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Liban - L’éclairage

« Dissociation » libanaise, désintégration syrienne

La crise syrienne est-elle entrée dans sa phase finale ? Selon les milieux loyalistes au régime d’Assad, le pouvoir serait sur le point de remporter la bataille finale en attirant les révolutionnaires dans le guet-apens de Damas pour mieux les abattre... Un « optimisme » béat qui est démenti par les témoignages de citoyens syriens en provenance de Damas, et selon qui le régime n’en finit pas de perdre du terrain et concède jour après jour ses positions fondamentales dans la capitale. Selon ces témoins, la ville n’est déjà plus la même durant la nuit, et les combats se rapprochent de plus en plus du siège des principales institutions, notamment le palais présidentiel...


Selon des informations en provenance de capitales arabes et occidentales, la crise syrienne est bien dans sa dernière ligne droite. Les combats font rage dans la capitale, à Alep et dans les différentes villes et régions du pays. Les révolutionnaires ont réussi à établir leur contrôle sur les zones situées tout au long des frontières avec la Turquie et la Jordanie. La frontière avec le Liban, elle, continue d’échapper à l’Armée syrienne libre. Les chabbiha tentent d’empêcher coûte que coûte cette zone hautement stratégique de tomber entre les mains des révolutionnaires, notamment pour empêcher toute jonction potentielle entre l’Armée syrienne libre et les régions sunnites pro-14 Mars. C’est pourquoi les régions de Ersal, Qaa, Akkar et Wadi Khaled restent des foyers d’instabilité, toujours dans le collimateur du régime syrien.


Selon certaines informations, l’escalade militaire en Syrie devrait s’accompagner de développements politiques importants : des contacts intensifs ont lieu entre des responsables arabes et occidentaux pour trouver la meilleure sortie de crise possible et mettre ainsi fin au carnage. Les affrontements ne servent plus à rien : le régime a échoué dans son option militaire et a perdu sa suprématie sur le terrain. Il ne peut plus espérer annihiler les révolutionnaires et brider la volonté du peuple syrien à la liberté et la démocratie.


Des négociations en cours loin des feux des projecteurs menées par certains pays arabes et occidentaux auraient déjà considérablement progressé en vue de parvenir à une solution pacifique pour mettre fin aux combats. Plusieurs solutions sont à l’étude afin d’aboutir à un accord entre les grandes puissances maintenant qu’il s’avère possible de dégager un consensus. La question qui se pose actuellement est la suivante : Bachar el-Assad doit-il achever son mandat présidentiel en 2014 ou bien quitter le pouvoir illico presto? L’opposition à l’étranger refuse le dialogue tant qu’Assad est encore en place, de même qu’elle refuse de discuter avec tout gouvernement qui serait formé par les opposants de l’intérieur si Assad reste aux rênes du pouvoir. Un pôle du 8 Mars affirme ainsi que la décision a été prise, au plan international, d’en finir avec Assad.


C’est dans ce contexte que le président de la République, Michel Sleiman, le Premier ministre, Nagib Mikati, et le président de la Chambre, Nabih Berry, n’ont de cesse d’appeler les parties politiques libanaises à respecter concrètement la politique de distanciation du Liban vis-à-vis de la crise syrienne, afin d’épargner d’éventuelles répercussions de cette dernière sur la scène libanaise. Le Liban tient à mettre en évidence sa neutralité, ce que proclamait la déclaration de Baabda, qui avait obtenu l’aval de l’ensemble des participants à la table de dialogue. Mais, souligne un ministre, la pratique n’a pas suivi. Cependant, l’un des députés du 14 Mars fait remarquer que le Hezbollah, composante essentielle du gouvernement Mikati, devrait commencer lui-même par appliquer la politique de distanciation avant de demander à l’opposition de ne pas soutenir la révolution syrienne – d’autant que cette dernière s’inscrit dans la continuité naturelle de la révolution du Cèdre et du combat mené par feu Samir Kassir.


C’est d’ailleurs parce que le Hezbollah s’est embourbé dans les marais de la crise syrienne sous le prétexte de la « lutte jihadiste » que le 8 Mars s’acharne autant sur le député Okab Sakr, dont il cherche à gonfler l’affaire pour cacher son propre malaise. Les ministres du Hezbollah, du Parti syrien national social et du mouvement Amal ont exprimé le souhait de voir lever l’immunité parlementaire du député Sakr, afin qu’il soit ensuite traduit en justice. Les ministres joumblattistes ont aussitôt fait obstacle à cette demande, souhaitant que les mêmes critères soient appliqués pour tout le monde, surtout que le secrétaire général du Hezbollah a lui-même reconnu l’implication de son parti dans les combats en Syrie au côté du régime. Dans les rangs des députés du 14 Mars, on ne se laisse pas impressionner par la manœuvre du Hezbollah. Si Okab Sakr est déféré devant les tribunaux, les responsables du Hezbollah, y compris Hassan Nasrallah lui-même, devraient l’être aussi, sur base des mêmes accusations. Par ailleurs, de Syrie en Israël, sur tous les fronts, du drone Ayoub aux militants jihadistes, le Hezbollah multiplie les violations de la déclaration de Baabda, souligne l’opposition. Pourquoi alors cet acharnement sur le député Sakr ?


Dans le même ordre d’idées, il pourrait bien s’avérer que les Libanais tués à Tall Kalakh aient été attirés dans un guet-apens tendu par un ancien détenu de Fateh el-Islam évadé de Roumieh. L’objectif étant, une fois de plus, de piéger des Libanais pour que Tripoli flambe de nouveau, dans l’espoir d’étendre les troubles de Syrie au Liban et de provoquer, partant, une discorde confessionnelle généralisée au pays du Cèdre. En attendant la fin prochaine de la crise syrienne, les Libanais feraient bien mieux de retenir leur souffle.

 

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