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La « montagne » de déchets de Saïda devrait disparaître début mai

« L’usine de traitement de déchets qui a été établie près du dépotoir accueille déjà tous les déchets de Saïda et des villages environnants ».

Le dépotoir de Saida. Photo d'archives.

Samedi dernier, le président du conseil municipal de Saïda, Mohammad Saoudi, a annoncé le début de l’opération de réhabilitation du dépotoir de la ville, lors de la signature d’un accord avec une entreprise qui sera chargée de faire disparaître la « montagne » de déchets. Mais que signifie exactement cet accord et quand le dépotoir sera-t-il effectivement fermé, sachant que des camions déversant leur contenu sont toujours observés sur le site ?


Contacté par L’Orient-Le Jour, Ibrahim Bsat, vice-président du conseil municipal, précise que « le dépotoir devrait être fermé définitivement aux alentours du 10 mai ». Il souligne que « l’usine de traitement de déchets qui a été établie près du dépotoir accueille déjà tous les déchets de Saïda et des villages environnants ». Il rappelle que l’usine emploie la technique du tri et compostage. « Le seul problème qui reste est celui des sacs en plastique, mais il sera réglé bientôt car l’usine devrait se doter d’une machine pour leur lavage et leur recyclage », dit-il.


Interrogé sur le prix du traitement de la tonne (qui avait longtemps été un obstacle à un accord entre l’usine et les municipalités du caza), le responsable municipal affirme qu’il est de 80 à 85 dollars pour les deux premières années. « Mais c’est le ministère de l’Intérieur et des Municipalités qui s’acquittera de ces sommes, puisées dans la Caisse des municipalités, à l’instar de l’accord avec la société chargée du ramassage et du traitement des déchets du Grand Beyrouth », a-t-il expliqué.


L’accord signé en week-end, selon M. Bsat, porte précisément sur la réhabilitation du dépotoir vieux de quarante ans, une opération qui devrait durer trente mois. La société en charge sera libanaise mais profitera de l’expertise d’une société française, sachant que le consultant de cette opération est le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). « Pour ce qui est des techniques de réhabilitation, les quelque 50 à 60 % de remblais et déchets de chantiers qui composent le dépotoir seront traités et utilisés pour le remblayage de la mer, explique-t-il. Les matières organiques seront traitées sur place. L’endroit où est actuellement érigée la décharge sera transformé en jardin. »


Sur les camions qui continuent de déverser des déchets sur le dépotoir, M. Bsat dit qu’« il s’agit simplement de remblais qui devront être utilisés dans le reste du projet ». Le « reste du projet », justement, c’est le remblayage de la mer sur toute la surface séparant le dépotoir de l’usine, c’est-à-dire sur plus de 500 000 mètres carrés. Un brise-lames est déjà en construction pour délimiter ce futur terrain gagné sur la mer. La municipalité et les autorités politiques de la ville revendiquent ce projet pour, disent-elles, augmenter la surface de Saïda. « Ce terrain sera la propriété de l’État, explique M. Bsat. Mais avec le temps, la municipalité demandera à en avoir le droit d’exploitation afin d’y établir des projets d’intérêt public, à l’instar de la construction d’une station d’épuration des eaux usées. »

Critiques...
Toutefois, des ONG environnementales ont dénoncé ce projet comme étant antiécologique et très néfaste pour le milieu marin. « Tout est fait suivant les critères environnementaux que nous a imposés le ministère de l’Environnement, qui a donné son accord pour le lancement des travaux, rétorque M. Bsat. Une étude d’impact environnemental a été effectuée par l’entrepreneur. »


Tel n’est pas l’avis de Rima Tarabay, docteur en géographie, spécialiste dans le développement durable et l’environnement, vice-présidente de l’association écologique Bahr Loubnan, qui s’est longtemps penchée sur le cas de la décharge de Saïda. Selon elle, ce projet aura « des conséquences catastrophiques et irréversibles sur le littoral ».
Elle poursuit : « Ce remblayage anéantira la zone où se trouve le phytoplancton (organisme principal à la base de la chaîne alimentaire) qui produit les éléments nutritifs pour les espèces marines. Les rayons de soleil qui alimentent la production marine d’organismes vivants ne pourront plus accéder aux zones plus profondes, ce qui conduira à l’appauvrissement de la faune et de la flore et une perte de biodiversité. Ce remblayage provoquera également l’érosion des plages des deux côtés de la zone remblayée. Enfin, les vagues s’abattront plus violemment en périodes d’intempéries, pouvant provoquer d’autres catastrophes. »


Rima Tarabay rappelle que son association avait proposé un plan de réhabilitation du dépotoir qui, selon elle, aurait été « plus respectueux du littoral » : il consistait à faire disparaître la montagne de déchets et de la remplacer par un jardin (dont le terreau aurait été composé des matières organiques traitées), tout en préservant la plage de sable qui se trouve au sud du dépotoir.

 

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