.

 

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Commentaire

C’est l’autoritarisme qui pose problème, pas l’islam !

 

 

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