Dîner au Petit Café est une expérience pour le moins particulière. Jamais un endroit n'a aussi mal porté son nom. Car au Petit Café, tout est grand. Voir très grand : la salle, la terrasse, les baies vitrées, les hauteurs sous-plafonds, les lustres, le nombre d'écrans de télévision et le nombre de serveurs.
Petit Café, qui peut difficilement devenir (plus) grand, n'y va pas de main morte dans la décoration : marbre au sol, boiseries au plafond, moulures sur les murs, large bar au fond de la salle.
Nous sommes accueillis par des cocotiers à l'entrée du restaurant. Et une hôtesse qui nous donne le choix entre la terrasse et l'intérieur. À peine assis, la première question fuse : « Bedkon tchaychou ? » (libanisme, signifiant l'action de fumer le narguilé qui peut se traduire par « voulez-vous un narguilé ? »). Celle-ci semble être l'activité principale du lieu. Le serveur nous propose plusieurs parfums : les classiques pomme ou raisin, mais aussi citron, menthe ou rose. « Certains clients amènent le tabac parfumé avec eux, au bubble-gum par exemple », nous explique le serveur. Ces multiples parfums de narguilé, dont les effluves se mélangent aux odeurs de cigares et de cigarettes, font fuir tous les non-fumeurs et nous font oublier, l'espace d'un instant, que Petit Café est aussi un restaurant.
La carte est très variée et propose tout (et n'importe quoi) : des sandwiches, des burgers, des pâtes, des pizzas, des plats du jour, jusqu'au « lebanese corner » (dans le texte) qui jongle avec les langues proposant des « cold mezza » et des « mezza sokhn », ainsi que des « mouajanet », des « mashawi » et des plats du « fern w saj ». Une section « kids menu » est même proposée à ceux qui auraient envie d'enfumer vivants leurs enfants (sic).
Les portions sont généreuses. Les « rikakat jebneh » sont grillées et sont « meilleures que frites », selon le serveur. Elles sont effectivement bonnes et légères. Les « hommos » et « motabal », présentés en 3 petites pyramides, sont corrects. Ce n'est pas le cas de la « grilled halloumi salad » qui nage dans une sauce vinaigrette. Le « Petit Café Appetizers Delight » mélange des fritures, rouleaux de printemps, crevettes et crabes panés. Le fort goût synthétique de ces dernières n'est ni bon ni à recommander.
L'hôtesse, qui s'est transformée en directrice, est aussi haute en couleur que l'endroit. Elle distribue les ordres et les instructions à une armée de serveurs du haut de ses talons aiguilles. Mais rien n'y fait, le service est mauvais : les cendriers restent pleins, les desserts sont posés à table avant même qu'elle ne soit débarrassée des plats principaux ; un des serveurs, visiblement trop pressé, renverse au passage la sauce soya sur la table et ne prend pas la peine de nettoyer.
L'addition arrive. Le rapport qualité/prix est plus que moyen.
Nous quittons Petit Café alors que le restaurant commence à se remplir de joueurs de cartes et de backgammon qui n'ont visiblement pas de temps à perdre et qui commandent leur narguilé « maassal » avant même de s'asseoir à leurs tables.
Nous prenons enfin un grand bol d'oxygène en attendant notre voiture à l'extérieur. Mais les effluves des pipes à eau sont remplacés par des nuages de poussière de la rue en chantier.
E-mail :
michelinezok@hotmail.com
Adresse Antélias
Capacité 250 personnes
Prix moyen 60 000 LL
Qualité de la nourriture **
Rapport qualité/prix **
Ambiance ***
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