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Liban - Sécurité

Nouvelle forme de violence à Tripoli : l’armée visée par les tirs de « groupes armés »

Au lendemain de la nouvelle montée des violences à Tripoli, l’armée devient une cible : le bilan de deux morts et six blessés parmi les militaires s’ajoute aux deux morts et trente blessés parmi les civils.

La bataille de Qousseir en Syrie se répercute depuis dimanche sur le front de Tripoli, précisément la rue de Syrie et ses environs, séparant les deux quartiers de Bab el-Tebbaneh (sunnite) et Baal Mohsen (alaouite), la ville du Nord étant sans doute le point le plus propice à l’embrasement de ce conflit communautaire.


Cette fois, les violences s’annoncent intenses, le bilan des victimes s’élevant après deux jours de combats entrecoupés de brèves accalmies à deux morts et 30 blessés parmi les civils (Mohammad Youssef et Abdel Kader Ahmad), mais aussi deux tués hier dans les rangs de l’armée (Omar Omar et Ali Chéhadé). Si l’usage d’armes lourdes « non encore utilisées », selon des témoignages recueillis sur le terrain, constitue un élément caractéristique de cette nouvelle montée des violences, un phénomène nouveau se confirme dans la ville du Nord : celui des attaques directes contre l’armée. En effet, alors que la troupe mettait en œuvre son plan d’intervention en début d’après-midi (arrivée des renforts d’hommes et de blindés pour soutenir les unités militaires déployées dans la rue de Syrie ; perquisitions des zones qui constituent des sources de tirs...), « des groupes armés ont tiré intensivement sur les postes de l’armée à Bab el-Tebbaneh et à Malloulé », selon les précisions du communiqué de l’armée, qui n’a pas donné d’information supplémentaire sur la source des tirs.


« L’armée met en garde contre le danger de poursuivre les attaques contre les citoyens et contre les postes de l’armée », a ajouté le communiqué, dressant le bilan d’un mort et de six blessés parmi les militaires. Un mort s’est ajouté à ce bilan en début de soirée. Pourtant, l’armée s’était efforcée depuis le matin à répondre aux sources de tirs afin de calmer les affrontements, veillant toutefois à ne pas entrer en confrontation avec les parties au conflit. La présence militaire a ainsi réussi à contenir de manière ponctuelle la montée des violences, comme par exemple au moment de la procession funèbre de Abdel Kader Farès à Bab el-
Tebbaneh, au niveau de Malloulé, qui s’est déroulée dans un calme relatif, en dépit de la présence visible d’éléments armés et des échos de tirs sporadiques.

Salam-Mikati
Suite à ces attaques contre l’institution militaire, le parquet militaire a chargé la police militaire d’entamer une enquête préliminaire.


Entre-temps, plusieurs jeunes ont bloqué des rues intérieures de Tripoli avec des pneus enflammés. En outre, la réunion des autorités du Nord au domicile de l’ancien ministre Mohammad Kabbara (devenue une coutume à chaque reprise des violences à Tripoli) a mis l’accent cette fois sur « la nécessité de ne pas porter atteinte à l’armée ». À l’issue de cette réunion ayant regroupé Ahmad Karamé, représentant le Premier ministre sortant Nagib Mikati, Ahmad Safadi, représentant le ministre Mohammad Safadi, ainsi que le député Khaled Daher, Mohammad Kabbara a tenu une conférence de presse concise dénonçant « les manifestations arbitraires de violence aux quatre coins de la ville » et appelant avec insistance « les habitants à coopérer avec l’armée afin de vaincre le complot qui se prépare contre Tripoli ».


« L’armée accomplit son devoir d’imposer l’ordre avec fermeté et justice », a-t-il ajouté. Cette fermeté de la troupe sur le terrain, réitérée par le communiqué de l’armée, a été appuyée et saluée par le Premier ministre Nagib Mikati, qui a contacté le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, pour s’enquérir de la situation sur le terrain. Il a par ailleurs exhorté les Tripolitains à « ne pas se laisser entraîner à nouveau dans le feu de la discorde », se désolant que la capitale du Nord « soit à chaque fois assimilée à une boîte aux lettres politiques et sécuritaires que d’aucuns utilisent dans un sens ou dans l’autre ». Le Premier ministre désigné Tammam Salam a contacté pour sa part le président Mikati, exprimant sa « vive inquiétude » des incidents à Tripoli et appelant à « calmer les esprits ». Pourtant, aussi bien le Parti démocrate arabe (mené par Rifaat Ali Eid) que les habitants de Bab el-Tebbaneh ont assuré en toute conscience qu’ils s’abstiennent de tirer et qu’ils sont les victimes des tirs de l’autre camp.

Heurts intermittents
D’ailleurs, les raisons directes du déclenchement des violences sont jusque-là inconnues. Notons que la journée d’hier avait commencé dans un calme précaire, après la baisse des échanges de tirs dans la soirée de dimanche à lundi. Mais les combats devaient reprendre de plus belle après la prière de midi, au milieu d’un intense échange de tirs et d’obus dans la rue de Syrie et ses environs, ainsi que sur les axes principaux qui constituent autant de fronts pour les combattants (l’axe Saydé, Souk al-Kameh, la montée al-Amri, le quartier de Malloulé...), mais aussi des points de positionnement pour les snipers, qui constituent sans doute la menace la plus sournoise pour les citoyens. Hier précisément, au rythme des tirs et obus échangés dans l’après-midi, et jusqu’en début de soirée, les tirs de francs-tireurs se sont intensifiés, amenant à détourner la circulation au niveau du pont de Malloulé.


Alors que la circulation routière était quasi normale dans la journée, les universités et les écoles ont été les seuls établissements à fermer leurs portes. Les habitants de Bab el-Tebbaneh ont exprimé leur volonté de rester dans la ville, quand bien même des centaines de familles ont fui dès le matin hier en direction de Denniyé. Un calme précaire régnait en fin de soirée au niveau des axes séparant Bab el-Tebbané de Jabal Mohsen.
À l’image des développements sur le terrain qui se ressemblent à chaque reprise des violences, les réactions politiques ont surtout porté sur des appels à contenir la situation et à l’immuniser contre les facteurs extérieurs. Les appels à interdire le port d’armes et à résoudre la question plus générale de « l’impunité des armes illégitimes » ont également été exprimés.

 

 

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Cette fois, les violences s’annoncent intenses, le bilan des victimes...

commentaires (1)

L'attaque sur notre armée nationale n'est pas que militaire, elle est aussi de l'intérieure, par des groupuscules qui répondent à des fatwas salafowahaboqataricanobaliqaidaanosra ...

Jaber Kamel

12 h 00, le 21 mai 2013

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Commentaires (1)

  • L'attaque sur notre armée nationale n'est pas que militaire, elle est aussi de l'intérieure, par des groupuscules qui répondent à des fatwas salafowahaboqataricanobaliqaidaanosra ...

    Jaber Kamel

    12 h 00, le 21 mai 2013

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