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À La Une - Rentrée littéraire

Jérôme Ferrari sacré par le prestigieux prix Goncourt

Jérôme Ferrari a été couronné hier par le prestigieux prix Goncourt pour son roman « Le Sermon sur la chute de Rome » (Actes Sud), qui fait d’un bar corse l’épicentre d’une fable superbe sur les espérances déçues, les frustrations et l’inéluctable fugacité des mondes.

À l’issue d’une délibération très serrée, Ferrari a été préféré au jeune Suisse Joël Dicker, 28 ans (La Vérité sur l’affaire Harry Quebert ), à Linda Lê (Lame de fond) et Patrick Deville (Peste et choléra) par les jurés de ce célèbre prix qui garantit au livre-lauréat des ventes à six chiffres.
«La délibération a été franche, partagée, longtemps argumentée, rien n’était joué», a commenté l’un des jurés, Régis Debray.


Jérôme Ferrari a affirmé avoir ressenti en apprenant la nouvelle «une chute de tension qu’on peut considérer comme une définition correcte de la joie».
«Bien sûr que c’est une consécration», a-t-il ajouté, confessant se sentir «un peu comme un lapin dans les phares» alors qu’il était photographié et filmé de toutes parts.
L’attribution du prix Goncourt à un écrivain corse, originaire de Sartène, a été accueillie avec joie et émotion dans les milieux littéraire et académique insulaires.


«C’est exceptionnel! C’est un acte fondateur pour la Corse, comme le fut, dans le domaine sportif, la participation de Bastia à la finale de la Coupe d’Europe de football en 1978 », a estimé le libraire bastiais Sébastien Bonifay.
Né en 1968 à Paris, Jérôme Ferrari est professeur de philosophie et conseiller pédagogique au Lycée français d’Abou Dhabi depuis la rentrée, après avoir enseigné au Lycée international d’Alger puis au lycée Fesch d’Ajaccio.
Plus encore que dans ses précédents romans, Dans le secret (2007), Balco Atlantico (2008), Un dieu, un animal (2009) ou encore Où j’ai laissé mon âme (2010), Prix roman France Télévisions, le quadragénaire envoûte par la beauté de son écriture, imprégnée du souffle des sermons antiques et terriblement moderne.

 

(Lire aussi : Des philosophes au comptoir l'article de Jabbour Douaihy dans L'Orient Littéraire)


Le fameux sermon de saint Augustin a été prononcé en 410, dans la cathédrale disparue d’Hippone, devant des fidèles désemparés après le sac de Rome. Augustin les rassure: «Le monde est comme un homme: il naît, il grandit, il meurt.»


Ce seul passage et les têtes de chapitre du roman sont extraits du Sermon.
Le livre emporte le lecteur dans la montagne corse. Un vieil habitant, Marcel Antonetti, est rentré au village ruminer ses échecs. À la surprise générale, son petit-fils Matthieu renonce à de brillantes études de philo pour y devenir patron du bar du village avec son ami d’enfance, Libero.
Leur ambition? Transformer ce modeste troquet en «meilleur des mondes possible». Mais l’utopie vire au cauchemar. C’est l’enfer qui s’invite au comptoir. Les ex-apprentis philosophes sont frappés par la malédiction qui condamne les hommes à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient.


Le romancier a mûri pendant six ans cet ouvrage vendu jusqu’ici à près de 90000 exemplaires.
«La Corse est mon milieu naturel de fiction littéraire», a-t-il confié à l’AFP, en racontant s’être enflammé à 20 ans pour le nationalisme et avoir été rédacteur dans un journal indépendantiste. Il est aussi traducteur du corse.
«J’ai d’abord écrit des bribes d’histoires. Le titre a été le déclic, et le sermon la clé de voûte du roman». Dans ce livre, «se retrouvent plusieurs figures d’un même mécanisme qui s’applique aux empires, au bar d’un village et au cœur des hommes».


Jérôme Ferrari, père d’une petite fille de 4 ans, se défend de tout pessimisme. «C’est le paradoxe de ce roman, produire de la vitalité avec des choses déprimantes.»
«S’il y a quelque chose de contemporain dans ce roman, dit-il, c’est que beaucoup ont l’impression aujourd’hui d’un monde qui s’effondre.»

 

 

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