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À La Une - Syrie

Pour Erdogan, Damas veut entraîner la Turquie dans un "scénario catastrophe"

Le régime syrien dément être derrière les attentats en Turquie ; libération de quatre Casques bleus enlevés sur le Golan.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours à Istanbul. REUTERS/Murad Sezer

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé dimanche que le régime syrien tentait d'entraîner la Turquie dans un "scénario catastrophe" avec des attentats comme celui qui a coûté la vie à 46 personnes la veille à Reyhanli, une localité proche de la Syrie.

 

"Ils veulent nous entraîner dans un scénario catastrophe", a déclaré lors d'un meeting à Istanbul M. Erdogan, avant d'appeler la population à "être vigilante et de garder son sang froid face à chaque provocation visant à attirer la Turquie dans le bourbier syrien".

 

De son côté, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a reproché à la communauté internationale son "silence" sur le dossier syrien dont une conséquence serait "l'attentat barbare" de samedi, lors d'une visite dimanche à Berlin.
"La Turquie est en droit de prendre toutes les mesures qu'elle veut, et continuera à le faire", a assuré M.Davutoglu, invitant la communauté internationale à "dire stop" et à "adopter une position claire contre les provocations du régime (de Damas) qui alimentent le feu".

Il a appelé à "une initiative diplomatique urgente (...) pour trouver une solution à la crise syrienne".

Le ministre turc a à son tour accusé "une ancienne organisation marxiste directement liée au régime" de Damas pour les attentats à la voiture piégée de la veille.


Mais le régime syrien a démenti dimanche toute implication dans le double attentat qui a fait samedi 46 morts dans une localité turque frontalière.

"La Syrie n'a pas commis et ne commettra jamais un tel acte, non pas parce que nous n'en sommes pas capables, mais parce que nos valeurs ne nous le permettent pas", a affirmé le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, dans une conférence de presse retransmise à la télévision publique. "Nous avons été attristés par la mort de martyrs" samedi dans la localité de Reyhanli, dans le sud de la Turquie, près de la frontière avec la Syrie, a ajouté le ministre. "Ce sont nos frères", a-t-il indiqué.

 

"C'est (Recep Tayyip) Erdogan qui doit être questionné sur cet acte (...). Lui et son parti en assument la responsabilité directe, a poursuivi M. Zohbi. Il doit démissionner en tant qu'assassin, il ne peut pas bâtir sa gloire sur le sang des Turcs et des Syriens".

"Pourquoi ces attentats quelques jours avant la rencontre entre Erdogan et (le président américan Barack) Obama? Lui (Erdogan) dont le pays est membre de l'Otan, veut-il inciter les Etats-Unis à une intervention en Syrie en lui disant que son pays est attaqué?", a encore demandé le ministre Zohbi.

"Veut-il faire échouer les efforts entre les Russes et les Américains?", a-t-il dit. Moscou et Washington se sont entendus la semaine dernière pour inciter Damas et les rebelles à s'asseoir autour d'une table et ont plaidé pour l'organisation "au plus vite" d'une conférence internationale sur la Syrie.

 

Le double attentat de Reyhanli est l'attaque la plus meurtrière enregistrée en Turquie depuis plusieurs années, et en particulier depuis le début du conflit en Syrie voisine en mars 2011 qui a fait plus de 80.000 morts, pour près de la moitié des civils, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En Turquie, neuf personnes ont été interpellées dimanche après cette attaque qui a réveillé les craintes de débordement du conflit syrien. Le vice-Premier ministre turc Besir Atalay a annoncé que ces neuf personnes, toutes de nationalité turque, appartenaient à "une organisation terroriste en contact avec les services de renseignement syriens", ajoutant que certaines avaient fait des "aveux". M. Atalay a également indiqué que 38 des 46 personnes tuées dans l'attaque avaient été identifiées et que 35 étaient de nationalité turque et trois autres syrienne.

 

"Les coupables en paieront le prix"

Quelques heures après la double explosion, le ministre de l'Intérieur Muammer Güler avait affirmé dès samedi soir que les responsables de l'explosion de deux véhicules bourrés d'explosifs devant la mairie et la poste centrale de Reyhanli, une ville de 60.000 habitants où vivent de nombreux réfugiés syriens, étaient "liés à des organisations soutenant le régime syrien et ses services de renseignement".
Dimanche, M. Güler s'est refusé à en dire plus sur l'identité des suspects et la nature de leur groupe, mais il a indiqué qu'il s'agissait d'activistes "dont on connaît les noms et les activités" et leurs "contacts étroits" avec le régime syrien.
"Nous avons identifié ceux qui étaient les organisateurs, ceux qui ont effectué des reconnaissances, ceux qui ont déposé les véhicules", a-t-il déclaré.


Plusieurs journaux turcs ont évoqué dimanche la piste d'un groupuscule clandestin turc de gauche, les Acilciler, dont le chef Mihraç Ural aurait trouvé refuge en Syrie à la fin des années 1970. Le quotidien pro-gouvernemental Sabah a rapporté lundi dernier que Mihraç Ural avait participé récemment à des exactions contre la population dans le nord-ouest de la Syrie.
M. Güler a souligné qu'un des objectifs des instigateurs de l'attaque était de "provoquer des tensions entre les gens qui vivent ici (à Reyhanli) et ceux (les Syriens) qui y sont hébergés comme des invités dans un but humanitaire".


Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a mis en garde samedi les auteurs de l'attentat, d'où qu'ils viennent. "Les coupables en paieront le prix, qu'ils viennent de l'intérieur ou de l'extérieur du pays", a-t-il dit lors d'un déplacement à Berlin. Le ministre a par ailleurs prévenu que les forces de sécurité turques "ont pris des mesures". "Nous ne permettrons pas de telles provocations dans notre pays", a-t-il assuré.

