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Moyen Orient et Monde - France

Sous pression, Hollande écarte un remaniement ministériel

Le président se dit déterminé à agir et assainir la vie politique après le scandale Cahuzac.

Le président français François Hollande a eu droit à une ovation debout, hier, au Parlement marocain.  Bertrand Langlois/Pool/Reuters

La pression de l’opposition, qui s’exprime désormais aussi au sein de la coalition socialo-verte au pouvoir, s’est accrue hier en France pour pousser le président François Hollande, au cœur d’une crise politique, à un changement de gouvernement, qui est cependant exclu.


En visite d’État au Maroc pour deux jours, M. Hollande a évoqué hier un « choc considérable » après l’inculpation pour fraude fiscale de Jérôme Cahuzac, ex-ministre du Budget, et assuré que les autorités avaient « besoin de continuer la moralisation de la vie politique ». « J’irai jusqu’au bout, jusqu’au bout, sur ces questions, parce que je n’ai rien à redouter de l’application stricte de ces textes quand ils existent et de l’introduction de nouveaux textes quand ils sont nécessaires », a souligné le président, assurant qu’il faut « mettre un terme » aux affaires qui humilient la France depuis des années. « Pour être clair (...), ça n’est pas le gouvernement qui est en cause, c’est un homme qui a failli », a affirmé le chef de l’État français, interrogé à plusieurs reprises sur les suites de la mise en examen de M. Cahuzac pour blanchiment de fraude fiscale. « C’est un homme qui a failli, alors pour ce qui concerne le fonctionnement du gouvernement, il n’y a de ce point de vue pas de décision à prendre », a-t-il martelé. Selon lui, toute décision dans ce sens « laisserait penser qu’il (le gouvernement) aurait quelque chose à voir avec l’affaire en question ». « C’est une affaire individuelle mais (...) suffisamment grave pour qu’on en tire des conclusions sur le plan de notre législation, des comportements, des conflits d’intérêts et sur le plan également des contrôles fiscaux », a-t-il enchaîné.

Un nouveau scandale
Toutefois, une autre affaire pourrait éclabousser par ricochet M. Hollande : le journal Le Monde a révélé que le trésorier de sa campagne présidentielle, Jean-Jacques Augier, était actionnaire de sociétés offshore aux îles Caïmans, un paradis fiscal. « Je ne connais rien de ces activités. Si elles ne sont pas conformes à la loi fiscale, je demande que l’administration s’en empare et permette de faire les vérifications si elles sont nécessaires », a répondu le chef d’État. De son côté, M. Augier a assuré avoir « agi en toute légalité » et qu’il n’y avait « aucun lien » et « aucune responsabilité » entre ces investissements et ses activités avec M. Hollande. L’information, qui entre dans le cadre de la publication d’une longue enquête sur les paradis fiscaux réalisée par un réseau de 36 médias, alourdit un climat déjà délétère.


Les mesures annoncées mercredi par M. Hollande sur la moralisation de la vie publique ont été jugées insuffisantes par l’opposition de droite, l’extrême droite et la gauche radicale. Ce sont des « cataplasmes sur une jambe de bois », a ironisé Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche). Emboîtant le pas au Front national (extrême droite), Jean-François Copé, chef du premier parti d’opposition de droite (UMP), a appelé le président à « changer complètement son gouvernement ». « La seule issue possible, la seule, est qu’un remaniement gouvernemental de grande ampleur, Premier ministre y compris, permette à François Hollande de redonner un peu de sérénité à notre pays, de changer de politique », a-t-il insisté. Mais le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réagi aux rumeurs de remaniement ministériel en déclarant « travailler d’abord à ce que nous avons à faire avant de spéculer ». Il a aussi demandé à M. Cahuzac de « renoncer à ses indemnités » d’ancien ministre, sur son compte Twitter.


Pour une bonne partie des médias français, la situation est devenue « intenable » pour M. Hollande. Pour la presse européenne, le « tsunami politique » affaiblit encore un peu plus un président au plus bas dans les sondages en raison de sa gestion de la crise économique. Ainsi, selon une enquête de l’institut CSA réalisée après les aveux de M. Cahuzac, la cote de confiance de M. Hollande est tombée à 29 %. Une autre étude réalisée par la TNS Sofres lui donnait même une cote de 27 %, un des plus bas taux jamais enregistrés depuis 1981 par un président au 11e mois de son mandat.

 

 

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