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À La Une - Eclairage

Face au conflit syrien, Brahimi "a le sentiment d'être devenu inutile"

L'émissaire "songe chaque jour" à démissionner.

L'émissaire international pour la crise syrienne Lakhdar Brahimi n'a pas trouvé la solution miracle pour résoudre le conflit en Syrie. AFP PHOTO / KHALED DESOUKI

Tout au long de sa carrière Lakhdar Brahimi a répété qu'il n'existait pas de "situation sans espoir" mais ce diplomate algérien chevronné n'a pas trouvé la solution miracle pour résoudre le conflit en Syrie.

 

Âgé de 79 ans, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe qui a pris ses fonctions le 17 août 2012, est prêt à jeter l'éponge. Son prédécesseur, Kofi Annan, avait fait de même en invoquant les divisions entre Occidentaux, qui appuient les rebelles, et Russes et Chinois, alliés du régime de Bachar el-Assad.

 

M. Brahimi "songe chaque jour" à démissionner mais ne devrait pas prendre sa décision avant la mi-mai, a déclaré à l'AFP un de ses collaborateurs au Caire. "Chaque fois qu'il avance d'un pas, ses progrès sont contrebalancés par dix pas en arrière des pays arabes", explique une autre source proche du médiateur. "En plus, maintenant, que les Américains ont décidé d'accroître leur soutien militaire (aux rebelles), il a le sentiment d'être devenu inutile".

 

S'il partait, souligne un diplomate onusien, ce serait le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon qui prendrait directement en main le dossier de la Syrie, déchirée par une guerre civile déclenchée en mars 2011 par une révolte populaire réprimée par le régime et qui s'est transformée en rébellion armée. Mais les experts sont divisés sur ses chances de parvenir à régler le conflit qui a fait plus de 70.000 morts, poussé à l'exode plus d'un million de Syriens et dévasté le pays.

 

"Pour moi, Brahimi avait le double avantage d'être une personnalité arabe et d'avoir une énorme expérience politique", explique à l'AFP Nikolaos Van Dam, ex-diplomate hollandais spécialiste du Moyen Orient et auteur de "La lutte pour le pouvoir en Syrie". "Sa tâche était une 'mission impossible' et je ne vois pas comment un successeur potentiel mènerait à bien une tâche aussi difficile", estime-t-il. Et cela, "aussi longtemps que les membres de l'ONU et de la Ligue arabe ne soutiendront pas en pratique les principes de Genève".

Ce texte, adopté en juin 2012 par le Groupe d'action sur la Syrie (les grandes puissances, des pays arabes, la Turquie, l'ONU et l'Union européenne) appelle à la fin immédiate des violences et prévoit la mise en place d'un processus de transition politique. Mais il ne se prononce pas sur le sort de M. Assad.

 

M. Brahimi, qui avait joué un rôle déterminant comme émissaire de la Ligue arabe dans l'accord qui a mis fin en 1989 à la guerre civile au Liban puis effectué différentes missions de l'ONU dans le monde, aura pourtant tout essayé, en dépit des critiques, venues des deux belligérants.

Aussitôt nommé, l'opposition lui demande e s'excuser pour avoir affirmé qu'il ne savait pas si le moment était venu de demander le départ de M. Assad. Sa troisième et dernière visite à Damas, la veille de Noël 2012, marquera la quasi-rupture avec le président syrien qui met fin à la discussion quand l'émissaire lui demande s'il a l'intention de se présenter à la présidentielle de 2014. Quelques jours plus tard, M. Brahimi enfonce le clou. "Le changement réclamé ne doit pas être cosmétique, le peuple syrien réclame un changement réel".

La presse syrienne se déchaîne, le traitant de "faux médiateur" et de "touriste âgé" et les Affaires étrangères l'accusent de "partialité flagrante" en faveur des "ennemis" du régime.

En octobre 2012, il tente d'établir un cessez-le-feu à l'occasion d'une fête musulmane, mais cette initiative fait long feu. Il se rend dans les capitales de la région, en Europe, à Moscou et Pékin, mais sans succès.

Ses appels à cesser d'armer les protagonistes et à un dialogue inter-syrien dans les locaux de l'ONU ne reçoivent aucun écho.

 

Mais aujourd'hui, "Russes et Américains semblent désormais disposés à trouver une solution", estime Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas pour les études stratégiques, proche du pouvoir. "Je pense qu'il y aura un troisième émissaire qui fera naître une solution".

 

Pour mémoire

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Tout au long de sa carrière Lakhdar Brahimi a répété qu'il n'existait pas de "situation sans espoir" mais ce diplomate algérien chevronné n'a pas trouvé la solution miracle pour résoudre le conflit en Syrie.
 
Âgé de 79 ans, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe qui a pris ses fonctions le 17 août 2012, est prêt à jeter l'éponge. Son prédécesseur, Kofi Annan, avait fait de...

commentaires (3)

Il y a plus de 6 mois, j'avais écris ici même car il était (son rôle) déjà périmé: Who's next? S'il était honnête, il dirait avant de s'en aller, ou après, ce qu'il a réellement découvert et réellement pourquoi il s'en va comme s'en était allé son prédécesseur 3annan (bon, les poches pleines car maman onu est très généreuse!)... s'il était honnête, bien sur! Car travailler là-dedans tout une vie, sans se boucher le nez...hein..

Ali Farhat

16 h 45, le 06 mai 2013

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Commentaires (3)

  • Il y a plus de 6 mois, j'avais écris ici même car il était (son rôle) déjà périmé: Who's next? S'il était honnête, il dirait avant de s'en aller, ou après, ce qu'il a réellement découvert et réellement pourquoi il s'en va comme s'en était allé son prédécesseur 3annan (bon, les poches pleines car maman onu est très généreuse!)... s'il était honnête, bien sur! Car travailler là-dedans tout une vie, sans se boucher le nez...hein..

    Ali Farhat

    16 h 45, le 06 mai 2013

  • La diplomatie : l'art de plonger dans des eaux troubles sans faire de plouf. Ainsi a agi M.Brahimi en Syrie sans faire aucun plouf . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    16 h 44, le 06 mai 2013

  • Parce qu'avant il était utile...?

    M.V.

    08 h 14, le 06 mai 2013

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