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Liban - Tribune

Conflit syrien : Une génération d’enfants au bord du gouffre

Le Liban est aujourd’hui confronté à un défi insurmontable. Une génération d’enfants, profondément touchée par le conflit syrien, risque d’être perdue. Les enfants syriens, palestiniens et libanais paient le coût le plus cher de ce conflit qui s’éternise.
Le conflit en Syrie a débuté il y a deux ans. Rien qu’au Liban, 500 000 enfants, jeunes victimes silencieuses, auront probablement besoin d’une assistance urgente. Ce pays accueille aujourd’hui le plus grand nombre de réfugiés fuyant les violences en Syrie. Des réfugiés avec lesquels les communautés d’accueil libanaises, dont la majorité vit dans des régions pauvres, ont généreusement partagé leurs ressources limitées, malgré un quotidien très difficile.
Ces enfants, qui ont fui leur pays dans une situation de grand dénuement pour avoir la vie sauve, n’ont souvent rien d’autre que les vêtements qu’ils portent sur eux. Nombre d’entre eux ont subi ou témoigné de formes de violence indicibles qui ont touché leurs parents, leurs voisins et leurs amis. De même, ils ont été exposés à des scènes de guerre traumatisantes qui ne peuvent que se répercuter négativement sur leur bien-être psychologique et social et sur leur développement, à la fois à court et à long terme.


Les enfants qui ont trouvé refuge au Liban vivent dans des conditions extrêmement dures. Déplacés, ils font face à l’insécurité et ne bénéficient que d’un accès limité, voire inexistant aux soins de santé, à l’eau potable, à l’hygiène ou à l’éducation. Autrement dit, ils manquent de tout. Les nouveaux « foyers » de ces enfants venus de Syrie se limitent à des pièces dans des bâtiments inachevés, des écoles abandonnées, des cabanes provisoires ou même des tentes. Vivant dans une grande promiscuité, les enfants sont exposés aux maladies et autres dangers. De plus, les ressources financières des réfugiés diminuent à mesure que la crise se poursuit. Parallèlement, les communautés d’accueil libanaises s’appauvrissent, elles aussi, après avoir complètement épuisé leurs propres économies.
Les images que nous voyons et les articles que nous lisons dépeignent un tableau sombre de la réalité : des enfants privés de leurs droits, marginalisés et faisant face au danger de l’exploitation. Depuis quelque temps, j’ai eu une entrevue avec une jeune fille de 10 ans, d’origine syrienne, qui est arrivée au Liban avec sa famille. Elle a perdu sa maison et ses amis. La fillette m’a montré son nouveau refuge, un abri de fortune bâti sur un terrain boueux, dans une agglomération densément peuplée. Quand je lui ai demandé ce qui lui tenait le plus à cœur, elle a répondu : « Retourner à l’école en Syrie et devenir pédiatre. »


Le désir d’apprendre reste fort. Mais comme bien d’autres, les parents de la fillette ne disposent pas des moyens nécessaires pour envoyer leurs enfants à l’école, les transports scolaires étant trop chers. L’éducation de cet enfant est de ce fait hypothéquée par le conflit. Plus ce dernier se poursuit en Syrie, plus les moyens de survie des réfugiés et des communautés d’accueil affectées diminuent. Les parents de la fillette seront peut-être contraints de marier leur enfant à un âge précoce, envisageant ainsi la seule solution viable pour lui offrir la sécurité. Non seulement cette dernière est aujourd’hui exposée à des risques sanitaires, mais elle doit faire face aux incidences et implications à long terme de ce conflit sur son avenir.
L’Unicef a particulièrement veillé à ce que les réfugiés les plus vulnérables et les enfants des communautés d’accueil libanaises soient enregistrés à l’école et vivent dans un environnement sûr et protecteur. Jusqu’à présent, plus de 17 720 enfants ont bénéficié d’un soutien leur permettant de s’inscrire à l’école et de recevoir du matériel éducatif de base. Mais cela demeure insuffisant.
Adhérant au principe de l’équité pour tous les enfants, l’Unicef soutient les enfants les plus marginalisés et les plus vulnérables, leurs familles et communautés, y compris les réfugiés syriens, les Palestiniens provenant de Syrie, les rapatriés libanais et notamment les enfants des communautés d’accueil libanaises les plus affectées.
Le défi du Liban consiste à mener une intervention humanitaire auprès des réfugiés dispersés aux quatre coins du pays. Les intervenants qui travaillent sur le terrain sont carrément dépassés par les besoins sans cesse grandissants de ces populations et n’arrivent plus à leur assurer les minima nécessaires. Les donateurs doivent pourtant tenir les engagements pris à la conférence internationale des donateurs pour la Syrie tenue au Koweït au début de cette année.
La communauté internationale doit aussi honorer tous ses engagements. Le financement est urgent et nécessaire pour répondre aux besoins essentiels et immédiats et renforcer la résistance et la survie des communautés et des institutions locales sur le terrain. Il faut aussi impérativement trouver une solution rapide, pour mettre fin à la violence qui constitue une violation des droits des enfants en Syrie et dans la région.
La priorité doit être accordée aux enfants. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre toute une génération d’enfants. Nous devons agir sur-le-champ.

Annamaria LAURINI
Représentante de l’Unicef au Liban

Le Liban est aujourd’hui confronté à un défi insurmontable. Une génération d’enfants, profondément touchée par le conflit syrien, risque d’être perdue. Les enfants syriens, palestiniens et libanais paient le coût le plus cher de ce conflit qui s’éternise.Le conflit en Syrie a débuté il y a deux ans. Rien qu’au Liban, 500 000 enfants, jeunes victimes silencieuses, auront...

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