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Liban - Pause verte

La lourde facture des années de cigale

Il nous aura fallu environ deux cents ans pour épuiser (ou presque) les ressources naturelles de notre planète, après une présence humaine relativement brève sur terre. Bien des espèces en voie d'extinction ou éteintes auront vécu plus longtemps que nous, mais cela ne les aura pas protégées pour autant.
Peut-être que le changement climatique qui résulte du réchauffement global, dû en grande partie aux activités humaines, est l'exemple le plus frappant de ce disfonctionnement que nous vivons actuellement. C'est aussi le sujet du jour, dans l'attente du sommet mondial de Copenhague qui devrait tracer le chemin à suivre pour la lutte contre les conséquences du changement climatique, à la lumière des mises en garde de plus en plus alarmistes des scientifiques. Attend-on trop de Copenhague, le « sommet de la dernière chance », comme l'appellent déjà certains ?
Or les réunions internationales en prévision du sommet s'enchaînent sans gommer les divergences entre les pays, comme vient de le montrer très récemment la réunion de Bonn. Le fossé qui sépare encore l'intérêt des pays et le sort de l'humanité reste trop important. Personne ne veut voir adopter un texte qui nuirait, de son point de vue, à son pays. Certains de ceux qui participent à ces réunions décrivent une atmosphère où règne encore la méfiance entre les délégations, sachant que les décisions doivent être prises à l'unanimité.
Si les intérêts des pays continuent de primer, il ne serait pas alors surprenant que les conditions climatiques extrêmes se multiplient, que le niveau de la mer s'élève de un à... sept mètres, comme le craignent les scientifiques, que ceux qu'on appelle déjà les « réfugiés climatiques » viennent grossir les rangs de populations excédées... Dans quel monde vivrons-nous alors ?
Il est vrai que tout est relatif : pour une nation insulaire comme les Maldives, une augmentation de 1,5 degré de la température de la Terre est à la limite de la catastrophe, alors que d'autres pays, parmi les plus froids, ne seraient pas forcément lésés par une augmentation de deux degrés. Or la disparition des Maldives ne serait une bonne nouvelle pour personne. Qui peut dire jusqu'où ira le disfonctionnement climatique et qui peut le contrôler ?
Pour ce qui est des pays arabes, c'est toujours la même histoire. Un désintérêt qui frôle l'inconscience. Preuve en est, le congrès organisé cette semaine par un rassemblement d'ONG arabes à Beyrouth, pour tenter d'élaborer une vision commune dans la perspective de Copenhague. De nombreux représentants officiels de pays arabes ont été conviés, ont accepté l'invitation, mais ont décommandé à la dernière minute. Seuls deux étaient présents : les négociateurs syrien et saoudien, ce dernier venu surtout expliquer la position de son pays, souvent accusé de freiner les négociations par peur de perdre ses avantages pétroliers. Les autres, à quelques exceptions près, brillent par leur absence, dans ce congrès comme dans les négociations. Est-ce par faiblesse, intérêt politique, indifférence ou paresse ?
Y a-t-il encore de la place pour la paresse dans ce monde ? Que ce soit dans les pays arabes ou ailleurs, personne ne semble pressé de changer un mode de vie confortable, même s'il est nuisible. On parle d'urgence, mais on agit peu en conséquence.
Or en prévision des catastrophes annoncées, on se rend soudain compte d'une réalité qui est loin d'être rassurante : l'humanité, si frileuse pour adopter des mesures contraignantes mais nécessaires, n'a, en fait, même pas encore commencé à payer pour ses années de cigale. Elle entame seulement la lecture de la facture. Une facture qui risque d'être lourde.

Il nous aura fallu environ deux cents ans pour épuiser (ou presque) les ressources naturelles de notre planète, après une présence humaine relativement brève sur terre. Bien des espèces en voie d'extinction ou éteintes auront vécu plus longtemps que nous, mais cela ne les aura pas protégées pour autant. Peut-être que le...
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