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À La Une - Cinéma

Un film "d'horreur" sur la vie privée en ligne

"Terms and Conditions May Apply" explique comment l'utilisateur du web consent à ce que sa vie en ligne soit archivée, partagée avec des tiers ou transmise aux agences du gouvernement.

L'affiche du film "Terms and Conditions May Apply". Photo via tacma.net

Filmer quelqu'un à son insu n'est pas dans le style du réalisateur Cullen Hoback, mais il n'a pas voulu laisser passer sa chance d'entendre le patron de Facebook Mark Zuckerberg sur cette face cachée du web : la vie privée des utilisateurs.

"Monsieur Zuckerberg ? Je travaille sur un documentaire", a demandé le réalisateur de films indépendants au fondateur du réseau social, alors qu'il se baladait en tee-shirt dans un chemin boisé près de sa maison de Californie (ouest des États-Unis).

"Je me demandais si je pouvais vous poser quelques questions ? Croyez-vous toujours que la vie privée n'existe plus ? Que pensez-vous de la vie privée ?", a demandé M. Hoback.

"Est-ce vous enregistrez ?", a répondu Mark Zuckerberg. "Est-ce que vous pourriez ne pas le faire ?"

"Je peux arrêter", a dit M. Hoback, en éteignant sa caméra, et en rendant aussitôt Mark Zuckerberg plus détendu et souriant. M. Zuckerberg invite alors M. Hoback à prendre contact avec son service de communication -- mais ne sait pas que Cullen Hoback continue de l'enregistrer avec une paire de lunettes d'espionnage.

 

C'est une des scènes du film intitulé "Terms and Conditions May Apply" ("Les termes et conditions peuvent s'appliquer"), dans lequel M. Hoback soulève des questions troublantes sur les montagnes de données en ligne qui sont collectées, stockées voire partagées par les États et les géants de l'Internet.

"La chose la plus dingue de toute cette expérience c'est que je ne réalisais pas que j'étais en train de faire un film d'horreur", a raconté à l'AFP le réalisateur, basé à Los Angeles.

 


Le film est sorti mi-juillet au États-Unis, dans une poignée de salles, quelques semaines après les révélations de l'ex-consultant des services de renseignement Edward Snowden sur de vastes programmes de surveillance des communications --téléphoniques et électroniques-- par les États-Unis.

M. Snowden a en particulier levé le voile sur le programme Prism, qui permet à l'Agence nationale de sécurité NSA de demander aux groupes d'Internet, comme Google ou Facebook, d'accéder au contenu des communications en ligne d'étrangers.

"Je pense que les gens étaient plutôt déjà inquiets" sur leur vie privée en ligne, estime M. Hoback. "Mais tout ce qui est arrivé autour de Snowden et du scandale de Prism (...) a renforcé l'intérêt du film et l'a éclairé d'un jour nouveau".


Après deux ans de travail, le film était quasiment fini quand Edward Snowden a fait ses révélations, laissant juste le temps à M. Hoback d'en faire brièvement mention à la fin de son film.


Sans faire de véritables révélations, "Terms and Conditions" narre une série d'histoires de vie privée sur Internet qui posent toujours question aujourd'hui.

Il faudrait 180 heures, soit un mois de travail, à un utilisateur d'Internet pour lire tous les "termes et conditions" rattachés à ses sites favoris.

"Ils sont mal écrits", déplore M. Hoback, pour qui la vie privée sur Internet est "la plus grande question de liberté civique de notre temps".


Le film explique comment l'utilisateur du web, en cliquant sur le bouton "d'accord", consent à ce que sa vie en ligne soit archivée, partagée avec des tiers ou transmise aux agences du gouvernement.

"Le problème c'est que maintenant, soit vous obtenez le service (parce que vous voulez utiliser Internet) soit vous ne l'obtenez pas", note-t-il. Et "il n'y a personne assis à côté de vous pour négocier ces contrats".

 

 
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