L'évolution de la situation en Syrie est "sur la mauvaise trajectoire", a déclaré dimanche le Premier ministre britannique David Cameron, selon qui la position du président syrien Bachar el-Assad semble s'être renforcée ces derniers mois.
"C'est une situation très déprimante, et c'est une situation qui, est à mon avis, sur la mauvaise trajectoire", a déclaré M. Cameron au cours d'une interview avec la BBC. "Vous avez un président maléfique qui fait des choses terribles à son peuple. Je pense qu'il est peut-être plus fort qu'il ne l'était il y a quelques mois. Mais je décrirais toujours la situation comme une impasse", a dit le chef du gouvernement britannique.
Pour autant, la Grande-Bretagne, qui évoque depuis quelques mois la possibilité de fournir des armes à des groupes rebelles qui combattent le président Assad, n'a pas encore décidé si elle le ferait ou pas, a indiqué M. Cameron. Mais il a estimé qu'il était possible de faire davantage pour aider ceux des rebelles qui veulent une Syrie démocratique.
"Nous n'armons pas les rebelles. Nous n'avons pas pris de décision à ce sujet", a déclaré M. Cameron. "Nous devons faire plus pour aider ces secteurs de l'opposition qui veulent une Syrie libre, démocratique, pluraliste", a-t-il dit. "Et c'est pourquoi nous fournissons une aide avec de l'équipement non militaire, avec de l'assistance technique et de l'entraînement", a détaillé le Premier ministre britannique.
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Les pays occidentaux qui ont manifesté l'intention d'armer la rébellion, comme la Grande-Bretagne ou la France, sont confrontés au fait que cette rébellion comprend des groupes jihadistes dans les mains desquelles ils ne voudraient pas que ces armes arrivent.
Il y a "trop d'extrémisme" chez certains groupes rebelles, a reconnu M. Cameron dans son interview. Mais "cela n'est pas une raison pour se contenter de lever le pont-levis" et de ne rien faire, a-t-il dit. "Ce que nous devons faire, c'est travailler avec nos partenaires internationaux pour aider les millions de Syriens qui veulent avoir une Syrie libre et démocratique, qui veulent que ce pays ait une chance de succès", a encore dit M. Cameron.
La violence fait rage partout en Syrie
Sur le terrain, des combats et bombardements violents ont touché plusieurs localités syriennes dimanche.
Dans la province d'Idleb (nord-ouest), le centre-ville d'Ariha a été visé par un bombardement. Dix-huit personnes ont trouvé la mort dans cette attaque qualifiée de "massacre horrible" par un groupe de militants.
Les forces du régime se trouvent à la périphérie d'Ariha et maintiennent trois barrages à l'intérieur, tandis que les rebelles ont pris position dans plusieurs parties de la ville et tentent d'en prendre le contrôle, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales et militaires.
Dans la province de Hama, le village de Souran, aux mains des rebelles, a été la cible d'un bombardement causant la mort de sept personnes.
Plusieurs localités dans et autour de la capitale syrienne ont également été concernées par des violences. A Adra, à la périphérie nord-est de Damas, 28 rebelles, le chef des opérations de la Garde républicaine et plusieurs de ses hommes ont trouvé la mort dans des affrontements entre les deux camps.
Selon l'agence officielle Sana, l'armée a "capturé plusieurs terroristes du Front Al-Nosra, dont certains sont étrangers", à l'ouest de Adra, alors qu'ils tentaient de se rendre à la Ghouta orientale, fief rebelle à la périphérie est de Damas.
Dans le sud de Damas, à Yarmouk, six personnes ont été tuées dans un bombardement et des affrontements. Des "armes chimiques" ont été utilisées dans les bombardement sur cette ville a affirmé dans un communiqué la Coalition syrienne de l'opposition s'appuyant sur des vidéos postées par des militants.
A Alep, des combats intenses ont éclaté à l'aube près de l'aéroport international et de la base aérienne de Nairab dont les rebelles tentent de prendre le contrôle, dans l'objectif selon eux d'empêcher le régime de mener des raids aériens.
Un an tout juste après le début d'une importante offensive rebelle sur cette ville, les rebelles "ne sont pas parvenus à leur objectif de prendre la contrôle de la capitale commerciale syrienne", soulignait dimanche le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir.
Dans un village côtier, treize membres d'une même famille, dont six enfants ont été tués par une milice pro-régime et leurs corps ont été retrouvés dimanche dans leur maison de Bayda, près de Banias, a rapporté l'OSDH. "Les miliciens pro-régime ont voulu venger leurs morts en tuant cette famille", a précisé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, rappelant que quatre supplétifs des forces du régime avaient été tués dans la région le même jour.
A Ras al-Aïn (nord), des jihadistes ont relâché quelque 300 civils kurdes qu'ils avaient capturés en représailles à l'arrestation d'un de leur commandant par des combattants kurdes. Dans ce lieu de passage stratégique vers la Turquie, pris par les combattants kurdes il y a quelques jours, un obus de mortier tiré par des combattants jihadistes a fait un mort et un blessé.
(Lire aussi: « Les Kurdes ne veulent pas que les forces islamistes dominent leurs régions » )
La Syrie est en proie à un conflit déclenché en mars 2011 par une révolte pacifique qui s'est transformée en insurrection armée face à la répression menée par le régime de Bachar el-Assad.
Dimanche, au moins 82 personnes -40 civils, 36 rebelles et 6 soldats- ont péri dans les violences, selon le décompte quotidien de l'OSDH, qui estime que plus de 100.000 personnes ont été tuées en 28 mois de guerre en Syrie.
Alors que les violences ne faiblissent pas, Moscou, une des dernières capitales à soutenir le régime syrien auquel elle vend des armes, s'apprête à recevoir lundi le vice-premier ministre syrien Qadri Jamil qui doit s'entretenir avec le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov.
Le chef de l'opposition syrienne en exil, Ahmad Jarba, a pour sa part annoncé que les monarchies du Golfe envisagent la création d'un fonds de 400 millions de dollars pour aider la Coalition, sans précisions sur les modalités de mise en place ou de financement de ce fonds.
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commentaires (5)
Merci David Cameron, vous m'avez ôté d'un doute car cela fait deux ans et demi que je me demande si la Syrie est sur la bonne ou la mauvaise voie.
Robert Malek
16 h 23, le 22 juillet 2013