Le pianiste fait son entrée sur scène tout de blanc vêtu, accompagné d’un saxophoniste (chemise hawaïenne et souffle divin) d’un batteur, d’une basse et de Houry Dora Apartian au micro. Sa première composition se nomme 6th floor et il explique les raisons du titre. La seconde, Rue du musée, aura elle aussi droit à un développement sur l’intitulé. Philippe el-Hage prend plaisir à être sur scène, cela crève les yeux mais pas les tympans. Sa bonne humeur est contagieuse même pour un public peu réceptif de premier abord. Les doigts du pianiste caressent, giflent, effleurent et dansent sur les touches noires et blanches. Il est inspiré et cela s’entend. Parfois plus orientales que jazz, ses compositions emportent l’auditeur. On se laisse aller au son d’un saxophoniste prodigieux qui insuffle aux notes de musique une touche de vie éclaboussante. On accompagne comme on peut cette chanteuse, plus vocaliste qu’autre chose, qui dans ses onomatopées respire plus de sentiments que dans des milliers de mots.
Le quintette et Apartian sont complices, parlent trois langues dans la même phrase, éclatent de rire et du coup invitent le public à partager un moment d’intimité dans leur voyage musical. Les Libanais s’esclament, poussant des « oh » et des « ah ». Les deux micros remercient et se permettent même un « toobrouneh» tellement local mais tellement touchant. Le batteur essuie magistralement ses cymbales de baguettes dans les fins de chansons pour rendre au lieu son silence. Et les souks sont conquis.
Mais ce qu’il y avait de plus agréable encore provenait du fait que l’on se sentait dans un studio avec des musiciens qui « jament » et se lâchent dans une osmose totale. Des free-styles qu’on sent parfois désordonnés mais source de pur génie. Ils étaient là pour passer du bon temps. Et finalement, ils ont offert à une poignée de spectateurs une soirée délicieuse.
Le jazz peut donc être oriental aussi. Et quel bon jazz que celui de ce Libanais.
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