 

"La Turquie semble s'enfoncer dans le marécage syrien"
Ces assurances n'ont pas empêché les critiques de se multiplier dans la presse et l'opposition concernant la politique de soutien à la rébellion syrienne et d'accueil de réfugiés syriens, au nombre de 400.000 actuellement.
"La Turquie semble s'enfoncer dans le marécage syrien. (...) Depuis des mois, elle est devenue partie prenante dans cette guerre civile en soutenant directement l'opposition", a estimé l'éditorialiste Can Dündar dans le quotidien Milliyet.
"Le gouvernement aurait dû prévoir la réaction de Damas et prendre les mesures nécessaires pour protéger la population", a-t-il ajouté.


Plus critique, Orhan Bursali, du quotidien d'opposition Cumhurriyet estimait que "ce massacre est le produit des politiques belliqueuses du pouvoir" turc. Le chef de l'opposition sociale-démocrate, Kemal Kiliçdaroglu, a quant à lui appelé le gouvernement à "revoir sa politique étrangère".
Dans Zaman, proche du gouvernement, Abdülhamit Bilici a mis en garde: "Nous sommes engagés dans une guerre qui ne dit pas son nom avec une Syrie qui partage avec nous une frontière de 910 km. Nous pouvons à chaque instant être confrontés à des attaques encore pires."

 

"On veut juste qu'ils partent"
A Reyhanli même, où avaient lieu dimanche les enterrements des premiers corps identifiés, la tension était vive entre les habitants et les nombreux syriens installés dans la ville et dans un camp de réfugiés proche.
"On veut juste qu'ils partent. Rien de tout cela ne serait arrivé s'ils n'étaient pas là", a déclaré à l'AFP un habitant, Ahmet Keskin, charpentier. "Certains d'entre eux vendent des cartouches sur des étals dans la rue. Des voitures remplies d'armes (...) On n'avait jamais vu ça avant dans cette ville paisible", a-t-il ajouté.
Samedi, la police a dû tirer en l'air pour disperser des groupes de jeunes voulant agresser des Syriens.

Comme la Turquie, la principale composante de l'opposition syrienne a accusé dimanche le régime de Bachar el-Assad d'être derrière les attentats de samedi.
"Le Conseil national syrien condamne dans les termes les plus forts les crimes lâches menés par les collaborateurs du régime syrien dans la localité turque de Reynhali", a indique le CNS, le groupe le plus influent au sein de la Coalition de l'opposition. "Ce qui s'est passé à Reyhnali prouve l'étendue de la criminalité du régime assassin et le danger que cela pose aux voisins de la Syrie et à la paix et à la stabilité de la région", poursuit le communiqué.

 

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a aussi condamné l'attentat "terroriste sauvage".
"Le gouvernement irakien condamne vivement les attentats criminels dans la ville de Reyhanli et exprime sa solidarité avec le peuple turc et les familles des victimes innocentes", a indiqué pour sa part le Premier ministre irakien Nouri el-Maliki dans un communiqué. Selon lui, "ces crimes ainsi que l'extension des actes de terrorisme doivent inciter tous les pays, notamment ceux de la région, à renforcer leur coopération et coordination pour faire face à ce fléau".


Enfin, quatre Casques bleus philippins enlevés cette semaine par les rebelles syriens à un poste d'observation sur le plateau du Golan ont été libérés dimanche, a annoncé le porte-parole de l'armée philippine.

"Ils ont été libérés et remis au commandant du bataillon philippin sur le plateau du Golan", a déclaré le général Domingo Tutaan. Ces soldats, engagés au sein de la Force de l'observation du désengagement sur le Golan (Fnuod), se portent bien mais "la procédure veut qu'ils se soumettent à un débriefing de stress et à un examen médical", selon lui.

 

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"Ils veulent nous entraîner dans un scénario catastrophe", a déclaré lors d'un meeting à Istanbul M. Erdogan,...

commentaires (5)

Correction : ET LES TURCS EN ONT PLUS QU'UNE....

SAKR LOUBNAN

12 h 37, le 13 mai 2013

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Commentaires (5)

  • Correction : ET LES TURCS EN ONT PLUS QU'UNE....

    SAKR LOUBNAN

    12 h 37, le 13 mai 2013

  • OULALA (hhh) !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 23, le 13 mai 2013

  • SANS CERVELLE ON Y PLONGE ! MAIS CEUX QUI EN ONT UNE " ET LES TURCS ONT EN PLUS QU'UNE" COMPTENT JUSQU'A DIX, EN DONNANT AUX AUTRES LA POSSIBILITÉ DE LA RÉDEMPTION, SINON... LA RACLÉE... OU YIALLI MIN IDOU ALLAH I ZIDOU !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 48, le 13 mai 2013

  • La turquie d'erdo a le choix , ou elle arête d'armer et d'entrainer les mercenaires a travers son alliance avec les salafowahabomachinchoette truc/sio, ou elle intervient directement et au grand jour, mai dans les 2 cas elle va y laisser des plumes .La duplicite ne paie pas toujours en politique.

    Jaber Kamel

    23 h 36, le 12 mai 2013

  • La turquie est face a 2 situations, soit elle demande aux refugies mercenarises de quitter le pays et les empeche d'agir a partir de son territoire, soit elle decide de rentrer dans le conflit syrien ouvertement. Dans les 2 cas elle payera un prix eleve a sa politique de duplicite. On le dit, la Syrie c'est pas la Lybie, et les otages libanais chiites devraient etre liberes au plus vite, sinon .........NB les habitants de Reyhanli sont a majorite pro regime legitime, je ne vois pas pourquoi Damas y ferait sauter quelque chose la bas.

    Jaber Kamel

    18 h 56, le 12 mai 2013

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