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À La Une - La situation

Accord Baabda-Bkerké pour « des législatives à n’importe quel prix »

Un dimanche de Pâques pas comme les autres. Le président Sleiman et son épouse, en compagnie du patriarche Raï et du patriarche émérite Nasrallah Sfeir à Bkerké. Photo Émile Eid

À cinq jours du début du processus de consultations parlementaires devant mener à la désignation d’un nouveau chef du gouvernement (5-6 avril), après la démission de M. Mikati, le président Michel Sleiman a défié, dimanche, les blocs parlementaires en affirmant qu’il est hostile à toute prorogation du mandat de la Chambre, sous prétexte qu’il n’existe pas de loi électorale et qu’on se trouve devant une situation où cette prorogation s’impose, au nom de la continuité des institutions..


« Je refuse toute prorogation de la Chambre, a insisté le chef de l’État. Je ne signerais aucune loi prévoyant la prorogation du mandat du Parlement » qui expire le 20 juin.
« Nous sommes convenus avec le patriarche Raï que les élections doivent avoir lieu à la date prévue à n’importe quel prix », a déclaré M. Sleiman, qui s’exprimait à l’issue d’un entretien à Bkerké avec le patriarche maronite, dimanche de Pâques.
Si la loi de 1960 ne plaît pas aux partis politiques, qu’ils en élaborent une autre. Tant qu’elle n’a pas été remplacée par une autre, elle demeure en vigueur, a-t-il dit en substance.
« La plupart des Libanais ne veulent pas de la loi électorale de 1960, mais tous les Libanais veulent que les élections aient lieu et l’alternance au pouvoir. Si donc des élections sur base de la loi électorale de 1960 sont une grande erreur, ne pas organiser les élections est, lui, un grand péché et arriver à un vide politique est un péché mortel », a souligné le chef de l’État.
« Je ne signerai pas la prorogation du mandat du Parlement ; les partis politiques sont responsables de la situation actuelle », a redit M. Sleiman, appelant les forces politiques à s’entendre sur une nouvelle loi électorale le plus tôt possible. Il a rappelé au passage que le gouvernement avait voté un projet de loi électorale qui prévoit 13 circonscriptions et un scrutin proportionnel, réitérant par ailleurs son refus du projet de loi du Rassemblement orthodoxe.

 

(Lire aussi : Positions en flèche et divergences profondes sur le prochain gouvernement)


Le chef de l’État a par ailleurs indiqué qu’il convoquerait tous les partis à reprendre le dialogue à Baabda, estimant que les consultations préalables à la nomination d’un Premier ministre et la conférence du dialogue sont « deux processus distincts ». Et de rappeler que le patriarche demande que la conférence nationale de dialogue se transforme en instance nationale permanente.
« Le devoir du prochain gouvernement sera, d’abord, de préserver la paix civile », a ajouté le chef de l’État.
M. Sleiman a jugé par ailleurs fort possible que le gouvernement démissionnaire organise le scrutin parlementaire. « L’organisation des élections est prévue par la Constitution. Personne ne peut l’empêcher et personne ne saurait en enrayer le processus, au nom d’un quelconque argument administratif ou de la nature du gouvernement. Le gouvernement démissionnaire est habilité à se réunir pour toute action exceptionnelle ou nécessaire. »
Au sujet du processus de consultations qui s’ouvre vendredi, M. Sleiman a jugé que la tâche du président n’est pas vraiment passive et qu’il est dans ses prérogatives d’argumenter avec ses visiteurs et d’influer éventuellement sur leurs choix.

 

(Lire aussi : Raï met en garde : Des forces obscures œuvrent à désarticuler les États et les institutions ...)

Candidatures aujourd’hui de députés joumblattistes
Les prises de position de M. Sleiman coïncident avec la décision de Walid Joumblatt et des députés de son bloc de faire acte de candidature, aujourd’hui même, sur base de la loi de 1960.
Prenant la parole hier dans un meeting politique, Waël Bou Faour a expliqué : « Des voix s’élèvent pour annoncer que la loi de 1960 est cliniquement morte. Mais avec tout le respect qu’on doit à ces avis, et nous ne sommes pas des fanatiques de la loi de 1960, ni ne considérons qu’elle est la plus appropriée pour organiser des élections, nous disons que cette loi demeure en vigueur et qu’elle a fait ses preuves. Nous en avons assez de ces projets de loi orthodoxes et autres dont le seul objectif est de torpiller la loi de 1960. »


On sait par ailleurs que M. Joumblatt penche en faveur de la désignation à nouveau, pour la présidence du Conseil, de M. Mikati.


Pour sa part, le 8 Mars, qui ne se console pas encore de la démission du cabinet, a tenu une réunion au domicile de Michel Aoun à Rabieh, en présence notamment du chef des Marada, le député Sleimane Frangié, du député représentant le parti Tachnag Hagop Pakradounian, et du conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, Hussein Khalil, flanqué de Wafic Safa. La réunion de deux heures s’est achevée sans qu’une prise de position claire ne soit adoptée à l’égard du nouveau gouvernement. Une suite à ces conciliabules était prévue à Aïn el-Tiné.
Plus tôt dans la journée, dans un entretien radiophonique, le ministre du Travail Sélim Jreissaty s’était dit déçu de ce que le bloc aouniste « ait été exclu des ultimes concertations » ayant précédé l’annonce de la démission de M. Mikati.
M. Jreïssaty a estimé qu’il y a « peu de chances » pour que les élections législatives se déroulent à la date prévue.
Pour sa part, le bloc du Futur a fait savoir hier qu’il exclut de nommer M. Mikati pour la formation du prochain gouvernement, pour la bonne raison que ce dernier a affirmé lui-même qu’il était candidat aux législatives, ce qui le disqualifie pour la présidence du Conseil. Cette déclaration a été faite au retour d’Arabie saoudite d’uen délégation conduite par Fouad Siniora, qui y a recueilli l’avis de Saad Hariri. Cette prise de position a été communiquée par M. Siniora au chef de l’État.

 

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