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Culture - Marseille-Provence 2013

Au « Cours Julien », la culture du Street Art...

Dans cette ville au charme canaille, l’art investit la rue avec un naturel confondant. L’exubérance méditerranéenne s’exprime à travers graffs, tags et interventions urbaines. Et la mixité fait parler les murs.

A la Friche La Belle de Mai, l’artiste Remède a apposé son hymne coloré à Marseille.

Bizarre cette méduse «scotchée» sur les murs de Marseille! De taille et couleur variables, elle promène son drôle de regard interloqué à travers les quartiers de cette cité méditerranéenne comme un clin d’œil complice aux flâneurs qui en sillonnent les rues. Signée Olo, un grapheur non encore démasqué, dame méduse n’est jamais bien loin d’un autre motif graphique, plus paradoxal: le rouleau de papier cul rose. Cet élément visuel récurrent, créé par un collectif d’artistes – évidemment! –, baptisé PQ, semble aussi baliser, à la manière d’un jeu de piste, le parcours urbain de la ville.
Tout cela donne la vague impression de se promener en territoires subversifs et codés ! Le pastis et l’aïoli aidant, c’est une ville à la pétulance créative qui se dévoile au regard du promeneur.
Car, parallèlement aux sculptures, installations et interventions spécialement conçues in situ pour l’année «Capitale culturelle» (déjà évoquées dans notre édition du 17 juin), Marseille offre à ses visiteurs du Street Art à s’en pourfendre les mirettes!  
En particulier dans l’enclave du Cours Julien. Ce quartier des artistes au XIXe siècle est aujourd’hui l’un des lieux essentiels de la culture alternative et indépendante de la cité phocéenne.

 


La méduse d'Olo sortie de l'eau.

 


Quartier bobo
Reconverti en secteur bobo, avec ses galeries d’art, ses librairies, ses ateliers d’artistes, ses bouquinistes, ses boutiques de créateurs et autres «concepts stores» aménagés dans les ex-entrepôts et chambres froides qui entouraient l’ancien marché de gros des fruits et légumes qui s’y tenait jusqu’aux années 70, le Cours Julien reste articulé autour de l’ancienne Académie d’art. Une belle bâtisse à l’architecture néoclassique – qui, outre l’école d’art, a également abrité les salles de répétitions des fameux Ballets de Marseille créés par Roland Petit avant d’être reconvertie aujourd’hui en bibliothèque publique – dont l’immaculée blancheur tranche sur les mille et une couleurs des ruelles et petites places alentour.
Dans ce lieu qui a gardé le charme pittoresque d’un quasi-village, les artistes urbains y ont apposé leurs empreintes, évidemment frondeuses, tout en développant avec les riverains une certaine complicité!
Car une sorte de pacte tacite de collaboration semble «orienter» les créations des grapheurs-tagueurs vers des thèmes en adéquation avec les devantures des commerçants. Ainsi, les façades taguées de scènes aux motifs et symboles des cultures chinoise, indienne, italienne, allemande, cubaine ou encore libanaise, d’une rue alignant toutes sortes de cuisines du monde déclinent instantanément l’identité du restaurant!
«Il ne s’agit plus de vandalisme, mais d’expression artistique», estime d’ailleurs le propriétaire d’un petit commerce du quartier, dont la devanture a été entièrement «ornée» de fresques réalisées au pochoir, reprenant les motifs et les couleurs de son décor à l’intérieur.
Cette démarche artistique, qui est l’un des grands mouvements du XXe siècle, est ainsi pleinement reconnue et appréciée à Marseille. Question de mixité et de tempérament méditerranéen sans doute!

 

 

La façade du Restaurant du Liban revisitée par les tagueurs.



« Shooting Angels »
Même la municipalité a fini par «dédier» quelques pans de murs à l’intervention urbaine. L’un d’eux – toujours dans l’enceinte du Cours Julien – est actuellement occupé par les «Shooting Angels». Ce duo de photographe et de grapheur fait poser les passants devant des ailes d’ange dessinées sur un coin de rue, pour élaborer une œuvre participative. L’ensemble des polaroïds qu’ils ont shootés formant au final une mosaïque de portraits présentés en accrochage virtuel sur leur site Web.

 


Street Art et Street Food
Outre les photographies en affichages géants de JR commandités spécialement pour Marseille-Provence 2013 (dont nous avions parlé dans l’édition du 18 juin), une autre œuvre monumentale de Street Art signée Remède, un grapheur désormais rentré dans les rangs, se déploie sur tout le mur du toit-terrasse de la Friche La Belle de Mai (10 x 40 m) comme un hommage en symboles et couleurs à Marseille.

 

JR Intervention urbaine


Côté design, c’est inspiré par cet esprit bobo et «street-méditerranéen», qui nimbe tout le quartier, que Philippe Stark a signé l’aménagement du tout nouveau «Mama Shelter», hôtel, bar restaurant et lieu de concert avec sa miniscène! L’art sous toutes ses formes, se déclinant sur des supports et des matières diverses, investit ainsi le champ du quotidien.
D’ailleurs, la chaîne de restaurants Les Grandes Tables l’a bien compris. Qui, dans le cadre de Marseille 2013 et dans le but d’un rapprochement entre culture et gastronomie, a lancé le concept des Grandes Carrioles. Il s’agit de 8 étals ambulants, au design conçu par divers artistes et créateurs, qui sillonnent la ville pour servir, chacun, un menu unique artistiquement élaboré par des chefs expérimentés.
Marseille, théâtre de prédilection des artistes grapheurs, est aussi en passe de devenir le haut lieu du melting-pot
artistique.

 

 

Pour mémoire

A Marseille, une année de créations et d’architectures « capitales »

 

Le « MaMo » sur le toit de La Cité radieuse : une main ouverte aux arts

 

Le Mucem de Marseille, cœur battant de la Méditerranée
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