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À La Une - Révolte

Les Arabes s’accordent, enfin, à armer l’opposition syrienne

Khatib prend le siège de la Syrie à la Ligue arabe ; Damas de plus en plus secouée par les violences.

Ahmad Moaz el-Khatib, chef de l’opposition, a pris place sous les applaudissements aux côtés des chefs d’État arabes à l’ouverture du sommet dans la salle où le drapeau de la révolution syrienne a remplacé celui de la République syrienne. AFP/HO

Les pays arabes ont proclamé leur droit d’armer la rébellion luttant contre le régime de Bachar el-Assad après lui avoir octroyé le siège de la Syrie à la Ligue arabe, lors d’un sommet d’un jour au Qatar.


Le chef démissionnaire de l’opposition, Ahmad Motaz el-Khatib, et le Premier ministre intérimaire, Ghassan Hitto, avaient pris place sous les applaudissements aux côtés des chefs d’État arabes à l’ouverture du sommet dans la salle où le drapeau de la révolution syrienne a remplacé celui de la République syrienne. Pour la presse officielle à Damas, l’octroi du siège de la Syrie, vacant depuis novembre 2011, à l’opposition est « un vol commis par l’émirat du Qatar (...) et par d’autres régimes arabes traîtres ». C’est le Qatar, principal bailleur de fonds de l’opposition, qui a fait pression pour l’octroyer à l’opposition. Ce pays est déjà accusé par le régime syrien d’armer les rebelles. Le site Internet de la Ligue arabe a par ailleurs été piraté par des partisans du régime syrien.

 

(Lire aussi : La guerre syrienne... sur la terre comme au Web)


M. Khatib a défendu devant les dirigeants arabes l’autonomie de l’opposition face aux ingérences extérieures. Il s’est ensuite livré à un plaidoyer passionné en faveur du peuple syrien « massacré depuis deux ans sous les yeux du monde entier ». Selon lui, il revient au « seul peuple syrien de choisir celui qui le dirigera et la manière dont il sera gouverné. Le peuple refuse tout mandat ». M. Khatib a aussi réclamé que l’opposition obtienne « le siège de la Syrie à l’ONU et dans les organisations internationales » et demandé « le gel des fonds que le régime a pillés à notre peuple », estimés par l’opposition à quelque 2 milliards de dollars.


Il a en outre demandé au secrétaire d’État américain John Kerry « l’extension vers le Nord syrien du bouclier antimissile Patriot » déployé en Turquie voisine. Mais la Maison-Blanche a indiqué que l’OTAN ne fournirait pas de Patriot pour protéger les bastions rebelles. M. Kerry rencontrera d’ailleurs aujourd’hui son homologue français Laurent Fabius, pour discuter de la crise syrienne.

Bagdad, Alger et... Beyrouth
Dans leur résolution finale, les pays arabes ont souligné qu’un règlement politique en Syrie, dévastée par deux ans de guerre, constituait « une priorité ». Mais ils ont ajouté que « chaque État membre a le droit d’apporter tous les moyens d’autodéfense y compris militaires pour soutenir la résistance du peuple syrien ». Seuls Bagdad et Alger ont exprimé leurs réserves et le Liban s’est distancié du texte, alors que les violences ne connaissent aucun répit sur les nombreux fronts en Syrie faisant comme tous les jours des dizaines de morts, selon une ONG syrienne.

 

(Lire aussi : La bombe Aoun : Les propos de Khatib à la Ligue sont « acceptables »...)


Les Arabes ont confirmé qu’ils octroyaient à la Coalition nationale de l’opposition le siège de la Syrie « à la Ligue arabe et dans ses organisations et conseils spécialisés jusqu’à l’organisation d’élections et la formation d’un gouvernement » dans ce pays. « Le soutien militaire ne veut pas dire exclure l’annulation d’une solution politique », a néanmoins déclaré le chef de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, lors d’une conférence de presse qui a suivi le sommet.


Le sommet a en outre appelé à la tenue d’une conférence internationale sur la reconstruction de la Syrie, à convoquer « dans le cadre des Nations unies » à une date à convenir ultérieurement, selon la déclaration finale.
Rappelons que dimanche, M. Khatib avait annoncé sa démission surprise, en disant vouloir protester contre l’inaction de la communauté internationale et en accusant des pays soutenant l’opposition « de tenter de contrôler la révolte ». Mais il a annoncé ensuite sa participation au sommet. Selon un opposant, Khaled el-Saleh, sa démission « n’a pas été acceptée » et « la plupart des membres de la Coalition souhaitent » qu’il reste, alors que l’opposition peine à unir ses rangs.


Outre le conflit syrien, le sommet a adopté une proposition du Qatar portant sur la création d’un fonds d’un milliard de dollars pour Jérusalem dont le quart serait à la charge du riche État gazier. Il a également adopté la proposition du Qatar de tenir au Caire un minisommet arabe pour sceller la réconciliation interpalestinienne entre le Fateh et le Hamas.


Dans la soirée, près de 70 opposants syriens ont adressé une lettre aux Arabes et à l’ONU pour afficher leur hostilité à une domination des Frères musulmans, sans toutefois les nommer, et à une tutelle « arabe et régionale » sur la révolution syrienne.

Damas et Baba Amr
Dans le même temps, sur le terrain en Syrie, un attentat à la voiture piégée a fait des morts et des blessés à Damas dans le quartier de Rukn el-Dine, dans le nord-est de la capitale syrienne, a rapporté la chaîne de télévision progouvenementale al-Ikhbaria. L’Observatoire syrien pour les droits de l’homme (OSDH) a indiqué de son côté que des civils et des militaires figuraient parmi les victimes de cette attaque menée près d’un entrepôt de l’armée. On ignore encore si l’explosion est due à une bombe ou à un tir de mortier.

 

(Reportage : A Alep, on vend son électroménager pour acheter à manger)


Les insurgés armés ont intensifié leurs attaques sur Damas au cours du week-end et les combats se rapprochent progressivement du centre de la ville. Des tirs de mortier ont par ailleurs touché deux écoles et les locaux de l’agence de presse SANA dans le cœur de la capitale, mardi, et un hôpital a été touché dans la vieille ville. Lundi, les rebelles avaient effectué plusieurs dizaines de tirs de mortier autour de la place des Omeyyades.


Les Nations unies ont décidé le retrait de la moitié de leurs employés après la chute d’un obus à proximité de l’hôtel dans lequel ils étaient logés.


Les troupes loyales au président syrien Bachar el-Assad ont de leur côté repris aux rebelles le quartier symbolique de Baba Amr à Homs. Selon l’OSDH, des militants antirégime ont retrouvé 13 cadavres calcinés dans un village proche de Homs. Ces derniers jours, « l’armée a utilisé des avions, des roquettes et des chars pour bombarder » Baba Amr, a souligné l’OSDH selon lequel les habitants qui avaient fui les combats ont trouvé leurs maisons en grande partie détruites à leur retour. La Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), un réseau de militants antirégime, a publié hier une vidéo amateur qui montre des rangées de bâtiments d’un quartier de Homs réduits à néant.


Ailleurs en Syrie, l’armée continuait de bombarder les villes de Daël, Jassem et Inkhel dans la province de Deraa, dans le sud du pays.
Les violences ont fait au moins 72 morts hier à travers le pays.


Sur le plan humanitaire, l’Algérie enverra 40 tonnes de produits de première nécessité au Croissant-Rouge syrien, dont un premier lot est parti lundi via le Liban pour la Syrie, a annoncé hier le ministère des Affaires étrangères algérien.

 

 

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