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Culture - Exposition

Les deux cents visages du Liban, en photos

Deux journalistes, photographes amateurs, Bachir el-Khoury et Philippine de Clermont Tonnerre, mettent en scène à la crypte de l’USJ « 200 photos pour un fou », ou la mosaïque libanaise dans un bric-à-brac pictural illustrant ses « 10 000 kilodiversités ».

Philippine de Clermont Tonnerre et Bachir el-Khoury.

Lui, Libanais, trentenaire, journaliste, appartenant à la génération de la guerre, mais aussi celle de l’après, où la reconstruction a enchevêtré sur d’autres genres de destructions patrimoniales et sociales.
Elle, Française, à peine trentenaire, journaliste et enseignante, a grandi avec dans son inconscient «un attrait pour la Méditerranée», tombée amoureuse d’un pays et de « Lui », cet homme barbu et fou qui l’a emmenée sur les chemins de traverse et fait visiter les quatre coins de son pays.
Son Liban à lui? «Mon Liban est composé de plusieurs Liban. Il y a d’abord, en toile de fond, ce pays fantasmé, qui a existé dans les photos de nos parents et nos grands-parents. Il y a aussi le Liban que j’ai vécu, celui des guerres et des dévastations. Puis celui de la reconstruction, avec ses post-traumas sociaux, leurs séquelles négatives et leurs défigurations. Mon Liban est aussi celui de tout le monde », conclut avec un sourire Bachir el-Khoury.
Son Liban à elle? «Le Liban est mon pays d’adoption. Quand j’ai débarqué ici, il y a trois ans de cela, ma première réflexion a été: “mais c’est mon pays, c’est le pays ou j’aurais dû naître”. Depuis, j’ai l’impression de vivre dans un fantasme. Tout Français a dans son inconscient une certaine attirance pour le Liban. Je pressentais l’odeur et le parfum de sa diversité, de cette exception du monde arabe.» Et Philippine de Clermont Tonnerre d’ajouter: «La France est ma terre d’origine. Le Liban c’est la terre que j’ai choisie, mais c’est également ma terre d’origine. Il y a quelque chose d’ancestral ici, dans ce berceau des religions.»
Le pays du Cèdre, donc, un pivot autour duquel ces deux jeunes «amateurs photographes» se sont rencontrés et aimés. Dans leurs pérégrinations hebdomadaires, ils emmenaient un petit appareil photo Canon numérique. Avec son utilisation compulsive, ils sont devenus «photovores». À force de cliquer à droite et à gauche, de vouloir immortaliser les scènes insolites, le chat au coin d’une rue, la vieille bâtisse qui résiste, les cimes enneigées, les nuits endiablées sur le comptoir du Skybar, le vendeur de «foul» devant le jardin de Sanayeh, les sommets majestueux du Mont-Liban, les ruelles escarpées du vieux Saïda, les panoramiques de la Békaa, le foisonnement de Tripoli...
Au total, plus d’un millier de photos qu’ils égrenaient parfois avec nostalgie, certains soirs, comme on ouvre un album de famille. Et qu’ils exposent aujourd’hui et demain à la crypte de l’USJ, pour partager ces lieux, ces moments, ces instants immortalisés sur des papiers de 13 cm x 18 cm.
Deux cents photos, donc, regroupées autour de cinq thèmes: «Mon(t)-Liban», «Beyrouth ya set el-dounia», «Les 10 000 kilodiversités», «La vieille et la bête», ainsi que «Marie l’islamo-chrétienne». Quatre textes en français et en arabe ainsi qu’une mise en scène différente par thème, et des poèmes de Nadia Tuéni (dont un poème a également inspiré le titre de l’expo) et de Nizar Kabbani jalonnent le parcours audiovisuel.
Cette exposition amatrice vise à «exposer dans sa réalité la plus crue, la moins “photoshopée” la beauté, mais aussi les contrastes et les paradoxes d’une histoire, d’une géographie et d’un peuple», soulignent Bachir et Philippine.
Dans ces regards croisés et similaires, ce patchwork illustrant la schizophrénie locale, certains verront, à bon escient, un appel à la préservation du Liban (ou ce qui en reste). Que l’on voit dans de vieilles photos regroupées ici sous l’intitulé «In Memoriam».

* « 200 photos pour un fou » à la crypte de l’USJ, rue Monnot, aujourd’hui samedi 4 et demain dimanche 5 mai. De 10h à 19h.
Lui, Libanais, trentenaire, journaliste, appartenant à la génération de la guerre, mais aussi celle de l’après, où la reconstruction a enchevêtré sur d’autres genres de destructions patrimoniales et sociales. Elle, Française, à peine trentenaire, journaliste et enseignante, a grandi avec dans son inconscient «un attrait pour la Méditerranée», tombée amoureuse d’un pays et de...

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