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À La Une - Liban

Nasrallah : l'UE s'est soumise à la volonté d'Israël

La décision d'inscrire la branche armée du Hezbollah sur la liste noire de l'UE « constitue une atteinte au Liban ».

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Photo AFP

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a dénoncé mercredi soir, dans une intervention télévisée, la décision des ministres européens des Affaires étrangères d’inscrire la branche armée du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes de l’UE. M. Nasrallah a toutefois minimisé la portée de cette décision en affirmant que son mouvement n’a pas été « surpris » par cette démarche.

« Les 28 pays de l’UE ont agi par soumission à la volonté israélienne et non pas par conviction », a encore accusé le chef du Hezbollah. « Leur décision a été prise sans se baser sur aucune preuve concluante », a-t-il ajouté.

 

M. Nasrallah a par ailleurs affirmé que la décision européenne « constitue une atteinte au Liban et aux autorités libanaises qui soutiennent le mouvement de résistance ».

Il a également accusé les pays de l’UE d’avoir offert un couvert juridique aux Israéliens, qui pourraient mener une offensive contre le Hezbollah sous prétexte qu’ils combattent le terrorisme. "Ces Etats (européens) se sont rendus pleinement responsables de toute attaque israélienne contre le Liban, contre la résistance libanaise (le Hezbollah, ndlr) ou contre toute autre cible de cette résistance", a dit Hassan Nasrallah.

 

Enfin, critiquant ceux qui appellent à l'exclusion du Hezbollah de la formation du prochain gouvernement au Liban, M. Nasrallah a invité - sur le ton de la plaisanterie - le Premier ministre désigné Tammam Salam à composer un cabinet formé « exclusivement » de membres de la branche armée du mouvement chiite.

 

(Repère : Liste de l'UE des organisations terroristes : mode d'emploi)

 

La décision européenne est intervenue lundi dernier. Les ministres européens des Affaires étrangères ont toutefois affirmé leur volonté de « poursuivre le dialogue » avec tous les partis politiques libanais, y compris le Hezbollah. Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l’UE, a insisté sur l’attachement des Européens à un Liban « stable et en paix » en dépit des conséquences politiques et humanitaires du conflit syrien.
« Il s’agit d’envoyer un message clair », a déclaré William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, en arrivant à la réunion mensuelle avec ses collègues des 28 pays de l’UE à Bruxelles.

Cette décision serait avant tout politique, sur fond d’implication du Hezbollah en Syrie, même si les ministres ont pris garde de ne pas évoquer la Syrie et l’implication croissante du Hezbollah dans le conflit, où il combat au côté du régime de Bachar el-Assad.

 

(Pour mémoire : Ces Libanais prêts à mourir pour le Hezbollah en Syrie...)


Mardi, le Premier ministre démissionnaire, Nagib Mikati, a affirmé que le gouvernement libanais rejette la décision adoptée par l’Union européenne au sujet du Hezbollah.

 

M. Mikati a promis que son équipe œuvrera « en vue de l’annulation de cette décision en effectuant sans cesse des contacts avec les pays de l’Union ».
Le chef du gouvernement démissionnaire a insisté sur le fait que la seule issue possible à la crise actuelle est la relance de la communication entre toutes les parties politiques sur certains points qui constituent un terrain commun d’entente, à savoir « en premier lieu la formation d’un gouvernement capable de gérer les affaires des citoyens, en second lieu, l’attachement à la politique de distanciation, non seulement par rapport aux événements en Syrie, mais également par rapport aux troubles qui secouent la région et qui se répercutent sur le Liban et le monde arabe ».

 

L’inscription de la branche armée du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes par l’UE a, par ailleurs, suscité une cascade de réactions dans les milieux du 14 Mars qui ont unanimement exprimé leur regret et leur inquiétude au sujet d’une telle décision, en faisant toutefois assumer au Hezbollah la responsabilité de cette mesure.


Dans un communiqué, le courant du Futur a exprimé ses regrets et son inquiétude profonde des suites de cette décision, avant de rappeler les développements qui ont conduit à ce stade.

 

(Pour mémoire : Nasrallah : Le débat sur la légitimité des armes ne mène à rien)

 

Il s’est dit « inquiet » de la décision européenne, car elle touche en définitive une composante libanaise principale qui a à son crédit « une expérience nationale reluisante en matière de résistance contre l’ennemi israélien, qui a abouti en définitive à libérer les territoires libanais occupés en 2000, avant qu’elle n’oriente son fusil vers l’intérieur libanais ».
Il a exprimé en outre son « inquiétude », car la décision finira par « ternir la réputation du Liban et, par conséquent, les intérêts des Libanais à plusieurs niveaux ».
« Le Hezbollah aurait pu éviter d’en arriver là », précise le communiqué du courant du Futur, soulignant que ses armes ont fini par revêtir un caractère « milicien en contradiction avec la Constitution et les lois libanaises ». Le courant du Futur a ainsi exhorté le parti chiite à réintégrer l’État et ses institutions, à respecter la légalité internationale, le principe du monopole des armes par l’État libanais et la déclaration de Baabda.

 

Pour sa part, le député des FL, Antoine Zahra, a estimé que la décision européenne a fini par décrédibiliser la campagne médiatique menée par le parti chiite qui n’a cessé d’affirmer qu’il « combattait les terroristes en Syrie ». « Lorsque celui qui fait la guerre aux groupuscules takfiristes est lui-même qualifié de terroriste, nous sommes en présence de deux faces d’une même monnaie, qui sont également rejetées par les sociétés libres et démocratiques », a-t-il dit.

 

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